Eh Ben punaise. Si l'on m'avait dit que la sortie familiale consisterait à rester deux heures avec mon père & ma mère, à les écouter parler et divaguer dans tous les sujets. Si seulement, je n'aurais jamais cru dire cela un jour, les cours avaient eu lieu toute la journée. En raison d'une sorte de réunion regroupant tous les profs, enfin presque, les cours n'avaient pas eu lieu la matinée. Je devais donc supporter mes parents qui avaient tenu à ce que l'on passe du temps tous ensemble. Mais cette sortie n'avait vraiment rien d'amusant et je commençais à m'ennuyer au plus haut point. Ils ne m'adressaient même pas une seule fois la parole. J'en pouvais plus, si bien, que lorsque nous arrivâmes à un croisement & que mes parents partirent à gauche, je partis à droite. Enfin débarrassée d'eux. Qu'est-ce qu'ils étaient pénibles à la fin. Heureusement, ils allaient bientôt partir du bateau & je resterais tranquillement toute seule sans eux. Un petit peu d'air ne me faisait vraiment pas de mal. Cette brise légère qui me caressait doucement la peau était tellement agréable, rafraichissante. Mes pas me menèrent vers ma chambre. Elle n'était pas très grande, ni incroyablement belle, mais j'appréciais son côté simple. Si bien sûr on oubliait tout le bazar qui l'accompagnait depuis un certain moment. Je partis vers la salle de bain & je me rinçais le visage. Ensuite, je me changeais. J'étouffais vraiment de chaud là. Après avoir enfilé mon vieux t-shirt AC/DC & mon jean slim noir, je ressortais de ma cabine. Je partis vers la cantine & je mangeais un bout avec des amis.

Une fois le déjeuner terminé, je sortie de la cafétéria. C'était le début de mes cours & je commençais avec mon cours de piano. C'était l'un de mes cours préférés. Il était assez reposant pour moi. A ce qu'il parait, nous avions une nouvelle prof qui venait d'arriver. Je me demandais si elle sera aussi stricte & rêche que la précédente. J'espérais que non, on ne prenait plus aucun plaisir à faire du piano avec elle. Lorsqu'elle parlait, j'avais cette bruxomanie qui me prenait et je commençais doucement à m'énerver. A plusieurs reprises, j'étais sortis du cours en pétant un câble, lui jetant à la figure toutes les feuilles que je trouvais sous mes mains. J'espérais que ça ce passerais mieux que cela avec la nouvelle. Sinon, les cours de piano deviendraient un enfer.

J'arrivais devant la salle. Quelques personnes étaient déjà installées. Certaines autres papotaient entre elles. En me voyant sur le seuil, les discutions prirent fins. Ça devait leur faire un choc de me voir là après ce temps d'absence. Ce silence commençait vraiment à devenir gênant. Heureusement, l'une de mes amies me dit de venir les rejoindre, ce que je m'empressais de faire. « Alors Calypso, ça faisait un moment que l’on ne t’avait pas vu, tu te décide enfin à reprendre les cours ? » C'était la voix de l'une des fille présente dans la salle. Mais je n'avais pas envie de lui répondre, elle faisait partie du groupe Gold, & elle se croyait la meilleure de toute la classe. Elle avait un vrai don pour m'agacer alors je décidais de l'ignorer. Quelques minutes plus tard, la classe était au complet & la prof arriva enfin dans la salle. Je pense que je devais vraiment avoir l'air surprise car, l'une des filles à mes côtés me demanda si j'allais bien. Je dois dire que je ne savais pas vraiment. Je connaissais la nouvelle prof, c'était d'elle que je tenais toutes mes bases au piano. Je ne m'attendais vraiment pas à la retrouver ici. & encore moins de la ré-avoir comme prof. Sans même crier gare, je m'exprimais à voix haute: « Ça pour une surprise ! Ça faisait un bout de temps n'est-ce pas? » J'avais devant moi Anathéa, ma première prof de piano & une fille avec qui j'avais adoré chantée plus jeune. J'étais assez contente que ce soit elle notre nouvelle prof & non une vieille ronchonne...

Je m'étais enfin décidée à changer de boulot. Toujours dans le domaine de la musique, bien sûr ; je ne risquais pas d'abandonner ma passion de sitôt. Non. J'en avais juste eu assez de donner des cours privés à des gamins de onze ans bourrés de thune et avec aucun talent... Ce travail m'avait plu pendant ces quelques mois sur le Royal Majestic, et m'avait tout de même garanti de quoi vivre assez facilement, mais ça ne me suffisait pas. J'avais besoin de nouvelles expériences, en ce moment. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a fait avoir envie de changement, je savais juste que je ne pouvais plus supporter un seul de ces cours. Surtout avec le dernier fils-à-papa qu'on m'avait assigné, particulièrement insupportable. Coup de bol, je n'avais pas eu à beaucoup chercher, pour un nouveau job : en effet, une vieille prof de piano à l'université du paquebot venait de prendre la retraite... et ils avaient besoin de quelqu'un pour la remplacer ; j'ai été flattée que ce soit moi qu'ils contactent. Je n'avais pas vraiment hésité, j'espérai que des jeunes de l'uni seraient plus matures que ceux à qui j'avais l'habitude d'enseigner. Mais j'étais certaine qu'il n'y aurait pas de problème, avec de jeunes adultes comme ceux-là. Surtout que je connaissais vaguement leur ancienne prof, celle qui avait pris sa retraite, et je peux garantir que c'était vraiment une vieille pouf... Au moins, les élèves espéraient juste avoir une enseignante un minimum plus sympa que celle d'avant.

Le jour de mon premier cours, je fus un peu prise par le stress. Je ne savais pas vraiment quel look choisir. Vieille prof sévère mais sympa ? Non merci. Femme d'affaires ? Très peu pour moi. Pin-up sexy ? Muahaha. Non plus. J'optai pour un slim noir et une chemise blanche, puis je me regardai dans le petit miroir de ma cabine. Pas trop mal. Pas encore satisfaite, j'attachai mes cheveux en une queue de cheval haute et enfilai mes talons vertigineux noirs préférés. C'était bien mieux comme ça. Un sourire aux lèvres, je pris les partitions que j'avais pris soin d'imprimer le soir précédent, les fourrai dans mon tout nouveau sac brun et sortis. L'université n'était pas très loin de ma chambre, je ne mis donc pas beaucoup de temps pour arriver à la salle de classe qu'on m'avait attribué et j'arrivai affreusement en avance. Pour passer un peu le temps, je décidai d'inspecter la liste des élèves que je devrais avoir d'ici moins de dix minutes. Je ne connaissais pas beaucoup de noms : les frères et soeurs de gens que je connaissais, certains que j'avais probablement croisé dans des bars, etc. Seul un nom me sauta aux yeux : Calypso Handers. Je vus envahie par une bouffée de nostalgie. Elle avait été ma première élève et amie dans la petite ville où je m'étais installée, peu de temps après le départ d'Alaska, presque deux ans auparavant... Une jeune fille très talentueuse, d'ailleurs, que ce soit au chant ou au piano. Je n'avais pas la moindre idée qu'elle se trouvait sur le Royal Majestic, et encore moins que je la retrouverais dans la première classe à laquelle j'enseignerais... Je vérifiai l'heure sur ma montre. J'avais besoin d'un petit café, juste avant le cours. Je me dépêchai d'aller à la machine la plus proche, et terminai ma boisson juste au moment où la cloche sonna.

J'inspirai un bon coup, puis me dirigeai vers la salle. Quelques élèves étaient encore dehors, et je les incitai à se bouger les fesses pour rentrer, puis les suivis. Quinze paires d'yeux me dévisagèrent et me jugèrent. Je n'y fis pas attention, mon stress s'était déjà calmé et j'affichai mon sourire le plus chaleureux. Je regardai dans les yeux chacun des élèves ; une de mes techniques pour avoir toute l'attention. Je m'attardai sur Calypso, et la saluai avec un hochement de tête. À la fin de mon "inspection", j'entendis la jolie rousse dire vers ma direction: « Ça pour une surprise ! Ça faisait un bout de temps n'est-ce pas? ». Je lui souris gentiment et lui fis un clin d'oeil. « Hé oui. Ça me fait plaisir de te revoir, Calypso.» Même si j'aurais apprécié discuter avec elle, je décidai cependant de passer à autre chose : j'avais déjà aperçu le regard assassin de la blonde à l'air arrogant du premier rang ; je la détestais déjà. « Bien. Alors, bonjour tout le monde. Je m'appelle Anathéa Livingtson, mais vous pouvez m'appeler Théa, Ana, prof, je m'en fous. » Je n'avais pas l'intention de dire ça comme ça, mais cela fit rire les élèves. Je poursuivis avec mon cours.

Les deux heures passèrent rapidement, pour mon plus grand bonheur et pour celui des jeunes qui m'avaient écoutée. Avant de partir, chacun des élèves m'avait souri, voire même félicitée, et cela m'avait fait un immense plaisir. La seule qui ne m'avait pas souri était cette idiote du premier rang, qui n'avait pas arrêté de discuter avec sa voisine. La prochaine fois, je décidai, je la renverrai du cours dès le premier mot qu'elle dirait, point barre et sans discussion. La dernière à ranger ses affaires fut Calypso. Avec un grand sourire, et après que tous ses camarades soient partis, je me dirigeai vers elle et la pris dans mes bras. « Je suis tellement contente que tu sois là ! Ça t'as plu, mon premier cours ? J'avais peur d'être trop ennuyeuse... » Je rigolai. J'avais la sensation que tout avait été parfait, mais j'avais besoin qu'on me le dise. C'était toujours mieux d'avoir un avis extérieur...


[Et moi, désolée si c'est long, j'étais inspirée x)]

Elle avait le regard posé sur moi. Elle me fit un clin d'oeil qui n'échappa pas à certains élèves. Anathéa me répondit gentiment « Hé oui. Ça me fait plaisir de te revoir, Calypso.» On peut dire que ma « reprise des cours » ce passait plutôt bien. Je me demandais ce qu'elle avait fait pendant tout ce temps, les endroits où elle était allée, les nouvelles choses qu'elle avait apprises. Hum... Et si elle connaissait de nouvelles chansons à me faire connaitre. J'adorerais chanter à nouveau avec elle. Quand même, pendant deux ans, il devait bien y avoir des nouveautés non ? Je m'apprêtais à lui demander tout ça, à lui poser un tas de questions à ces sujets. Mais, sans me laisser le temps de lui répondre, elle reprit la parole pour s'adresser à l'ensemble de la classe « Bien. Alors, bonjour tout le monde. Je m'appelle Anathéa Livingtson, mais vous pouvez m'appeler Théa, Ana, prof, je m'en fous. ». Elle venait de marquer un point dès son premier cours. Elle s'exprimait de la même façon que nous tout ce qui arracha un rire à la plupart d'entre nous. Je ne pense pas que les élèves de cette classe aient eu la moindre chance d'entendre la prof précédente parler comme ça. Comment s'appelait-elle déjà ? Hum... Madame Clim ? Clum ? Ah non, Madame Clams. Je trouvais son nom plutôt horrible & pas vraiment, euh comment dire, convenant avec sa tête. Elle possédait des cheveux acajous bouclés tombant en cascade sur ses épaules.Ses yeux étaient couleur bleu ciel. Elle possédait la parfaite allure des sorcières. Pour convenir parfaitement avec sa tête, elle avait héritée d'un caractère grincheux & sadique. D'où le fait que depuis plus de 3semaines -si ce n'est plus- j'avais cessé de venir en cours. Le pire de tout est qu'elle n'avait pas arrêtée de faire des compliments, de plus en plus "sympathique" à une seule personne. Mme Clams aurait par ailleurs vraiment pût choisir mieux comme élève. Margaux Stalmin était l'une des filles les plus hypocrites et superficiel que je n'ai jamais vu. Son horrible tignasse blonde & ses ongles roses me donnaient une véritable envie de vomir tous mes trips. Sa voix de crécelle plus qu'assourdissante & son ricanement de hyène pouvait faire peur à n'importe quelle personne qu'y approchait. Je me demande comment un être humain normalement constitué -même s'il n'en existe pas vraiment- pouvait supporter ce genre de filles. Mais bon, la plupart des personnes qui tournaient autour d'elle étaient encore plus pathétiques qu'elle.

Après avoir fini de divaguer dans tous les sens, je remis entièrement ma concentration sur le cours. Quoique, je n'étais jamais réellement concentrée sur un cours. Pourtant, je m'éclatais bien là. & puis il faut dire que "Madame Livingston" -Wahou, ça ferait vraiment bizarre de l'appeler comme ça- prenait un grand plaisir à nous faire cours. Nous qui étions une petite bande de gamins prétentieux pour certains, timides pour d'autres & complètement indifférents pour le reste. Nous qui nous battions sans cesse avec pour cause nos groupes. Nan mais sérieusement, pendant deux semaines, lors de mon arrivée, tous les fous furieux du groupe Gold s'était mis en tête de me faire pleurer pour que je reparte le plus vite possible de ce bateau. Je m'étais vraiment demandé ce qu'il pouvait bien se passer dans leur tête à ceux-là. Moi qui étais comme eux avant que je débarque sur RM, je les aie trouvé plus que pitoyable. On ne pouvait même pas faire la différence entre un enfant de maternelle & l'un de ces imbéciles.

Le cours passa, quelques rires par ci par là. Puis en fin de compte, la sonnerie retentis faisant prendre fin au discours d'Anathéa concernant l'importance du piano de nos jours. Un grand & bruyant "Oh" tout déçu emplis la salle. Cela me fis sourire, ils avaient tous appréciaient le premier de la grande brune. Une fois tout le monde sortis, je rejoignis Anathéa & elle s'exclama « Je suis tellement contente que tu sois là ! Ça t'as plu, mon premier cours ? J'avais peur d'être trop ennuyeuse... » C'est avec un sourire franc, même si j'étais limite en train d'éclater rire, que je lui répondis « Mais tu sais très bien que tu as été super, tout le monde t’adore déjà, du moins presque… Je suis sûre que beaucoup de personnes s’inscriront aux cours de piano. Vu la prof de l’année précédente, c’est comme si on se sentait déjà en vacances tout en révisant. » Pour finir, je me mis à rire. Ça me faisait tellement plaisir de la revoir que je me foutais complètement de ce que je disais. Après tout, je m'en fous complètement de ce que les gens pensent de moi. Alors dire ce que je pense revenait au même non? J'avais tellement de trucs à lui demandait, pleins de questions complètements inutiles mais que j'avais envie de dire à voix hautes. Il y en avait un paquet, de sorte à ce que je ne savais même pas par où je devais commencer. Alors comme une gentille je demandais « & sinon, qu’as-tu fais de beau pendant tout ce temps ? » Je sais, ça avait été très pertinent mais c'est la première chose qui me passait par la tête & je n'avais plus envie de réfléchir. J'aurais certainement put dire mieux comme " Alors, toujours aussi bien l'Europe?" Mais sérieusement, ça revenait à dire " Tu aimes encore les papillons?" ...