- Allez Jules, on est presque arrivées ! Je te rappelle que c'était ton idée d'aller voir les manchots ! D'ailleurs, je sais pas pourquoi ça te tenait tellement à coeur, des manchots, on en voit tous les jours sur le bateau !

Jules rit suite à ma remarque, et je ris de même. Mais après quelques secondes, je me remis à supplier ma meilleure amie, qui s'était assise dans la neige, de se relever pour qu'on puisse continuer notre marche. Il faisait froid ici, et la nuit tombait tôt. Je ne tenais pas à mourir d’hypothermie, non merci. Je regrettais sincèrement de m'être lancée dans cette escapade. Je n'aurais jamais dû accepter d'aller avec elle me promener avec elle, entre les montagnes et la mer, dans le but d'aller voir des pingouins. « Nan c'est pas des pingouins Cherrie, c'est des manchots ! Des manchooots ! » Je me rappelais encore la veille, quand j'avais osé dire à Jules que des pingouins, si je voulais en voir, je pouvais aller au zoo. Hilary et Kathalina ne pouvaient s'empêcher de rire alors que j'étais entrée dans un débat avec Jules pour connaitre la différence entre un pingouin et un manchot. Néanmoins, aujourd'hui, j'avais été la seule à accepter d'aller avec ma meilleure amie visiter Ushuaïa. Les deux autres avaient trouvé des excuses bidons pour ne pas venir avec nous. Moi, de mon côté, je ne voulais pas que Jules y aille toute seule, c'était bien trop dangereux. De plus, je n'avais rien d'autre à faire, mais vraiment rien d'autre ! Alors quitte à m'occuper, je préférais allez marcher dehors, et observer ce splendide paysage, plutôt que de rester dans ma suite, à observer le papier peint beige orné de fleurs que j'avais déjà bien trop vu, et que j'allais voir encore longtemps...

Après plusieurs minutes, Jules se leva et secoua sa main que j'avais serré peut-être un peu trop fort. Elle ramassa son sac à dos, je fis de même et nous nous remîmes en route. Nous étions déjà bien loin de la ville et du bateau. Surtout du bateau ! Le paysage qui s'étendait devant nous était entièrement blanc. Je regardais à gauche : du blanc, à droite : du blanc, devant : du blanc, et derrière.... du blanc ! J'en avais mal aux yeux. Des larmes coulaient le long de mes joues à cause du froid. Oui le froid. J'avais beau m'être habillée le plus possible, je n'avais pas eu de quoi me satisfaire entièrement, une combinaison de ski par exemple. J'avais opté, ce matin, pour un tee-shirt simple, un pull en laine, une veste épaisse, une écharpe, un bonnet et des gants. En bas, j'avais des collants, un jean et des bottes fourrées. Et encore, ce matin j'avais hésité à mettre ou pas mon pull en laine. Heureusement que je l'avais mis, heureusement ! Perdue dans mes pensées, je marchais, mes pieds s'enfonçaient dans la neige presque jusqu'à mon genoux. La couche de poudreuse blanche m'empêcha de voir le cailloux qui se trouvait devant moi, et évidemment, je tribuchais dessus, me vautrant lamentablement dans la neige. J'entendais Jules rire derrière moi, alors que je me débarassais de la neige que j'avais dans la bouche. Je me relevais, mais restais assise dans la neige. Je fusillais Jules du regard, mais son rire était contagieux, et je ne pus empêcher le fou rire de me gagner. Au bout d'un moment, je réussis à me calmer et à dire à ma meilleure amie :

- On va déclencher une avalanche si on continue comme ça ! Sur ma tombe, j'espère qu'on écrira '' Tuée par une avalanche déclenchée par sa meilleure amie, Jules, alors qu'elle l'accompagnait pour aller voir des pingouins. ''

Et nous reprîmes de plus belle à rire. Désormais je n'avais plus envie de me lever, être assise dans la neige à rire avec ma meilleure amie était plus intéressant que d'aller voir des pingouins. Des manchots pardon. Je regardais autour de moi, et vis, à une cinquantaine de mètres, un endroit qui paraissait bien pour s'arrêter. Certes il y avait de la neige, mais l'endroit était un peu protégé des possibles chutes de neige. Je me relevais alors, et tirais Jules par la manche pour qu'elle me suive. Après avoir marcher (le trajet me sembla plus long que je ne l'avais jugé) je me laissais tomber dans la neige. Je mis mon sac comme coussin et me couchais, observant la mer qui s'étendait à une centaine de mètres devant moi. C'était beau. Par si par là, des morceaux de glaces flottaient sur l'eau. La berge semblait gelée, pas étonnant à vrai dire. Ma meilleure amie prit place à côté de moi. Mon estomac gargouilla bruyament, et nous rîmes à nouveau. Je sortis alors un sandwich que j'avais fais et commençais à le manger.
Soudain, de la neige commença à tomber. Des petits flocons, tout d'abord, qui se transformèrent rapidement en gros flocons. Je posais alors mon sandwich sur le papier sulfate, et me levais. Nous étions un peu abrittées de la neige, mais là, je ne voulais plus l'être. La dernière fois que j'avais vu de la neige tomber, c'était, c'était... Avec ma mère... Un soir, je l'avais trouvée dehors, soûle. Alors que je m'afferais pour la ramener à la maison, la neige avait commencé à tomber, doucement, couvrant la ruelle sombre et crasseuse d'un fin manteau blanc. Sous la neige, tout semblait différent. La rue me semblait bien plus belle, comme si les cadavres de bouteilles et les nombreux déchêts apparants n'existaient plus, recouvert par la neige. Alors que j'étais entrain de tourner sur moi même, et que, petit à petit, mon bonnet noir devenait blanc, je laissais une larme couler le long de ma joue, pas à cause du froid, mais bien à cause des souvenirs douloureux qui me revenaient à l'esprit. Mais je ne voulais pas gâcher ce merveilleux moment en compagnie de Jules.

- Hé Jules, tu te rappelles un jour où il neigeait, un dimanche matin, et que j'étais allée à Central Park. On s'était vu et on avait fait une bataille de boules de neige ! Je me souviens que je t'avais mis de la neige dans ton tee-shirt ! D'ailleurs... Je vais recommencer !

Je pris une poignée de neige et me précipitais sur mon amie avant qu'elle n'ai le temps de réagir suite à ma remarque. Rapidement elle se trouva la tête dans la neige et de la poudreuse dans le tee-shirt. Moi j'avais perdu mon bonnet et mes cheveux étaient en bataille. Je me levais alors et courrais pour lui échapper. Je fis alors une boule de neige et lui fis signe de venir.

- Va-y, viens, je t'attend !

Je lui fis un clin d'oeil et nous rîmes ensemble.
Je regrettais souvent que ces moments d'insousciences, ces moments qui ressemblaient tellement à ceux que je passais étant enfant, ne soient pas plus courant. L'enfance est la plus belle période de la vie, et pourtant, on ne s'en rend même pas compte...

Jules tourna sur elle-même regardant émerveillée le paysage immaculée qui s’offrait à elle. Les vastes plaines enneigées miroitaient des reflets argentés, sous le soleil d’Ushuaïa. Elle avançait doucement, profitant de ce lieu magique, oubliant presque qu’elle était accompagnée de Cherrie. La jeune demoiselle, elle, ne semblait pas sous le charme du paysage et essaya même de lui faire accélérer la cadence pour arriver le plus rapidement possible aux glaciers. Elle lui déclara même ceci :

- Allez Jules, on est presque arrivées ! Je te rappelle que c'était ton idée d'aller voir les manchots ! D'ailleurs, je sais pas pourquoi ça te tenait tellement à coeur, des manchots, on en voit tous les jours sur le bateau !

Jules après avoir écouté ses paroles sentit un sourire s’esquisser sur son visage et se mit à rire. Celui-ci fut très vite communicatif et Cherrie à son tour rigola. Jules en profita pour s’assoir dans la neige, contemplant l’étendue recouvert d’une feuille d’argent et les montagnes enchevêtrées. Mais son amie ne sembla pas de cette avis et elle la supplia de continuer d’avancer. Voyant que cela n’avait aucun effet, elle étreignit son poignet afin qu’elle se lève mais Jules resta assise dans la neige. Une douleur s’engoua autour de son articulation. La demoiselle se leva au bout de quelques minutes et agita sa main essayant de dissiper son mal. Elle se mit de nouveau à avancer au côté de son amie et pensa à ce qu’il c’était passé la veille. Quand elle avait demandé à Kathalina, Hilary et Cherrie si elles voulaient venir avec elle en excursion pour voir les glaciers d’Ushuaïa et leurs manchots. Elle c’était toutes les trois mises à rigoler, ce qui avait vexer Jules. Mais la demoiselle n’avait pas été prête à lâcher l’affaire. Seulement avant qu’elle puisse expliquer son expédition, Cherrie avait déclara ceci:

-Jules, si je veux voir des pingouins, je peux aller au zoo.

Jules l’avait fusillé du regard et avait répliqué:

- Nan, c'est pas des pingouins Cherrie, c'est des manchots ! Des manchooots !

Après, elles s’étaient querellées contestant la différence entre les pingouins et les manchots. Pendant leur débat, Kathalina et Hilary ne pouvaient s’empêcher de rigoler. Pourtant Cherrie fut la seule au bout du compte à l’accompagner. Jules revint à la réalité, elle continuait d’avancer, s’enfonçant à chaque pas dans la neige. Le froid glacial la saisissait et son visage devait être, certainement, aussi blafard que celui de Cherrie. Seules ses pommettes et son nez étaient rougis. Comme elle, des larmes d’un éclat spectral coulaient sur leurs joues. Jules, était ankylosée mais à la place de s'abattre sur son propre sort elle préférait admirer le paysage. Des maelströms de neige se perdait dans l’immensité du désert glacial formant de temps à autre des congères. Quelques montagnes émergeaient du manteau neigeux cristallin, limpide. Des cristaux dorés illuminaient ce monde couvert de blanc. Seul le crépitement des pas sur la neige régnait sur ce paysage silencieux. Le ciel commençait déjà à s’assombrir et Jules s’inquiétait déjà. Elle regarda Cherrie et allait lui parler quand elle la vit trébucher. Jules ne put s’empêcher de rire ainsi que son amie qui la fusilla du regard, recouverte de neige. Quand Cherrie se calma, elle me dit:

- On va déclencher une avalanche si on continue comme ça ! Sur ma tombe, j'espère qu'on écrira '' Tuée par une avalanche déclenchée par sa meilleure amie, Jules, alors qu'elle l'accompagnait pour aller voir des pingouins. ''

Jules se remit à rire. Cherrie avait toujours le mot pour faire rigoler. D’ailleurs elle était toujours assise dans la neige, elle allait faire de même quand elle se leva et la tira par la manche. Elle se trouva emporté par son amie. Jules ne savait pas trop ce qu’elle faisait mais elle la suivait. Le moment était si agréable qu’elle ne voulait rien changer. Ses boucles voltigeaient selon le blizzard. Les deux jeunes femmes arrivèrent à un endroit charmant où elles étaient abritées par le vent et par les chutes de glaces. Elles s’assirent l’une à côté de l’autre. Cherrie prit son sac et l’utilisa comme oreiller. Elle se coucha sur le sol glacé et posa sa tête sur son coussin. Jules, elle, regarda la neige qu’elles avaient piétinées. Puis s’allongea comme Chérie. À son tour elle prit son sac et le plaça son sa nuque. Elle regarda le ciel flamboyant, ce drap de velours. Seuls les étoiles telles des diamants manquaient à ce linceul coloré qui couvrait le monde entier. Jules pensa à sa famille, elle lui manquait. Son père et sa mère avait toujours été là pour elle et c’était eux qui lui avait payé ce voyage à bord du Royal Majestic, malgré le peu d’argent qu’ils avaient. Elle aurait voulu encore les remercier mais ils n’étaient plus là. Elle se sentit soudainement égoïste, elle ne les avait toujours pas malgré la croisière qui avait débuté de puis un certain temps. Elle aurait aimé être toute petite pour se cacher. Elle sentit des larmes montés à ses paupières, mais elle ferma les yeux fortement et les sentit repartir au fin fond de son corps. Elle déglutit difficilement. Soudain elle entendit le ventre de son amie gargouiller. Elles rigolèrent toutes les deux. Jules un peu plus difficilement mais elle se promit de profiter de cette journée et de ne pas être égoïste en s‘acharnant sur son sort. Elle contempla la mer gelée pendant que son amie sortait un sandwich qu’elle commença à manger. Soudain la neige se mit à tomber. Des flocons venaient se poser sur Jules. Les deux amies se levèrent et sortirent de leur abris. Cherrie se roula dans la neige quand elle.

- Hé Jules, tu te rappelles un jour où il neigeait, un dimanche matin, et que j'étais allée à Central Park. On s'était vu et on avait fait une bataille de boules de neige ! Je me souviens que je t'avais mis de la neige dans ton tee-shirt ! D'ailleurs... Je vais recommencer !

Jules vit son amie prendre de la neige et avant même qu’elle puisse réagir elle s’élança sur elle. Elle se retrouva avec de la neige dans le t-shirt et b’imaginait même pas le reste des dégâts. Cherrie elle avait perdu son bonnet. Elle prit une boule de neige et elle me fit en signe l’ai de dire «viens, si tu es une femme»

Va-y, viens, je t'attend !

Jules se leva prit une énorme boule de neige et fit semblant de s’être faire mal. Cherrie s’approcha d’elle pour voir si elle allait bien et c’est à ce moment-là que Jules se leva. Elle prit sa grosse bouler de neige et la jeta dans la figure de Cherrie. Celle-ci tomba en arrière. On ne voyait plus son visage, trop recouvert de neige.

- Je t’ai eu ! D’ailleurs c’est ce que j’avais fait à Central Park.

Jules aida Cherrie à se relever et lui déclara:

- Tu sais tu n’as pas changé, tu es toujours la même...

Jules regarda Cherrie. Elle l'aimait vraiment... Elle la connaissait depuis beaucoup de temps et elle ne pouvait plus se séparer d'elle. C'était son amie, sa meilleur amie...