Bal masqué
Topic commun pour les friands de ragots croutillants et d'histoires tordues.

« Vous avez 1 nouveau message, reçu à 6h49 :
BIP. Miss Williams, rendez-vous dans la salle de réception, dans 45 minutes. Aucun retard ne sera toléré, et tenue de travail obligatoire. »

Mes paupières s'ouvrirent lentement, au message de mon répondeur. J'essayais en vain d'assimiler les informations qu'il venait d'envoyer à mon cerveau endormi, mais rien ne semblait s'aligner correctement dans ma tête. Il me manquait mon café, oui c'était ça. Mon café indispensable extra noir, pour me mettre en pleine forme. Il me le fallait tout de suite, maintenant. Je me levai tranquillement de mon lit, me dirigeais vers mon téléphone pour l'empêcher de répéter le message, que j'allais ignorer royalement jusqu'à que je commence à travailler. Qui avait bien pu m'envoyer un message à 6h49 ?! Mes heures de travail était fixées entre 8h00-13h30 et 14h-22h30. Je l'avais bien spécifié sur la porte de ma chambre, à mon bureau, aux employées de l'étage, sur les fiches installées dans les cabines de la première classe, ainsi qu'annoncé dans mon répondeur ! Les gens de nos jours ne savent plus respecter qui que se soit...
Je me dirigea mollement dans ma petite cuisine, me servir mon café habituel du matin, quand soudain, je m'arrêtais brusquement. Cette voix, elle me disait affreusement quelque chose. Je laissai la machine en marche, faisant couler le mélange fort et brûlant dans la petite tasse que mon frère m'avait offerte lors de notre voyage en Amérique, et me précipita sur mon téléphone, en manquant de casser l'appareil, à force d'appuyer sur les boutons abîmés avec le temps. Oh non ! C'était bien ce que je pensais. C'était lui ! Le pouls de mon cœur s'accéléra, et le stress commença à monter. Comment avais-je pu ne pas reconnaître la voix froide et cynique de mon supérieur tyrannique ?
Je regardai rapidement ma montre - 7h00, j'avais exactement 34 minutes pour me préparer. Je fonçai à la salle de bain, en manquant de m'étaler sur le sol glissant, me brossant les dents à toute vitesse tout en essayant de coiffer mes cheveux lisses. Je les attachais rapidement en chignon, me maquilla le plus vite possible, enfila en un éclair mon uniforme en n'oubliant pas la petite touche de parfum, pour laisser flotter un air fruité autour de moi. Je vérifiai chaque détails de mon apparence, et étant satisfaite, je me précipitai dans le couloir. Je refis brusquement marche arrière, en repensant à mon tasse qui devait être remplie depuis bien longtemps, et remarquai qu'elle avait complètement débordée. Je jurai un instant, et laissa rapidement un message chez Alice, une charmante femme de ménage, lui priant de bien vouloir nettoyer grosse tache de café sur le sol. Ce n'était peut-être pas très juste de ma part, mais je n'avais vraiment pas le temps de le faire maintenant, de plus, si je ne me dépêchais pas, j'allais arriver en retard. Et bonjour la réduction de salaire.
J'arrivais enfin à bon port, à 7h35, exténuée. La salle de réception était en pleine décoration pour le grand bal de ce soir, auquel je n'étais pas invitée, évidemment. Est-ce que la Chef de Cabines a le droit de s'amuser et boire jusqu'au bout de la nuit ? Non, certainement pas. Le travail passait avant tout. De plus, je ne voulais pas y aller, danser c'était pas mon truc, et voir des passagers faire n'importe quoi, me mettait profondément mal à l'aise.
Je cherchai mon supérieur des yeux, quand je l'aperçus en train de discuter avec un serveur. Une grimace non identifiable s'exprimait sur visage, durci par la colère. Il vociférait des paroles je n'arrivais pas à comprendre, quand soudain son regard se braqua sur moi. Je m'arrêtais net, je sentais sa frustration parcourir toute mon échine. Mais la dureté de ses iris se calmèrent et il laissa le pauvre serveur en plan, avec une réduction de salaire.

- Miss Williams ! Pile à l'heure, comme toujours, s'exclama-t-il.
- Bonjour Mr Smith. Comment allez-vous ?
- Mal, très mal. Mais heureusement que vous êtes là, j'ai besoin de votre sens du détail. Dites-moi, comment trouvez vous l'agencement de la salle ?
- Je la trouve parfaite, monsieur, dis-je en jetant un coup d'œil rapide dans la pièce.
- J'en étais sûr. (Il marqua une pause) Vous savez, je pense que vous avez assez travaillez ces dernières semaines. J'ai reçu beaucoup d'éloges à votre égard, et j'aimerais vous remercier de votre travail parfait, en vous accordant une journée de congé, ma chère.

Une journée de congé ? Sérieusement ? Impossible, Mr Smith ne donnait jamais de jour de repos, à qui que ce soit. En fait, il ne donnait jamais rien, il était bien trop égoïste et égocentrique pour penser aux gens qui l'entouraient. Sur mes deux années de service, il ne m'avait accordé que quelques heures de pause, environ tous les deux mois. Mais jamais une journée entière ! Malgré le grand sourire qui s'étalait sur mes lèvres, je sentais que quelque chose clochait. Il manigançait encore un plan tordu dont lui seul en avait l'imagination. Qu'allait-il me réserver cette fois ? Comme ci, ce lundi dernier, où il m'avait obligé à trier toute la réserve des ustensiles de cuisine ainsi celle qui servait de dépôts pour objets en tout genre, en me spécifiant que j'avais du temps à perdre (ce qui était faux d'ailleurs), n'avait pas suffit.

- Une journée de repos ? Oh non, vous n'êtes pas obligé, monsieur. Je n'en ai pas besoin, répondis-je d'une voix chaleureuse.
- Mais si, allez. C'est votre jour aujourd'hui ! Profitez-en !
- Si vous insistez autant, alors merci beaucoup. Je vous promets de me remettre à la tâche demain, à la première heure.
- Je n'en attendais pas moins de vous. Au fait, j'ai oublié de vous spécifier une chose.

Aïe. Voilà ce que je redoutais. Un mot certifiait ma pensée suspicieuse : "spécifier", c'était son verbe favoris. Il vous faisait croire tout et n'importe quoi, jusqu'à que ce mot sorte de sa bouche, toujours formée en un rictus déplaisant. Vous savez, ce sourire compatissant, cependant accompagné d'un air sadique, avec des yeux de faucon qui prennent un malin plaisir à observer la moindre réaction de votre visage. Oh que oui qu'il sait quand vous êtes angoissé, ou énervé, ou que vous n'en pouvez plus de lui et de ses manières quelques peu excentriques. Il le sait, c'est tout. C'est là qu'il m'annonça que je devais aller au bal, la seule fête auquel je ne voulais pas aller. Et ça aussi, il le savait ! Il avait dû le deviner, lorsque j'aidais à écrire la liste des préparatifs. Il avait sûrement remarqué mes yeux fuyants qui devaient exprimer une certaine exaspération. Et là, je ne pouvais pas esquiver sa requête. Je devais y aller, pour servir les voyageurs et leur faire passer un agréable moment. Il me spécifia que je n'étais pas obligée de danser, et heureusement, mais que je devais juste m'assurer du bien-être des passagers, et bien entendu de surveiller la soirée. Rien que ça. C'était quand même mon travail de base, un métier que j'adorais faire, mais pas dans une salle entourée d'une centaine de personnes, qui de plus, risquaient fortement de finir la soirée avec un verre de trop dans le nez.
Mr Smith m'offra même le masque pour la soirée, magnifique au passage, en me précisant que de superbes robes venaient d'arriver, et qu'il m'en avait fait réserver une qui m'attendait patiemment dans ma suite. Il avait vraiment tout manigancé, et jusqu'au bout ! En n'oubliant aucun détail. Il fallait avouer, que c'était un supérieur exceptionnel, et maître dans l'art de bien faire les choses.
Je repartis un peu dépitée, après mon entretien avec mon patron. Je me devais de respecter sa requête, en plus, je lui avait promis de lui donner un compte-rendu de la soirée. Impossible de m'esquiver. Voyons le bon côté des choses enthousiaste comme je suis, je pourrais sympathiser avec les passagers, sans qu'ils ne connaissent mon visage. Un atout fort plaisant qui me mit tout de suite de bonne humeur. J'allais pouvoir me détendre un peu, et essayer d'oublier cette pression quotidienne, mais qui me prouvait que j'étais toujours à fond dans mon travail. Qu'est-ce que je ferais sans mon métier de rêve ? Je n'en sais vraiment rien.

La soirée arriva plus vite que prévu. J'enfilai la robe que Mr Smith m'avait soigneusement choisi : une robe digne des duchesses du temps de Versailles. Rouge foncée, elle rendait ma silhouette encore plus svelte qu'elle ne l'était déjà. Le masque argenté avec quelques paillettes écarlates sur les bords, donnait à mon visage, que j'avais maquillé un peu plus que d'habitude, un air mystérieux mais élégant. J'étais plutôt satisfaite de ma tenue, et cela l'emportait sur ma mauvaise volonté à me rendre à cette fête. Je m'y rendais, de bonne humeur. J'avoue que je n'allais pas à l'ouverture de la salle, mais une petite heure après, laissant le temps à la plupart des passagers d'arriver. Ainsi, je me fonderais mieux dans la masse.
Lorsque j'arrivai, je fus surprise par le changement radical d'ambiance. La pièce était magnifiquement bien décorée, les lumières donnaient une atmosphère classe et chic, les meubles typiques du XVIIe siècles nous transportaient dans une toute autre époque. Mr Smith avait du goût, et avait parfaitement réussi son pari : de rendre la première fête du bateau inoubliable.
Il y avait énormément de monde, tous bien déguisés maquillés, et je me sentis un peu pitoyable avec mon petit masque argenté en aperçevant un magnifique masque qui venait sûrement tout droit de Venise. Malgré tout, je remarquai que quelques hommes se retournèrent sur mon passage, est-ce que je devais trouver cela bien ? En vérité, je ne sais pas.
Je me rendis dans un endroit un peu tranquille, espérant échapper au brouhaha incessant. Certes, cela ne s'améliorait pas vraiment, mais je sus me dégoter un petit canapé, afin d'y siroter paisiblement ma coupe de champagne gentiment offerte par un serveur qui passait par là. Je le reconnus même avec son masque noir, c'était Steve le petit nouveau qui s'occupait de servir les verres au restaurant, tandis que lui ne fit même pas attention à moi. Il me considéra comme toutes les autres clientes, et c'était sûrement le masque qui en était la cause. Amusant, personne ne me reconnaissait, et bien, tant mieux. Je souriais délicieusement à cette perspective, mais ravala rapidement mon sourire lorsque je remarquai que depuis une bonne trentaine de minutes, je n'avais toujours pas sympathisé avec qui que ce soit. Trop solitaire pour aller vers les autres ? Oui c'était sûrement ça. Et j'allais surtout passer le reste de la soirée seule, si je continuais ainsi. Ma bonne humeur s'envola, comme chassée par un vent trop fort, et je descendis mon verre d'un coup sec, tout en espérant que quelqu'un ait le courage de venir m'adresser la parole...

PS : Désolée Rahel mais comme c'est mon premier post sur le fow' et que j'avais pas d' idées niveau présentation, j'ai un peu beaucoup recopié sur toi =S. Tu m'en voudras pas hein?

Kathalina s'étira longuement. Cette disertation sur la 1ère guerre mondiale était vraiment ennuyante. Franchement, pourquoi étudier le passé? A quoi sa sert? Oh, et toutes ces horreurs... vraiment dégoutant. Attention ce n'est qu'elle sans coeur, cella rendait vraiment triste pour ces victimes et leur famille, mais elle ne voyait pas vraiment l'interêt. Elle bailla, pensant à ce soir. Le Royal Majestic avait organisé un bal masqué. Kathalina avait littéralement sauté de joie à cette nouvelle. Une nouvelle occasion de porter une magnifique robe, de s'offrir les soins de beauté qui s'imposent, et, le petit truc en plus, de porter un joli masque. Kath' avait chercher lontemps sur internet, voulant trouver LE masque. Et elle l'avait trouvé. En noir, sa couleur favorite, avec des roses noires sur l'un des coté ainsi que des plumes elles aussi noires du même coté que les roses. Elle se leva et repris la boite dans laquelle il se trouvait, de même que sa robe venue d'Angleterre sous la direction de son père. En prenant la boite, un petit mot tomba du couvercle.
"Ma chérie
Le masque que tu a commandé est bien arrivé. Je te le renvois rapidemment via ma poste qui se rend jusque sur le bateau. Ta mère et moi allons bien même si elle reste contrariée par ton départ. Malgrés tout, elle me demande de t'écrire que tu sera sublime lorsque tu les mettra.
Nous T'aimons"
Kathalina regarda le papier froissé. Elle soupira encore une fois mais se reprit très vite, pensant à cette superbe soirée en perspective. Finalement, après avoir reposé le carton, elle se rendit dans sa salle de bain histoire de se préparer comme il se doit.
Sur les yeux, un joli smoky eyes. Même si on aurait du mal à les voirs, ses yeux bleus ressortiront encore mieux. Un gloss rosé et légé sur les lèvres. Une très très légère touche de blush sur les joues. Un peu de paillettes sur le haut de la poitrine...
Elle décida de ne pas lisser ses chveux pour une fois. Du coup, elle les laissa tomber dans une cascade d'ondulations blondes sur ses épaules. Elle enfila sa robe. Une robe magnifique : sans manches, avec un bustier de dentelle rouge foncé sur fond noir avec un jupon de satin noir bouffant. Elle enfila ses escarpins vertigineux en cuir vernis noirs aux talons rouges. Puis, mis son masque.
Elle se regarda dans la glace et pour une fois fut satisfaite de son apparence. Elle avait l'air d'une princesse.

Arrivée dans la salle, Kathalina ne put retenir une exclamation d'admiration mêlée à de l'amusement. Sur son passage elle crut reconnaitre Rachel Williams, sa chère ennemie. Mais elle avait du se faire des idées. Cette femme était trop élégante pour être elle. Un jeune homme arriva doucement vers elle et lui tendit sa main. Alors Kathalina laissa apparaître un sourire malicieux sur son visage et se laissa entrainer sur la piste...