Jules était allongée sur un lit, s’égarant dans l’immensité de la suite. Ses pupilles étaient d’une somptueuse couleur noisette. Ses grands yeux en amandes se perdait dans le vide et ses ravissants cheveux auburn étaient étendus autour de son visage de porcelaine. À sa chevelure était mêlé de magnifiques anglaises. Deux pommettes légèrement rose ressortaient sur son teint cireux et un ravissant sourire s’esquissait sur son doux minois. Ses lèvres vermeilles, brillaient sur sa peau lisse. Le poupon semblait fragile et délicat, ne pouvant que se briser à tout moment. Le temps semblait suspendu...

Jules telle une poupée vivante se ranima soudainement. Ses sens se réveillèrent et elle regarda autour d’elle l’air inquiet. Elle c’était évadée seulement quelques instants mais bien trop longtemps à son goût. Elle se leva et marcha, engourdie, en direction de la salle de bain. Sa démarche était gracieuse et légère. Jules qui continuait d’avancer, était de nouveau dans ses pensées. Elle réfléchissait à sa carrière de danseuse étoile, à la vie qu’elle aurait après cela et à la richesse qu’elle accumulerait... Jules revint rapidement à la réalité et elle se souvint douloureusement qu’elle vivait chichement. Sa suite était de petite taille et elle faisait bel et bien partie des Silver. Pourtant, la jeune femme trouvait sa chambre bien trop grande. De plus, elle n’y restait jamais très longtemps et n’avait que rarement l’occasion de se plaindre de sa situation qui n’était pas des plus misérables. Elle préférait s’amuser dans les différents lieux du bateau et vivre pleinement son jeune âge. Elle aimait danser, rigoler, virevolter, jouer, patiner, nager, visiter des lieux merveilleux et passer ses journées avec ses amies. Brusquement elle eut l’impression de réfléchir avec billevesée. Jules rougit. Elle se trouvait à présent dans la salle de bain et décida de se rincer le visage. La sensation de l’eau glaciale sur sa peau lui était agréable. Elle prit une serviette et la sécha avec délicatesse. Enfin, elle prit une jupe, un t-shirt, une paire de ballerine et une paire d'escarpin posé sur un meuble, qu’elle mit dans un sac. Quand elle sortit de la salle de bain, elle enfila une veste, prit un trousseau de clé puis quitta sa suite. Ses pas résonnaient dans le long corridor et ses boucles se balançaient délicatement sur ses épaules à la cadence régulière de ses pas. Il arrivait que certaines de ses mèches vinrent à caresser son doux visage ce qui lui était plaisant. Jules se dirigeait vers la salle de danse pour s'entraîner et pour la première fois elle s'y dirigeait, aboulique. Elle était fatiguée et avait terriblement mal aux pieds. Soudain une idée lumineuse lui traversa l'esprit. Elle regarda le trousseau de clé qu'elle tenait dans les mains, sournoisement. Cathlyn le lui avait donné pour qu'elle puisse avoir accès à la salle de danse en toute liberté mais elle pouvait aussi si elle le souhaitait ouvrir le bureau secret de son professeur. Jules savait parfaitement bien que cela ne se faisait pas et que si on la découvrait dans cette pièce elle serait certainement renvoyer des cours de danse. La jeune femme regarda les clés, pesant le pour et le contre. Elle se sentait troublée de ne savoir que faire, ce qui l'embêtait terriblement. Devait-elle réellement rentrer dans son bureau ? Elle n'en savait rien. Jules voulait savoir ce que Cathlyn pensait d'elle. Elle savait qu'elle gardait des dossiers de chacun des élèves et qu'elle pourrait avoir des réponses à chacune de ses questions. Jules décida qu'elle devait rentrer dans son bureau. Elle devait savoir si son niveau était assez élevé pour devenir danseuse étoile, pour réaliser son rêve le plus chère. Elle voulait être sûr qu'elle ne se voilait pas la face. La demoiselle arriva devant le petit office et l'ouvra sans plus aucune hésitation. Elle y entra puis ferma la porte derrière elle. Elle commença à chercher son dossier. La pièce était sombre, petite et des feuilles étaient entassées un peu partout. Elle souleva plusieurs documents, regarda dans des tiroirs et dans des boîtes. Elle trouva enfin un carton où se trouvait les dossiers des danseuses. Mais elle ne voyait toujours pas le sien. Soudain elle trouva un petit carnet qui attira son attention. Il était complètement différent de tout les autres qu'elle avait pu trouver jusque-là. Celui-ci avait l'air beaucoup plus ancien et pourtant encore en très bon état. Curieuse, elle l'ouvrit délicatement et vit des articles de journaux qui parlait d'un accident, puis un de la fin de la carrière de Cathlyn, un autre de ses talents et un dernier du Royal Majestic. Jules ne comprenait pas vraiment à quoi servait cela. Elle déposa le petit calepin et se remit à la recherche de son dossier. Soudain elle entendit des voix s'approcher. Et s'il s'agissait de danseuses ? Ou pire, de Cathlyn ? Elle quitta précipitamment le bureau, le ferma à clé et rentra à toute vitesse dans la salle de danse. Après plusieurs minutes d'attente elle ne vit personne rentrer et compris que c'était une fausse alerte. Mais elle ne voulait plus retourner dans le bureau, trop effrayée. Elle en avait la chaire de poule, tremblait encore et avait son cœur qui battait fortement et rapidement. Elle décida d'aller se changer. Après s'être habillé de manière convenable pour la danse elle rassembla ses cheveux en un chignon. Elle tira une dernière fois sur sa jupe puis commença des assouplissements et s'échauffa en travaillant notamment sur la barre devant le grand miroir de la salle de danse. Elle fit des ronds de jambe, des frappés, des battements, puis commença à enchaîner des mouvements. Elle tourbillonnait, voletait, scintillant de mille feux. Elle aimait énormément la danse classique. Malheureusement pour elle, aujourd'hui, quand les danseuses et Cathlyn arriveraient, elle peaufinerait ses pas de tango. Cet art demandait beaucoup de sensualité et de souplesse. Bien entendu Jules c'était entraînée pour acquérir ces deux points essentiels. Elle fit encore quelques arabesques sur la barre et décida de faire quelques mouvements de danse classique. Elle prit ses ballerines et attacha les beaux rubans de satin.

La danseuse, se mouvait, le buste droit, prenant appui sur la cambrure de ses pieds. Ses jambes puissantes l'élevaient avec vigueur. Cette étoile brillait, scintillait, se déplaçant rigoureusement et enchaînant harmonieusement les différentes postures. L'éclat de son corps céleste, parait ses gestes vigoureux et amples. Cet astre chatoyait sous le firmament et rayonnait son sourire délicat et son attitude gracieuse, pouvant illuminer les regards de ceux qui la contemplait. Cette perle lumineuse, faites d'or et diamant, tournoyait avec légèreté et habilité. La danseuse précieuse et fragile, s'épanouissait, rendant l'art qu'elle aimait, voluptueux, aérien et calme. Son reflet miroitait dans la glace tel une comète. Elle filait, virevoltant sous le dôme sombre...

Jules termina sa chorégraphie en prenant sa jambe tendue dans sa main de manière à former un y. La demoiselle enleva sa paire de ballerines qu'elle alla déposer dans son sac et en sortit une bouteille d'eau. Après avoir bue quelques gorgées, elle entendit des pas s'approcher. Elle mis sa paire de ses escarpins sans conviction. Elle ne savait pas encore si dès aujourd'hui elle allait danser avec. Jules sortit de ses pensées en entendant la poignée de la porte s'abaisser, l'accès s'ouvrit. Une personne rentra dans le studio de danse....