« bringing you to heaven. »
ϟ alaska & luca.

Minuit venait tout juste de sonner lorsque Luca franchit la porte du pub irlandais. Il n'y avait encore jamais mis les pieds, et son envie insatiable d'alcool l'avait guidé en ces lieux. La journée avait été horrible. Pire qu'horrible à vrai dire. Il n'avait pas eu la moindre seconde de repos. A bord, il n'était qu'un esclave. Une médiocre bonniche qui passait son temps à ramasser la merde des autres. Son père était sans doute fier de lui, il apprenait la vie. Mais il ne perdait pas pour autant ses bonnes vieilles habitudes. D'ailleurs il s'était déjà fait insulté maintes et maintes fois parce qu'il fumait durant ses heures de boulot. Qu'est-ce qu'ils en avaient à foutre ces gosses de riches que cela sente la clope dans leur cabine ? Ils ne valaient pas mieux que lui. Dès le coucher du soleil ils deviendraient sans aucun doute décadence, et ce n'était pas l'arôme poussiéreux de la cigarette qui les perturberait dans leur descente aux Enfers.
Le bar n'était pas aussi plein que ce à quoi l'italien s'attendait. Visiblement, la moyenne d'âge n'était pas très élevée. Belgioso fit la moue. Dommage, il ne trouverait sans doute aucune proie ce soir. Non pas que l'âge entre en compte lorsqu'il couchait avec une fille, après tout rien ne le stoppait dans sa quête du plaisir. Mais ce dernier était moins grand lorsque sa victime n'était pas assez expérimenté à son goût. Il aurait pu devenir gigolo en fin de compte ...
Il se laissa tomber sur un tabouret, face au comptoir.
« Une vodka glace. »
Pas de bonsoir, pas de s'il vous plait, pas de merci. Il n'en avait rien à foutre. Il n'était pas là pour faire plaisir à cette fameuse Kelly. Il l'emmerdait soit dit en passant. Mais il avait enfin quitté son rôle de larbin, il pouvait donc redevenir lui-même. Un petit con friqué.
Luca jeta un regard autour de lui. A ses côtés, une blondinette semblait être seule. Mignonne. Bien foutue. Et de plus, elle semblait majeure.
Un sourire carnassier apparut sur le visage de Belgioso. Enfin. Il n'était pas uniquement cerné de midinette, même si cette fille avait un visage de poupée de porcelaine. Il avait sans doute ses chances d'en faire son quatre heures. Du matin bien évidemment.
Le jeune homme changea donc de tabouret, se rapprochant d'elle, avec assurance.
« Bonsoir. Je t'offre à boire ? »
Son ton était égal, comme si peu lui importait la réponse de la demoiselle. Ce qui au fond n'était pas si faux. Si elle l'envoyait bouler, il n'aurait peut-être même plus envie de la mettre dans son lit. Il se ferait un petit shoot, et il irait se coucher. Une soirée solitaire banale, en vérité. Il n'avait besoin de personne pour s'éclater. Ses produits lui suffisaient.
Entre temps, sa vodka était arrivée. Luca ne la paya pas immédiatement. Il savait pertinemment qu'il ne boirait pas qu'un verre. Comme il le faisait toujours, il balancerait certainement son porte feuille sur le comptoir à l'aube, donnant sans doute un pourboire assez gras, sans se préoccuper de quoi que ce soit.
Vous l'avez bien compris, il ne s'était toujours pas fait à l'idée qu'il était pauvre, désormais.
Il sortit une cigarette de sa poche, sans se soucier du « qu'en-dira-t-on? » ni même du fait d'être mis à la porte. S'il ne pouvait pas fumer ici, il irait ailleurs. Rien n'importait. C'était triste, mais il n'était qu'un éternel blasé.
Sans doute la faute à Papa, qui lui avait toujours offert tout ce qu'il désirait, il ne se satisfaisait plus de rien. Plus de rien sauf de sa coke et de ses stups divers et variés. Une pilule bleue, une pilule rouge, et une putain dans l'escalier. Rien d'autre ne comptait.
L'italien but une longue gorgée de vodka, reportant son attention sur la blonde. Restait à voir ce qu'elle, elle désirait.

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