J'enfilais ma robe dans ma petite cabine, dans laquelle, par chance, j'étais seule. Je n'étais pas obligée de la partager avec une ou plusieurs personnes dont je n'aurais certainement pas supporté la présence. Mon malheur me suffisait amplement, je n'avais pas besoin encore des lamentations des autres Silver. J'étais très bien toute seule, j'aurais d'ailleurs préféré passer ma soirée dans ma chambre, à lire, à regarder la télé, ou même à dormir. J'aurais pu occuper ma soirée de mille autres façons, j'aurai pu aller à la patinoire, au bar, me promener, bref, j'avais beaucoup de possibilités pour m'occuper, mais la dernière solution à laquelle j'aurais pensé était bien d'aller au bal. De moi même, je n'y serais jamais allé, mais quelque chose avait fait que j'étais presque obligée de mettre les pieds dans ce bal.
Il y a déjà quelques semaines j'avais écris à mon ancienne voisine qui avait certainement été la femme dont j'étais la plus proche et que je prenais comme modèle. Je lui avais parlé de cette soirée (grosse erreur), comme quoi un bal masqué allait être organisé, et elle m'avait répondu. Elle m'avait demandé de prendre des photos de moi et de bien m'amuser. Avec ceci était joint une magnifique robe, bien trop belle pour moi, une robe trop chic et qui ne collait pas du tout avec mon style, ainsi qu'un masque accordé et des chaussures. Je ne pouvais pas dire non, je savais très bien qu'ils n'avaient jamais été riches, et que en m'offrant cette belle robe ils avaient dû faire quelques sacrifices. Cela pourrait certainement les apaiser aussi s'ils me croyaient heureuse sur ce bateau, alors que je ne l'étais pas le moins du monde, mais ça, ils n'étaient pas obligés de le savoir.

J'étais donc là, entrain de batailler avec la dentelle et les froufrous de ma robe. Finalement, je fermais la robe et m'observais dans le miroir de la salle de bain. La robe était couleur crème, avec de la dentelle, des broderies, bref tout le genre de choses que je détestais, et elle était plutôt courte. Je n'avais jamais porté de robe comme celle-ci, surtout car ce n'était pas du tout mon style. Mais je voulais faire plaisir aux personnes à qui je tenais le plus dans ma vie. Je n'étais pas obligée non plus de rester jusqu'à l'aube, il me suffisait de rester une heure ou deux, même moins, de prendre quelques photos où j'ai l'air de m'amuser et de partir.
En attendant, je devais finir de me préparer. Tout le gratin du Royal Majestic serait présent à cette fête, et peut-être même Sybilline. Je ne me souciais pas vraiment de ce que les autres pouvaient penser sur moi, mais Sybilline était redoutable et je savais que le moindre faux pas me vaudrait un gentil petit article rédigé avec amour de la part de la blogueuse. Autant dire que ma vie était déjà assez ennuyante et énervante à mon goût pour rajouter en plus des raisons aux autres de se moquer de moi.

Après m'être maquillée, chose dont je n'avais pas vraiment l'habitude en temps normal, je pris mes chaussures et les mit. C'était un exercice difficile de marcher avec des talons hauts, moi qui avait l'habitude de marcher en basket, ou en tongue à la limite, parfois en ballerine, mais jamais en escarpins. Je m'étais entraîner à marcher avec pour ne pas me ridiculiser aujourd'hui, mais tout cela n'était pas vraiment fructueux.
Finalement, je pris le masque doré qui allait avec ma tenu, et le mis. Le masque était plutôt spéciale et j'étais certaine que personne n'aurait le même. Il avait des traits félins, des oreilles de chats par exemple. Je l'aimais beaucoup, bien que les paillettes et autre truc comme ça ne m'attiraient guère.
Je me regardai une dernière fois dans le miroir, j'étais méconnaissable. Déjà car la moitié de mon visage était recouvert par ce masque, et ensuite, car j'étais coiffée et habillée plus originalement que d'habitude. J'avais l'air plus adulte, plus mature, je faisais plus que mes 15 ans, autant physiquement que mentalement. En général, je me fichais totalement de mon apparence physique, et là aussi d'ailleurs. Je refusais de me dire que j'étais amoureuse, mais je l'étais. Ulysse... J'espérais qu'il allait me remarquer, j'espérais. A ses yeux je n'étais qu'une gamine, et pourtant... C'était très étrange, je ne m'étais jamais sentie aussi dépendante de quelqu'un, je n'avais jamais eu une telle envie qu'on me remarque et qu'on m'aime. En général je me fichais complètement de ce que les autres pouvaient ressentir pour moi, le fait de ne pas être aimé ou d'être aimé m'importait peu, et d'ailleurs, même là, je me fichais des autres, il y avait juste Ulysse. Je refusais de me dire que je l'aimais, mais je savais pertinemment que c'était ça, sinon quoi ?

Il était temps de me rendre dans la fausse aux lions... Tout le monde allait être là, mais vraiment tout le monde. J'avais déjà un plan en tête, resté le plus loin possible des autres, ne pas m'approcher de la piste de danse. A la limite, resté dans un coin près du buffet, et encore...
Je sortis de ma chambre et fermait la porte à clé, jetant ces dernières dans mon sac. Mes talons claquaient sur le pont du bateau. Je me dirigeais vers l'immense salle de bal, où se déroulaient les fêtes organisées par les Golds et les évènements destinés à tout le monde. La salle était magnifique, décorée certainement par des personnes spécialisées dans ce genre de choses. Il y avait beaucoup, beaucoup de mondes. En majorité des jeunes adultes, quelques enfants et quelques dizaines d'adultes. Je me sentais toute petite au milieu de toute cette foule. En passant devant quelques Golds j'entendis leurs remarques désobligeante. Je passais également à côté d'un groupe de garçons, un peu plus âgés que moi. Ils me sifflèrent, chose dont je n'avais pas l'habitude. Je me contentais de me retourner et de leur jeter un regard furibond, continuant mon chemin en entendant leurs rires. Je me retournais alors, pour leur jeter un dernier coup d'oeil, quand.... BOUM ! Je ne regardais pas devant moi et je venais de rentrer dans quelqu'un. La personne devait être bien plus forte que moi car je tombais en arrière et me retrouvais, assise par terre, encore sonnée et avec un air embêté sur le visage.
Cette soirée commençait à merveille...