Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile d'être une femme bourrée...

Énième tentative, énième échec, énième verre et énième déception... C'était un peu ce à quoi se résumait la vie de Nokomis en se moment même. Elle s'était encore voilée la face et était encore allée au bar "The Soutern Escape". Bien sûr comme chaque fois, elle s'était peu vêtu, une micro-short et un tee-shirt lui découvrant les épaules et le ventres ainsi que des talons haut. Elle avait, comme d'habitude, enchaînée les verres devant Shane jusqu'à la fin de son service, après cela, elle s'était bourré jusqu'à prendre une cuite et essayer, en vain, de marcher sobrement jusqu'à sa cabine. Cela avait évidemment empiré les choses.

Quelques mètres avant sa cabines, les jambes de Nokomis ne pouvait plus et elle s'écroula sur le sol, se tordant la cheville au passage. Elle se retrouvait donc par terre, une main sur le sol et l'autre sur sa cheville endolorie, pleurant, la forte dose de maquillage coulant sur les joues de Nokomis. Jamais elle n'avait été comme ça, elle avait toujours été forte, ne se souciant que d'elle et de son apparence ou alors de son argent de poche. Mais jamais, elle n'en serait venue à pleurer sans s'arrêter ou alors se prendre une cuite pour un homme. Mais ce n'était pas Shane la source du problème, c'était elle. A trop vouloir prendre, à trop penser à sois-même et à trop insister, on finit par se brûler les ailes. En 25 ans, Nokomis ne l'avait toujours pas compris et venait pour la énième fois de se "punir". C'est vrai que c'est une doux euphémisme, tout le monde savait que deux jours plus tard elle recommencerais, encore et encore... Tout ça pour essayer d'arriver à ses fins, en vain. L'amour propre de Nokomis s’éteignait petit à petit et son orgueil prenait une violente entorse. Mais tout ça elle ne s'en rendait pas compte et continuait, sans vouloir comprendre. Puis il y avait le reste, Alaska, son père, son ancienne vie, la société etc. S'en était trop pour la Nokomis qui avait toujours tout eu pour elle. Non, elle n'avait pas appris à être confrontée à la vie, et voilà ce que ça donne un enfant trop gâté...

Un quart d'heure plus tard, Nokomis s'était calmée mais restait tout de même sur le sol, toujours aussi saoule. Puis une ombre s'approcha, sur le coup elle repensa au meurtre de Temperence et ouvrit sa bouche pour crier, mais le visage de l'homme fut éclairait par la lumière de la lune, c'était juste Judas Balsey. Nokomis poussa un soupir de soulagement et leva les yeux vers le jeune homme qui semblait désespéré de la voir, encore, bourrée dans le couloir. Car oui, il l'avait plusieurs fois "sauvé" et ramenée jusqu'à sa cabine. C'était un peu son chevalier servant des cuites, drôle n'est-ce pas ?

« Qu'est-ce que t'veux encore ? Va t'en j'ai pas besoin d'toi »

C'était amusant de voir Nokomis rétorqué une phrase orgueilleuse, même saoule. Mais soyons honnête, elle avait quand même besoin de lui sur le moment...

« drunk. again. »
ϟ nokomis & judas

Judas marchait dans les couloirs, errant entre les cabines. Il était tard, très tard, mais il était tout bonnement incapable de fermer l'œil. Lui-même ne savait pas pourquoi. Rien de particulier ne s'était passé. La journée avait été on ne peut plus banale. De jour en jour, il découvrait d'avantage de recoins à bord, et à vrai dire, il adorait ça. Il avait l'impression de n'être qu'un gamin dans une gigantesque salle de jeu. Il partait à la découverte du monde en restant dans un endroit clos. Pour le moins étrange pour ceux n'ayant jamais vécu ce genre d'expériences.
Cette nuit-là, il avait tout essayé. Écouter de la musique, en jouer, boire un verre de lait, prendre un cachet de magnésium, se préparer une infusion avec du miel. Rien n'y avait fait. Certes, il n'avait pas tenté de lire. Tout simplement car il en était incapable. Le simple fait de déchiffrer les syllabes les unes à côté des autres lui demandait un effort surhumain. Autrement dit, lorsqu'elle la lecture poussait certains dans les bras de Morphée, elle mettait Jude au bord de la crise de nerfs.
Il avait donc quitté sa cabine, dans la pénombre, sans savoir où aller. Ses pas l'avaient naturellement porté à travers les dédales de boyaux du bateau, et il s'était retrouvé devant la cabine de Buck et Nirvana. Inutile de préciser que cet instant d'égarement lui rappela un autre moment on ne peut plus désagréable qui avait eu lieu quelques temps auparavant...
Mais cette fois-ci, il avait fait demi-tour. Il ne gagnerait rien à réveiller la petite famille à cause d'une stupide insomnie. Il sentait bien qu'il avait un certain caractère comateux, mais il ne parvenait pas à plonger dans le sommeil entièrement. Il n'était qu'un pantin à la limite du somnambulisme.
Judas revint sur ses pas lentement, sentant enfin la fatigue le gagner.
Il n'avait pas encore quitté le quartier des premières classes lorsque soudain il aperçut une silhouette au sol. Fronçant les sourcils, ne pouvant discerner correctement la personne avachie par terre, appuyée contre le mur, le londonien accéléra le pas. Mais lorsqu'il parvint finalement à la proximité de la jeune femme, car la personne à terre était bel et bien de sexe féminin, il vit de qui il s'agissait. Cela ne pouvait être qu'elle. Nokomis Miller. Une belle poupée blonde richissime. Belle, richissime, mais malheureuse. Comment Judas savait-il cela ? Tout simplement car ce n'était pas la première fois qu'il la retrouvait dans cet état. Car elle n'était pas avachie ainsi pour rien, elle était soule comme une Amy Winehouse aux cheveux de blés. Les effluves d'alcool fort remontait jusqu'aux narines du jeune homme alors qu'il se situait à plus d'un mètre au dessus de l'australienne.
« Qu'est-ce que t'veux encore ? Va t'en j'ai pas besoin d'toi »
Si, elle avait besoin de lui. Malgré son ton prétentieux, elle-même était parfaitement consciente de son état. Qui savait depuis combien de temps elle était là ? Elle était tout bonnement incapable de se lever.
Alors malgré la fatigue qui l'avait enfin atteint, Judas s'agenouilla auprès de la jeune femme et posa doucement sa main sur son bras, doux contact réconfortant.
« Pourquoi tu t'infliges ça ? »
Ce n'était pas une critique, il s'agissait d'une véritable incompréhension de sa part. Certes, il avait déjà aidé Nokomis dans des situations semblables, mais il ne savait pas pourquoi elle se faisait autant de mal volontairement. Car soyons honnêtes, en la voyant dans un état pareil, personne n'était dupe. Un tel taux d'alcoolémie n'arrivait pas par « accident », lorsque l'on ne connaissait pas encore ses limites. La blonde faisait cela en connaissance de cause. Elle savait où étaient ses limites, et elle les franchissaient toujours plus violemment, toujours plus vite, en riant à leur nez. Elle était une véritable adepte de l'auto-destruction.