« déshabillez-moi. »
ϟ Call me Chaplin. Charlie Chaplin.

Judas était fin prêt, après non moins d'une heure et demie de préparation. Il se regarda une dernière fois dans le miroir. C'était parfait. Son teint était uniformément blanc, sa moustache noire s'étalait fièrement au-dessus de ses lèvres, faisant écho à ses yeux cernés de nuit, et ses vêtements d'une autre époque semblait rire de la modernité. Il n'était plus Jude, il était désormais Charlie. Devenu un autre, il ne savait même pas s'il se reconnaîtrait la prochaine fois qu'il détaillerait son reflet. Le londonien était fier comme un paon, il n'y avait pas d'autre terme. Non seulement il avait réussi à trouver une célébrité britannique à incarner au milieu de cette invasion américaine (certes, le thème était Hollywood, nous étions à proximité de Los Angeles mais alors ? Ce n'était pas le moment de tourner le dos à ses origines), mais surtout, il avait réussi à faire le personnage sien. Les gens le trouveraient sans doute anachronique, et il devrait faire face à des regards plus ou moins moqueurs tout au long de la soirée, mais peu importait. Car demain matin, Charlie redeviendrait Judas. Comme Cendrillon, quoi qu'un bon moment après minuit, sa vie serait banale à nouveau et aucune des fausses célébrités de ce soir ne serait capable de mettre la main sur lui au jour levé. Les bals masqués sont comme des contes de fée, au fond. Ils nous permettent de devenir l'espace d'un instant la personne que l'on pourrait être, la personne que l'on voudrait être. Ce n'était qu'un agréable rêve enfantin. Et c'était en cela que c'était si bon.
Jude n'aurait manqué cela pour rien au monde. Certes, il passerait sa soirée avec des inconnus, étant donné qu'il était fort probable qu'il ne soit pas capable de reconnaître quiconque. Il avait l'impression d'être un gamin en quête d'aventure, ce qui n'était peut-être pas si exagéré.
Il attrapa sa canne et quitta sa cabine, se glissant lentement mais sûrement dans la peau de son personnage. Le brouhaha des passagers lui emplit petit à petit les oreilles au fur et à mesure de son avancée vers le jardin d'hiver. Des costumes tous plus originaux les uns que les autres l'entouraient. Des actrices minaudaient, des acteurs souriaient. Ils étaient tous là, méconnaissables et illusoires. Et comme Judas s'y attendait, aucun visage n'attira son attention. L'art avec lequel chacun avait masqué son identité semblait écrasante. Ce n'était qu'une succession de portraits connus qui s'étalait devant les yeux de Chaplin. Lui-même soulevait par moments un sourcil interrogateur, attirait un regard bienveillant ou un sourire ironique.
Le jeune homme se dirigea vers le bar. Il avait besoin de détendre ses sens pour se fondre d'avantage dans la masse. C'était peut-être faible comme habitude, mais c'était plus fort que lui. La première chose qu'il faisait en arrivant à une quelconque soirée était de boire un verre d'alcool. Routine d'autant plus navrante qu'elle lui rappelait les multiples frasques de Buck. Mais après tout, qu'est-ce qui ne lui faisait pas penser à son frère ?
« Un Scotch s'il vous plait. »
Il disait toujours Scotch plutôt que whisky, de peur que l'on ne lui serve ce qu'il qualifiait « d'atroce » American whiskey. D'ailleurs, soit dit en passant, il n'était pas certain qu'on lui serve de l'alcool, l'âge légal à sa consommation étant de vingt-et-un an aux Etats-Unis, tandis que dans son pays natal, c'était seulement dix-huit. Au pire il supplierait.
Le barman ne lui fit pas la moindre difficulté, et c'était tant mieux, car Judas n'étais pas suffisamment motivé pour entrer dans un débat argumentatif immédiatement après son arrivée.
Il se retourna, face à la salle et commença à détailler les personnes se trouvant autour de lui. Quelqu'un finirait bien par l'approcher, ce n'était qu'une question de temps.

nobody put baby in the corner.

Anathéa jeta un dernier coup d'oeil à son déguisement dans le miroir. Une chemise blanche nouée au nombril, un jean taille haute arrivant juste au-dessus des genoux, des baskets blanches et les cheveux bouclés... Elle sourit à son reflet, amusée et assez fière d'elle. Incarner une célébrité Hollywoodienne pour une soirée était une excellente idée ; en revanche, trouver quelqu'un facile à reconnaître, difficile était un euphémisme. Elle n'aurait pas supporté avoir à expliquer son déguisement durant la soirée entière. Heureusement, l'illumination lui était venue. Et elle savait que personne ne serait habillée comme elle. Elle arrangea une mèche rebelle, puis prit son sac et se dirigea vers le jardin d'hiver en chantonnant "Time Of My Life".

Difficile à dire pourquoi elle avait accepté d'y aller. Elle s'était laissée convaincre par une personne quelconque, alléchée par l'idée d'être quelqu'un d'autre pour une nuit. Même si cela restait une illusion. En ce moment exact, cependant, elle ne regretta pas son choix de s'y rendre. Cela pourrait peut-être l'aider à se changer les idées... Elle inspira, accélérant légèrement le pas, tentant de penser à autre chose. Elle devait à tout pris oublier ses problèmes : peut-être se trouverait-elle un Patrick Swayze ce soir-là, qui sait. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Il y aurait probablement de quoi s'amuser. Aucun doute sur cela.

Confiante, elle y arriva enfin, et se stoppa net en regardant autour d'elle : tout le monde était méconnaissable. Une bonne humeur inhabituelle s'empara d'elle, pendant qu'elle se frayait un chemin parmi la foule en direction d'un pas dansant au rythme de la musique ambiante, souriant à tout le monde, saluant des visages qu'elle reconnaissait à peine. Arrivée au bar, elle commanda quelque chose de fort. Autant s'amuser comme il le fallait avec un peu d'alcool dans le corps... Un jeune homme à côté d'elle qu'elle n'avait pas vraiment remarqué commanda un scotch. Elle l'observa mieux, sachant pertinemment de ne pas être discrète : son déguisement de Charlie Chaplin était particulièrement réussi, et, en regardant encore, il semblait avoir tout juste dix-huit ans. Elle ne pensait pas l'avoir déjà rencontré.

« Sympa, le costume. »

Elle lui sourit, but son verre d'un seul coup, son visage ne se tordant même pas au goût de l'alcool, étant bien trop habituée à ce genre de boissons. Elle tendit la main en direction du jeune homme.

« Anathéa. »

Elle n'attendit pas vraiment une réponse ; elle fit craquer ses doigts, arrangea ses cheveux, puis, bougeant sa tête au rythme de la musique, observa les personnes dans son champ de vision, commentant à voix haute et sans aucune gêne les costumes de tous ses gens qu'elle n'avait pas l'impression de connaître. Lorsqu'elle se lassa enfin de ce petit jeu peu sympathique, elle se dirigea vers la piste, invitant l'inconnu à la rejoindre danser d'un geste de la main. Puis elle lui tourna le dos, se demandant un petit instant s'il viendrait, et s'approcha ensuite de quelqu'un qu'elle ne reconnut pas pour danser avec celle-ci. Elle se fichait éperdument de qui c'était. L'important, c'était de s'amuser.


[c'est vraiment trop pourri.]

Blonde and proud of it

Blonde, cheveux bouclés et vêtu d'une robe blanche et volante, Nokomis virevoltait dans son immense cabine. Pour le bal masqué, elle avait décidé de se déguiser en Marylin Monroe, une parfaite réplique de Nokomis mais quelques années auparavant... Bref, Nokomis était satisfaite de son costume, jamais elle n'aurait pensé participer à une fête de se genre, se déguiser ? Jamais elle ne l'aurait fait avant, maintenant, elle se trouvait sur le point de participer à une de ses fêtes. Cependant, elle restait toujours un peu réticente à l'idée de voir tout les autres et de se mélanger aux... "Pauvres". Mais pour l'instant, elle souhaitait apprécier la soirée et se dirigea vers la porte pour sortir de sa cabine, à laquelle elle jeta un dernier regard avant de fermer la porte.

Nokomis se trouvait maintenant devant la double porte somptueusement décorée qu'elle poussa de ses maints gantées et décorées. Ses pas sur le sol s'arrêtèrent brusquement, elle restait bouge bée devant la beauté et la magnificence de la salle. Lustres, tables, tulles etc. Pendant quelques secondes, Nokomis se croyait dans un des grands banquets que sa mère organisais en Australie, puis elle reprit ses esprits et recommença à observer la salle, essayant de reconnaître les individus mais n'y arrivant pas, alors elle se résigna et marcha jusqu'au bar, comme elle savait si bien le faire.

« Un whisky s'il vous plait. »

Elle remarqua alors qu'un jeune homme venait de commander la même chose et qu'une brune approchait, Nokomis eu du mal à les reconnaître mais y arriva, avec peine. C'était Judas et Anathéa, ne voulant pas parler pendant la soirée, Nokomis se contenta de boire cul sec son verre et d'en commander un autre, elle risquait encore de finir saoule à la fin de la soirée...

« they can dance, i can't. »
ϟ Call me Chaplin. Charlie Chaplin.

Judas, ou plutôt Charlie pour l'occasion, porta son verre à ses lèvres et en savoura la moindre gorgée. La douce brûlure de l'alcool dans sa trachée lui faisait un bien fou. C'était comme s'il était retourné au pays l'espace d'un instant. Le faux acteur sourit en coin, tout à ses pensées, tandis qu'une demoiselle venait de s'installer à ses côtés.
« Sympa, le costume. »
Jude tourna le regard vers elle et la remercia du bout des lèvres. De son côté elle incarnait sans doute une de ces milliers d'actrices américaines. Inutile de préciser que le londonien n'avait jamais vu Grease. Autrement dit, il ne pouvait même pas juger de la réussite de son costume. Cheveux frisés, chemise blanche, jean aux aspects vintage. Soit. Rien de bien transcendant pour lui, même s'il était persuadé que pour bien d'autres, cette fille avait sans doute eu un éclair de génie.
La fille en question ne semblait guère prêter attention à lui. Ce n'étaient que des paroles dénuées de sens qui venaient donner une illusion de conversation. Les gens ne se parlaient pas dans ce genre de rassemblements. Ils se contentaient de faire des remarques à tour de rôle. Après tout, à quoi bon ? Il n'allait pas rencontrer des amis ce soir. Il n'avait pas besoin de parler, simplement de s'amuser.
Elle lui dit son nom. Anathéa. C'était original. Elle remontait dans son estime.
« Judas. »
Puis elle s'éloigna sur la piste, lui faisant signe de la rejoindre. Dommage pour la jeune brune, la danse n'était vraiment pas le truc du british. Il était bien trop fier pour s'abandonner au rythme de la musique, et se laisser porter au son des basses lui paraissait si peu approprié. Dans le sens où il était persuadé qu'il aurait l'air stupide à en pleurer. Oui, vous l'avez peut-être deviné, Judas Balsey n'avait jamais dansé de sa vie.
C'était sans doute pourquoi Jules lui paraissait incarner si magnifiquement la perfection. Elle volait de tout son corps lorsqu'elle se laissait aller à danser. Tandis que lui pataugeait dans la semoule comme un gros dindon. Il espérait d'ailleurs qu'elle s'en rende compte le plus tard possible. Car même s'il était fort peu probable qu'elle lui prête la moindre attention, il ne voulait pas qu'elle le voie comme un râté.
Judas finit son verre. Visiblement la danseuse n'était pas là. Il ne la reconnaissait pas tourbillonner parmi la foule. Mais là n'était pas la question. Il n'était pas venu ici pour penser à la demoiselle Carter. Il était supposé s'amuser. S'AMUSER! Bon sang, s'il avait su danser, il aurait pu suivre Anathéa…
Une Monroe enchainait les cul-secs à côté de lui. Contrairement à la précédente buveuse, il lui semblait l'avoir déjà vue quelque part. Il la regarda avec d'avantage d'attention, en faisant cependant son possible pour ne pas se faire remarquer. Nokomis. Il n'y avait qu'elle pour enchaîner les verres avec cet air fataliste. Etrange en ces lieux pourtant. En effet, Shane n'était pas au comptoir. Mais tant pis. Au pire Jude aurait simplement à la ramasser à la petite cuillère à la fin de la nuit et à la ramener dans sa cabine. Histoire de changer. Mais malgré un certain amertume, le benjamin Balsey ne pouvait s'empêcher de la plaindre.
La salle se remplissait de plus en plus. Bientôt les corps seraient forcés de se frôler pour pouvoir se mouvoir. Ils étaient tous, ils étaient un. L'alcool et la musique leur ferait bientôt tout oublier. Comme d'autres avaient déjà oublié avant eux. Mais Judas n'irait pas jusqu'à cet état végétatif qu'il abhorrait tant. Il avait un certain respect envers lui-même. Personne ici ne le verrait soul. S'amuser ne signifierait pas pour lui changer en une soirée. Il avait eu l'exemple de décadence parfait durant son enfance. Sa seule ambition était de ne pas l'imiter. Mais qu'était-ce encore que ces pensées noires ? S'amuser, simplement s'amuser.

Assise au bar Lou regardait plus la montre qu'elle portait au poignée plutôt que les personnes autour d'elle, pensant sans arrêt que hors ou dans ce bal il n'y avait aucune différence mis appart le fait qu'elle servait très bien de mur ou de décor. Pourtant cette fois-ci elle n'avait pas lésiner sur les détails. De la teinture provisoire noir corbeau, la guitare en bandoulière dans le dos ainsi que le tee-shirt noué en bas du ventre et le jean troué le long des jambes. Était-ce trop ou juste pas suffisant ? Après tout peut d'importances puisque le but de départ était pour elle de s'amuser et pas de ce prendre la tête comme avait l'art de le faire en ce moment même. Alors la demoiselle commanda un verre de vodka pur et décida à profiter comme il était convenu de cette soirée. Se levant maladroitement et gardant la guitare qui lui était si précieuse, elle s'engagea parmi la foule se trémoussant frénétiquement au rythme de la musique et cela lui importait peu même si à en voir les regards des personnes environnantes elle se ridiculisait plus qu'autre chose. Continuant tout de même de se trémousser Lou prit la guitare qui lui servait à la base d'accessoire et entonna alors l'air de "Do You Wanna Touch Me ? " durant une bonne dizaine de minutes et ça dans un total état second comme si Joan Jett était réellement en elle et puis autant faire le bon rôle jusqu'au bout pensa-elle. Après sa gymnastique oratoire Lou repartir au bar, décidément elle n'était pas totalement échauffé à son goût alors celle-ci posa ses royal fesses sur le premier tabouret qu'elle trouva en chantonnant toujours un peu l'air de la chanson qu'elle avait commencé.

« .. Im a natural maam doin' all I can my temperature is runnin high.. Hm, une autre vodka s'il vous-plait. »

Elle n'avais pas remarqué qui était assise à ses côtés, bien trop occupé à tenté de satisfaire la soif qui consumait à présent sa gorge et l'envie folle d'oublier toutes les bonnes résolutions qu'elle avait fixé en partant d'Honolulu et après tout qu'est-ce que tout cela changerait ? Personne ne connait Mlle Esperanzi ici. Il était donc temps de faire un petit bout de folie pendant ce voyage.

« Bond. James Bond. »
ϟ mister 007.

L'alternative d'une soirée costumée avait fait reprendre du poil de la bête à Luca. En effet, certains de ces Gold présomptueux ne daignaient pas le reconnaître comme l'un des leur à cause de son statut sur le bateau. Certes, ici, il n'était qu'un valet de chambre, mais à Venise ou même à Rome, il était mille fois plus reconnu que ces pauvres gosses de riches sur le Majestic. Ainsi, il voyait cette soirée comme une revanche à prendre sur tous ceux qui le considéraient comme un vulgaire larbin.
Un sourire un coin accroché sur ses lèvres, il avait enfilé un de ses smokings Armani. Il n'avait pas eu l'occasion de les sortir depuis qu'il était monté à bord, et cela lui paraissait bien regrettable. Ce soir, tous le verraient sous sa véritable identité, c'était bel et bien décidé. Ainsi, il serait 007. Peu importait lequel. Il serait Bond. James Bond. Ou nous dirons plutôt Pierce Brosnan, puisqu'il était le dernier espion brun en date.
L'italien était certain qu'il n'avait pas besoin du moindre artifice pour éblouir dans un bal. Son visage naturel suffirait. Il savait qu'il pouvait faire tourner des têtes au saut du lit, alors à quoi bon passer des heures à se préparer ?
Il sortit de la pièce médiocre qui lui servait de logement en faisant la moue. Mieux valait éviter qu'il ramène qui que ce soit ici. Ou toute l'illusion de richesse qu'il allait construire ce soir s'évaporerait.
Ce n'était pas une illusion, mais si quelqu'un le rencontrant ce soir le croisait demain dans son rôle ingrat, il penserait que Luca n'était qu'un menteur. Un ridicule sans-le-sous qui voudrait briller le temps d'une soirée. Et sa réputation serait faite. Pour tous, il apparaîtrait comme pathétique.
Le jeune homme plissa le nez à ses pensées, comme chaque fois qu'il était contrarié.
Mais sa démarche de conquérant ne faillit pas, et c'est plus déterminé que jamais qu'il entra dans le jardin d'hiver, qui accueillait l'évènement tant attendu.
La salle était pleine. Cependant, il ne fallut que peu de temps à Luca pour repérer ce qui l'intéressait le plus. Le bar et les femmes.
Certes, ces dernières étaient plus que nombreuses, et l'italien ne s'en contentait pas, cependant il savait très bien quel genre de personne il cherchait dans cette foule. Des filles assurées, qui n'avaient pas froid aux yeux. Celles qui prenaient des initiatives. Des croqueuses d'homme.
Il en repéra directement deux: une blonde et une brune, près du comptoir. Une Olivia Newton-John et une Jennifer Grey.
D'ici là, il semblait difficile de faire un choix. C'est donc naturellement que Luca s'approcha d'elles, snobant le petit Chaplin à leurs côtés qui avait l'air de ne pas être à sa place. Peu importait si ce gosse était précédemment au centre de l'attention. Désormais, lui-même était là. Tous les regards devaient être posés sur lui.
« Une vodka glace. »
Il s'était glissé entre les deux jeunes femmes, les coupant visiblement dans leur conversation.
« Bonsoir mesdemoiselles. Charmants costumes. Je vous offre quelque chose ? »
Luca sourit doucement, plantant son regard dans ceux des deux jeunes femmes, à tour de rôle. Son accent italien transparaissait aisément de son phrasé. Restait à savoir si elles y seraient sensibles ou non.

« i don't like to shine. »
ϟ Call me Chaplin. Charlie Chaplin.

Judas était soulagé. Les autres parvenaient à attirer l'attention sur eux en la détournant de lui. Il pouvait respirer tranquille à nouveau, les gens n'étaient plus concentrés sur le petit londonien.
En effet, une blonde au style de femme fatale et la fameuse Anathéa qui avait voulu lancer la conversation précédemment s'étaient toutes deux acharnées sur sa pauvre petite personne. « Acharnées » certes, étaient un bien grand mot. Le fait était qu'il avait senti dans leur regard un il-ne-savait-quoi qui l'avait mis mal à l'aise. Peut-être était-ce seulement de l'attention? Heureusement pour lui, cela n'avait duré que quelques secondes. Comment était-ce possible d'être aussi mal à l'aise lorsque l'on était sous le feu des projecteurs ? Le british lui-même n'en avait pas la moindre idée.
La personne qu'il était sans doute supposé remercier était un brun au sourire carnassier qui venait de se ruer sur les deux demoiselles comme sur de la chair fraîche. Compréhensible, elles étaient belles. Mais elles n'étaient pas parfaites. La perfection était unique. Et son nom était Jules. Mais encore une fois, là n'était pas la question. La jeune femme n'était pas là. Il se voyait donc forcé de passer à autre chose. Encore une fois.
Jude changea donc de place, pour se retrouver à côté d'une Joan Jett. Elle, il avait reconnu son costume au moins. Parce que même si elle était ricaine, elle était talentueuse. On ne change pas les passionnés de rock en une soirée. Et c'est sans doute pour cela qu'il daigna ouvrir la bouche et s'adresser à cette chanteuse sombre: si cette fille avait ce costume, c'était sans doute parce qu'elle était celle qui lui ressemblait le plus dans cette salle. Certes, ce raisonnement avait quatre vingt dix pour cent de chances d'être complètement erroné, sa logique elle-même en étant absurde. Mais les illusions donnent un tant soit peu d'espoir. Et c'était sans doute cela dont avait besoin Judas dans cet univers qui lui paraissait si hostile. Un peu d'espoir.
« Alors comme ça, t'as choisi Joan Jett ? »
C'était totalement ridicule comme entrée en matière, il en était parfaitement conscient. Mais peu lui importait. Il ne savait pas danser, il n'aimait pas boire jusqu'à s'en rouler par terre, il n'aimait pas la musique diffusée. Autrement dit, il fallait bien qu'il occupe son temps comme il le pouvait.
Judas commanda malgré tout un second verre, qu'il commença à siroter doucement, sentant la moindre gorgée consumer sa gorge, comme pour le verre précédent.
Il n'arrivait pas à se distraire, et lui-même ne savait pas vraiment pourquoi. Etait-ce à cause de celle qui hantait la moindre de ces pensées ? Sans nul doute. Il s'était toujours cru plus fort que la gente féminine. A force de se croire si puissant, il s'était forcément brûlé les ailes. Il n'était pas insensible, loin de là, contrairement à ce dont il tentait de se convaincre. Il n'était qu'un gamin de plus dans l'ironie du monde, qui tentait de nager jusqu'au bonheur sans boire la tasse. Mais le monde était fou, et il se noyait chaque seconde un peu plus, sans savoir comment il serait capable un jour de remonter à la surface et de sourire à nouveau pleinement. Il n'était pas malheureux, loin de là. Uniquement un peu déboussolé par les aléas de la vie. Comme la plupart de la jeunesse penserez-vous certainement. Mais là n'était pas la question ce soir. Il n'y avait pas la moindre question à vrai dire.

La soirée ce montrais moins fastidieuse que la belle ne l'aurait pensé. Bien que le fait qu'elle n'avais adressé la parole à aucune personne durant cette soirée, elle était resté décidément seule et sont déguisement commençais déjà à lui donner l'impression d'être ridicule. D'ordinaire la jeune fille était quelqu'un de patient qui, par le biais de ces études devait avoir cette capacité rare à ne pas ce laissé dépassé pas les évènements, or à ce moment précis Lou ce sentait affreusement seule et mise à l'écart. Un prodigieux bon vers le passé. La jeune fille n'avait pas bougé de sont tabouret depuis le début de la soirée mis appart pour essayer d'entré en scène et pour tout vous avouer, la prestation de l'adolescente n'avait pas servi à grand chose ce qui avait pour don de la renfrogné d'avantage. Elle tournait nerveusement sont verre entre ces doigts, en pleine réflexion sur la façon discrète de s'enfuir des lieux pendant ce temps ces voisins changeait constamment, ne faisant pas réellement attention à ce détail la jeune fille continuais de boire son verre avant d'entendre une phrase lui étant destiné.« Alors comme ça, t'as choisi Joan Jett ? »
Sur cette question Lou fit un quart de tour en direction de son interlocuteur pour ainsi découvrir le visage d'un jeune homme si bien incrusté dans la peau de Charlie Chaplin. L'adolescente sourit alors en le détaillant du regard, certes son regard était fasciné car le personnage collait à la perfection au jeune homme. Reprenant alors le fil de la question car celui-ci aurait pensé qu'elle ne daignerai pas répondre, Lou s'adressa à lui.

- Oui en effet, je sais que ce n'est pas très imaginatif mais c'est la seule personne qui était susceptible de me collé à la peau alors j'ai craqué pour le déguisement en tout cas Charlie Chaplin te va à ravir.

Sur ces mots, la belle prit le temps de finir le reste de son verre en laissant couler les dernières gouttes jusqu'au fond de sa gorge. Réhydraté comme elle le souhaitait Lou fit un nouveau tour en direction de l'inconnu en chantonnant une chanson qui apparaissant dans un Charlie Chapin qu'elle connaissait bien mais dont le nom restait vague. Elle n'envisageait en rien de faire fuir son nouveau voisin de tabouret mais elle comptais bien profiter de cette soirée un minimum avant de s'enfuir dans un petit trou de souris.

- Vous désirez boire quelque chose ?

Elle aimait également rester polie, bien que partager un verre avec un inconnu était dans ces habitudes il n'était pas dans son idée de faire quoi que ce soit de lui. Peut-être qu'à la fin de cette soirée ils riraient ensemble, c'est serait la dose d'amusement qu'il y aurait tant manqué durant cette soirée.