L'inconvénient lorsque l'on vit sur un bateau de croisière luxueux, énorme et remplie de monde, c'est que l'on finit forcément par en faire le tour, par y connaitre tous les visages, et qu'au final, arrive toujours le moment fatidique ou l'on se fait terriblement chier. C'était présentement mon cas. J'étais passé du côté de la boutique de mon amie Alaska plus tôt dans l'après midi, j'y avais acheté une bricole pour ma petite amie, mais que me restait-il à faire ensuite? Pas grand-chose à vrai dire. Il était bien trop tôt pour me rendre au bar de mon pote Shane, je me voyais plutôt mal commander un verre de whisky à deux heures de l’après midi, c’était surement le quotidien de certains mais très peu pour moi. Armé de mon appareil photo, ce que j'avais comme objet de plus chère à bord, je partais donc faire un tour sur le pont, mais ne m'y attardais pas, je n'avais pas vraiment le choix puisque mère nature avait décidé de faire des siennes aujourd'hui et la météo était absolument exécrable. Il ne pleuvait pas à torrent, certes, mais l'air était humide, il pleuvinait depuis quelques heures déjà et un vent assez violent soufflait, ce à quoi nous étions tous peu habitués depuis notre encrage dans le port d'Alexandrie. [Ah...Les lumières du port d'Alexandrie...Font naufrager, les papillons de ma jeunesse. Non non je sais pas pourquoi j'ai dis ça moi.] Après avoir effectué quelques clichés du port et du village attenant sous cette brume peu commode, je décidais de rentrer dans la partie couverte du bateau, le pont était à l'instant quasiment désert. Une fois à l'abri de l'humidité, je m'emparait de mon portable, loin d'être le dernier modèle d'i-phone, blackberry ou je ne sais quoi, très peu pour moi, mon portable vieux de deux ans me convenait très bien. Je composais alors le numéro de ma meilleure amie, Kathalina Evans, depuis le temps que nous nous connaissions j'avais assimilé son numéro, et avais appris à la connaitre comme personne. A tel point que je devinais même dans quel endroit elle se trouvait en ce moment même lorsque, après seulement la troisième sonnerie la blondinette refusât mon appel. En effet, Kathalina était une de ces accro à la technologie, dans toutes ses formes: facebook, mac, twitter, ipad, elle était incapable de vivre sans, et passait son temps scotchée au téléphone, ce qui m'amusais beaucoup il est vrai... Il n'y avais donc qu'une seule raison pour que ma meilleure amie rejette un appel, surtout venant de moi: elle se trouvait sans le moindre doute dans la bibliothèque. Je décidais donc de m'y rendre lentement mais surement, quitte à perdre son temps, autant le faire en compagnie de ma charmante meilleure amie non?
J'entrais donc dans l'impressionnante bibliothèque, impressionnante non par seulement par sa taille mais aussi par son contenu varié pour un endroit se trouvant sur un bateau qui n'est pas initialement fait pour accueillir ce genre d'instalation. Je prenais soin de faire le moins de bruit possible, je détestais déranger les gens, un de nos non-communs avec Kathalina. En parlant du loup, je repérais bien vite la blondinette rayonnante et souriante parmi tous ces étudiants plus repoussants et au look de l'emploi les uns que les autres. Par look de l'emploi, j'entends bien évidemment celui de premier de la classe, avec la panoplie complète du parfait petit intello: lunettes rondes, cheveux gras et boutons partout sur le visage, au point d'en faire pâlir leur calculette. Je me dirigeais sans aucun bruit vers le rayonnage qui se trouvait juste derrière la table ou s'était installée Kathalina, qui avait l'air d'être terriblement concentrée sur le travail de recherche qu'elle effectuait, à mon grand étonnement. La concentration n'était en effet pas vraiment son fort...Je commençais à la prendre en photo, entre deux bouquins, la rendu était absolument surprenant, et les rayons de lumière qui filtraient par les hublots de la pièce arrivaient juste sur son visage et faisaient ressortir ses cheveux blonds, magnifiques. Mais déjà, le bruit de mon flash m'avait fait repérer, et ma meilleure amie m'interpellait, d'une façon des plus...Kathalinasante dirais-je.

J'en profitais pour m'approcher de sa table, me postais devant la jolie blonde et appuyais une nouvelle fois sur l'enclancheur, voilà qui ferait un cliché tout à fait intéressant. Kathalina se mettant faussement en colère, tout à fait fréquent me concernant en fait...

Je lui adressais l'un de mes plus beau sourire, et lui déposais un léger et tendre bisous son la joue, avant de m'installer sur la chaine qui se trouvait à côté de la sienne. Ce sourire, Kathalina me charrie pas mal à ce propos, elle ne cesse de me répéter d'arrêter de jouer aux charmeurs, mais ce n'est absolument pas mon but, il est juste rare que je fasse la tête, que je sois triste ou que quelque chose me chiffonne, par conséquent, je souris. Plutôt banale comme réaction non? Et bien selon ma meilleure amie, pas lorsque l'on possède "un regard et un sourire de beau gosse".

Alors que j'adressais l'un de mes plus beaux sourires à l'égard de la meilleure amie, celle-ci me répondit d'une manière tout à fait singulière, qui lui était propre à vrai dire, elle me tira la langue, comme le ferait une enfant en colère. Certains trouveraient ça ridicule, d'autres encore penseraient que c'est juste enfantin, moi je trouvais ça juste adorable et drôle venant de Kathalina. La blondinette pouvait se révéler tout à fait charmante lorsqu'elle jouait à la femme-enfant, elle ne se prenait pas au sérieux, c'est ce que j'appréciai chez elle. Du moins, en ma compagnie elle ne se prenait pas au sérieux, parce que vis à vis du reste de la population ce n'était pas le même topo croyez-moi...Je comprenais tout à fait pourquoi Kathalina pouvait insupporter certaines personnes, et pourquoi quelques uns des passagers du Royal Majestic avaient fait de ma meilleure amie leur pire ennemie...Mais à mes yeux, les nombreuses qualités de Kathalina en venaient à effacer tous ses petits défauts, ses traits de caractère qui pourraient déranger...J'avais accepté Kath avec ses qualités et ses défauts, et ne le regrettai pas une seconde, aujourd'hui elle faisait partie intégrante de ma vie, et je tenais à elle comme s'il s'agissait d'un membre de ma famille, ce qui était d'ailleurs tout à fait surprenant, car je n'étais pas du genre à laisser entrer une personne aussi facilement dans ma vie, je veux dire, je n'ai jamais été un garçon très ouvert, sociable ou autre. Mon grand frère Justin par exemple, a toujours été plus populaire que moi, plus sociable que moi, lorsque nous étions enfants tout le monde voulait être inviter à son anniversaire, alors que je n'ai jamais osé organiser aucune fête de peur que personne n'y vienne...Non, je ne m'apitorai pas sur mon sort plus longtemps, rien ne sert de ressasser de vieux souvenirs, et on ne peux pas non plus dire que j'ai vécu une enfance des plus difficiles, loin de là, ma solitude était un choix, choix que j'ai toujours et continue d'assumer...

La réaction de Kathalina ne se fit pas attendre à ma remarque sanglante, ma meilleure amie m'envoyât un coup de point en plein dans mon épaule, qui heureusement pour moi était assez musclée pour résister au choc de ce coup d'une violence titanesque lancé par Blondie...Ah humour quand tu nous tient! Pour lui faire plaisir, je fis tout de même semblant d'avoir mal, je savais pourtant pertinemment qu'elle n'y croirait pas une seconde, je me mis donc malgré moi à rire à ses dépends. Elle était comme ça Kath. Ma meilleure amie. Spontanée et violente, et ça ne la rendait que plus irrésistible.

J'interrogeais ma meilleure amie du regard, haussant l'un de mes sourcils, mais Kathalina ne semblait pas décidé à me répondre, ni même à chercher un tant soit peu une réponse . Je me résignais alors et lâchais de but en blanc:

Je riais de ma propre blague, comme d'habitude, et tentais de voir si j'avais réussi à extirper un micro sourire de la bouche de Kathalina, ce qui était d'habitude chose facile. La jeune blondinette commençât alors à me fixer droit dans les yeux, ce dont j'avais l'habitude, nos petits combats de regards comme celui-ci étaient devenus chose courante entre nous. Généralement, Kathalina employait ce genre de méthode pour faire fuir les autres, ou pour les faire taire, le résultat étant immédiat: les autres baissaient les yeux, et Kath avait gagné. C'était toujours ainsi à vrai dire, elle adorait avoir le dernier mot, ou le dernier regard ;) Sauf qu'entre elle et moi, c'était différent, et qu'elle savait bien que j'étais beaucoup plus patient qu'elle, à ce jeu là, elle perdrait toujours avec moi. Après quelques vaines tentatives de me faire baisser les yeux avant qu'elle ne s'y résoude elle-même, Kathalina avait comprit qu'elle ne serait jamais assez patiente pour réussir à me faire craquer...Et une fois de plus, c'est agacée qu'elle détournât la tête d'un geste brusque, levant les yeux au ciel elle s'écriât:

Je riais. Encore. Et bêtement. C'était l'un des effets que ma meilleure amie avait sur moi, entre autres: elle me faisait tellement rire. Ses petites mimiques, les pics qu'elle me lançait, cette façon qu'elle avait d'envoyer balader tout le monde, ces choses qui pouvaient agacer les autres me rendaient fou d'elle. Ne vous méprenez pas, fou de mon amitié avec Kathalina. Oui j'étais fou d'elle, de nous, et de ce que j'étais lorsque je me trouvais avec elle. Cette amitié me consternait, dans d'autres circonstances j'aurai surement hait le genre de personne qu'était Kathalina, et pourtant voilà qu'elle se trouvait être ma meilleure amie...
Bref, dans le même temps, je ne prenais pas la peine de répondre à la remarque de Kathalina. Je savais que ce n'était pas sérieux, comment un garçon aussi charmant et adorable que moi pourrai l'énerver? Merci mes chevilles vont très bien. Ma meilleure amie avait d'ailleurs détourné le regard vers la fenêtre et observais d'un air pensif le pont du bateau, j'en profitais pour saisir mon appareil photo et prenais une fois de plus quelques clichés de Kathalina. Malheureusement je n'avais même pas le temps d'observer les photos que je venais de faire d'elle, car la blondinette choisis ce moment pour bondir de sa chaise et me sauter dessus, dans le but de me dérober mon chère appareil photo.

Ce qu'elle semblait avoir oublié est que je suis bien plus rapide qu'elle, et j'eus donc le temps de l'empêcher de s'emparer de mon Pentax. Manque de chance, en se jetant sur moi avec une telle rapidité, Kathalina avait provoqué le basculement de ma chaise en arrière, mais heureusement je la conservais dans un équilibre tel que nous ne pouvions chuter.

La charmante et aimable bibliothécaire, alertée par le vacarme qu'avait provoqué la chute de la chaise de Kathalina s'était dirigée jusqu'à notre table, et nous découvrit avec surprise tous les deux en équilibre. Je tournais alors la tête vers Kathalina d'un air interrogateur, elle me fit un clin d'œil, et je lâchais alors l'emprise que j'avais sur notre chaise, ce qui nous fit évidemment tomber à terre dans un vacarme monstre. Kathalina et moi explosions alors de rire sans retenue, la scène était, il fallait l'avouer, plutôt hilarante. Mais plutôt qu'aider ma meilleure amie à se relever, je m'emparais une fois de plus de mon appareil photo et pris un cliché de la bibliothécaire, puis de Kath elle même.