Old teenage hopes, are alive
...

(histoire, minimum 35 lignes)

employeur ▬ « surprenez-moi, racontez-moi votre expérience de vie. Alors comme ça, selon votre dossier, vous êtes née sous x ? »

Vous voulez une expérience de vie ? C'est pas ça qui manque. Alors oui je suis née sous x, je suppose que ma bâtarde de mère ne voulait pas d'une bâtarde de fille conçue lors d'une soirée trop arrosée avec un parfait inconnu. En fait, je n'en sais rien, mais c'est comme cela que je me l'imagine. Coincée sous l'autorité de ses parents catholiques, n'osant pas croquer la vie à belles dents. J'ai été immédiatement placée en orphelinat - catholique - ce qui me laisse à penser que ma mère en avait quand même quelque chose à foutre de moi. Je n'ai jamais connu mon père, et je n'en ai excessivement rien à faire. Je préfère avoir vécu avec les sœurs qu'avec un dictateur macho venu du fin fond de ton bled.

employeur ▬ « dans un pensionnat catholique ? Lequel ? »

En Alabama. J'y ai été internée dès ma naissance, enfin une semaine plus tard de je pense. C'était à cette époque plus une crèche qu'un véritable pensionnat pour mon cas, j'étais néanmoins l'un des seuls nourrissons à rester jours et nuits. Mais de cela je n'ai aucun souvenir. A partir de mes trois ans, cela devient plus précis, logique hein ? C'était ma première année en maternelle, et ces trois ans avec les bonnes sœurs m'avait inculqués une foi qui semblait à toute épreuve et une éducation exemplaire. C'est à se demander ce qui a bien pu se passer entre cette belle et ingénue époque et aujourd'hui, mais là n'est pas le sujet. Je n'avais toujours pas de famille, mais j'étais particulièrement attachée à Sœur Annabella, une afro-américaine, un ange de bonté et de douceur. Ma scolarité commençait plutôt bien, il faut dire que la maternelle est à portée de tout le monde. Mais je n'étais pas, et je ne serais jamais dotée d'une véritable intelligence. A vrai dire, la seule chose qui me sauvait, c'était mon don. Mes dons. On ne peut appeler ça autrement, mais je ne sais de qui je les ai hérités. Hormis ma véritable passion pour le chant et ma voix, j'ai un nez. Sinon, je ne viendrais pas vers vous. Petite, c'était plutôt un handicap, vous n'imaginez pas à quel point sentir les relents de couches et de gamins à des mètres était... Traumatisant. Mais c'est à cette époque que j'ai développé mon don, j'ai inventé, grâce aux fleurs blanches de soeurs, l'Elixir.

employeur ▬ « l'Elixir ? »

Oui. Une invention de génie, sans vouloir me vanter. Les Soeurs entrenaient un petit jardin et avec leur permission - j'étais sage à l'époque que voulez-vous - je suis allée y cueillir des fleurs blanches. Une fois macérées, distillées et mélangées à de l'alcool, elle avaient une propriété extraordinaire : occulter toutes les odeurs. Je ne sentais plus rien, rien du tout. J'en faisais mon petit commerce, pour avoir mon propre argent, les soeurs ne pouvant pas m'en donner. J'avais treize ans. Seigneur, j'étais si pure à l'époque ! C'est là que j'ai réellement découvert, en dehors de ma passion pour le parfum, mon don si je puis me permettre de l'appeler ainsi. J'ai commencé à créer autant que je le pouvais, et je me suis fait une petite fortune, en vendant mes parfums à toutes ces poufiasses de week-endeuses...

employeur ▬ « les week-endeuses ? Étiez-vous populaire dans cet établissement ? »

Moi ? J'étais la petite garce de service, et étonnamment, tout le monde m'adorait, enfin sauf ces "week-endedeuses" qui cachaient leur animosité. On appelaient les gosses de riches comme ça, parce qu'ils rentraient chez eux le week-end, chez papa et maman pour se droguer durant les brunchs. Oh non nous n'envions pas leur vie ! J'étais à la tête d'une petite bande de fouteurs de merde - pardonnez moi l'expression mais il n'y a rien de plus approprié pour nous qualifier - et nous faisions les quatre cents coup sans jamais être soupçonnés. En général, les week-endeurs prenaient à notre place.

employeur ▬ « et vos études dans tout ça ? »

Je vous l'ai dit, je n'étais pas très assidue, voire même cancre, mais vous me recrutez pour mon nez pas pour mes capacités à effectuer la racine carrée de 25486. Enfin jusqu'au collège, ça allait très bien, le lycée un peu moins, et puis je n'ai pas passé mon baccalauréat.

employeur ▬ « pourquoi donc ? C'est extrêmement important ! »

Je suis morte.

employeur ▬ « pardon ? Mais vous êtes complètement folle ! »

Non je suis vraiment morte à 17 ans, avant de passer l'examen. C'était une soirée un peu trop arrosée avec des amis pas très frais non plus, je rentrais seule en voiture et... J'ai percuté un camion. Là j'ai perdu connaissance, je ne me souviens pas de la suite mais Anathéa me l'a racontée : je suis restée dans les débris de voiture. Tout le monde me croyait morte, avec un très faible espoir de vivre, sauf elle. Elle était ma meilleure amie, elle savait mieux que quiconque de quoi j'étais faite. J'ai repris mes esprits vers cinq heures du matin sans que personne, sauf elle, ne s'en rende compte, et elle m'a aidée à fuir. C'était une tâche aisée, nous n'avions qu'à prendre sa propre voiture et nous étions parties...

employeur ▬ « et ensuite ? Que s'est-il passé ? »

Un an, de la pure folie. Nous vivions d'amour et d'eau fraîche, et surtout de musique. Nous avons fait le tour du monde, rien ne nous gênant puisque j'étais déclarée morte, une sorte d'erreur judiciaire. Nous donnions des concerts tout les soirs, dans la rue, dans un bar ou même avec un peu de chance dans une salle de concert crasseuse. Mais nous étions heureuses. C'est le principal hein ? Et c'est là que j'ai commencé à perdre les pédales. J'étais droguée du matin au soir, complètement bourrée, et je vous passe les détails les moins reluisants. La routine s'installait, et je n'avais jamais aimé cela. Il arrive toujours un moment dans votre vie où vous vous demandez pourquoi vous êtes sur Terre, qu'est-ce que Dieu vous a demandé de faire. En gros, la crise existentielle. Elle est arrivée un peu tôt pour moi, à 18 ans j'étais déjà blasée de tout vous rendez-vous compte ? Cette vie était palpitante, mais j'avais du mal à suivre. J'étais complètement morte, on l'était tous en fait, une bande de potes défoncés qui se suivaient partout. Et, j'ai fait une overdose, il fallait s'y attendre.

employeur ▬ « et ? Ça n'est pas très reluisant mademoiselle. »

Et alors ? Je suis sobre, et puis vous ne m'engagez pas pour mon passé, estimez-vous heureux que je vous le raconte. Donc. J'ai vraiment failli y laisser ma peau, presque pire que lors de l'accident. Je sentais la douleur, elle irradiait chacun de mes membres, chaque parcelle de mon corps. Mais je ne pouvais pas bouger, j'étais réduite à l'immobilité, et même mon cerveau tournait au ralenti. J'en garde des séquelles, heureusement que mon caractère me permet de passer outre. Alors, j'ai tout quitté. Anathéa, cette vie de folie.. Tout. Je n'en voulais plus, j'avais peur. J'ai cessé de boire - quoique - et surtout de me droguer. Je suis partie à Paris, avec toutes les économies que j'avais, étudier le parfum, au début c'était magique. Je faisais ce que j'aimais, ce pourquoi j'étais née, je gagnais mon argent en chantant dans des bars - on ne change pas les vieilles habitudes. Mais, malgré mes rudiments de Français, ils ne m'aimaient pas. Les élèves, comme les professeurs. Pour mon talent ? Pour mon caractère ? Ma solitude ? Mon air "j'ai-vécu-pire-que-vous" ? Je m'en fous. Cinq ans d'étude, à Paris donc, et je n'en pouvais vraiment plus. Je n'étais pas vraiment remise de mon passé, il me hantait, j'avais besoin de renouveau, de jamais vécu. J'ai vu votre annonce, et me voilà. Le Royal Majestic, un bateau, pourquoi pas ? Je pourrais ce que j'aime, recommencer à zéro. A voir.

(histoire, minimum 10 lignes)


employeur ▬ « et bien... Il me semble qu'à ce stade de la discussion je peux prendre ma décision vous concernant mademoiselle... ? »

Alaska. Comme l'état. C'est moi qui me suis octroyé ce nom à l'âge de deux ans, Margaret très peu pour moi. Au début, les gens refusaient ce prénom, décrétant que je ne pouvais pas décider moi-même de ce genre de détails, mais au fil de l'eau, tout le monde l'a adopté. Je l'ai choisi en pointant sur un globe, j'avais choisi Tchad au début mais on m'avait dit que c'était masculin alors... Et en second prénom Hope, parce que ça sonne bien à l'oreille, et que sans espoir je serais vraiment... Morte. Bref, continuez.


employeur ▬ « mais, votre nom de famille mademoiselle ? »

Young. Original hein. Celui-là je ne l'ai pas choisi, mais je m'en fout aussi. Appelez-moi Alaska, comme tout le monde.


employeur ▬ « euh bien... Alaska. Donc, sans avoir trop réfléchi, j'accepte votre candidature pour représenter Penhaligon's sur le Royal Majestic. Vous aurez à votre disposition, pour satisfaire les plus riches clients, un atelier avec tout le matériel nécessaire, qui vu votre talent vous sera utile. Vous aurez une cabine en classe économique, et deux jours de repos par semaine. Je vous souhaite un excellent voyage, une dernière chose ? »

J'ai le mal de mer.

(caractère & physique, minimum 30 lignes)


soeur annnabella ▬ « alaska ? Dieu ait son âme. »

Ah je me souviens de la petite Alaska comme si c'était hier. et pourtant, il y a si longtemps... 25 ans, vous vous rendez compte ? Elle n'était qu'un petit bébé quand on l'a recueillie et maintenant... Dieu ait son âme ! Elle n'avait que 17 ans Seigneur, je la revois, avec son aura de cheveux blonds, son rire qui faisait vibrer l'établissement... Sa mort plane encore sur l'établissement, elle a laissé derrière elle un immense vide..; Cette enfant si pure, si douée ! J'entends encore sa voix dans les chœurs. Elle avait beaucoup de talent vous savez, sa voix était merveilleuse, la plus belle de l'établissement. Une bénédiction pour notre établissement !


anathéa ▬ « alaska ? Faut que je la retrouve. »

Alaska, c'est la fille que tu détestes mais que tu ne peux t'empêcher d'admirer, et d'aimer. C'est le fun et le sérieux, c'est le talent et le n'importe quoi. Un oxymore à elle toute seule. Une voix magnifique. Un nez d'exception. Une amie hors du commun. Elle est parfaite, il n'y a qu'elle qui se trouve sans intérêt, mais elle fait semblant d'avoir un égo sur dimensionné. Elle est comme ça, une vraie caille, une chieuse de première, mais elle passe devant vos yeux avec ses milles paillettes, et vous êtes aveuglé, vous ne pouvez plus voir le reste de votre monde. Elle me manque tant ! D'un côté, sans elle, vous brillez enfin à votre tour, elle ne peut plus vous atteindre de ses piques acérées. Aalska peut être vraiment méchante, au-delà de son humour caustique. Je ne la regrette pas tant.


yann ▬ « alaska ? Je l'aime. »

Je revois ses longs cheveux blonds, rayonnants, je revois ses grands yeux à la couleur indescriptible, oscillant entre le vert et l'or. J'entends encore sa voix digne d'une chanteuse de Broadway, son soprano légèrement nasillard. Elle était grande, élancée, ni trop maigre ni trop forte. Parfaite, oui parfaite à mes yeux. Aux de yeux de beaucoup, on la voulait tous pour nous !