greene peace ♣

▬ Je suis certaine d'avoir vu passer un insecte là... Att... Aaaaaaaaaaaaaaah !

Comment en étions arrivés là, moi, recroquevillée dans mon sac de couchage, collée à Cathlyn, littéralement paralysée devant une araignée qui avait la taille d'une pièce de monnaie... Une pièce ! Et pas une petite pièce hein, une énorme, toute poilue, avec pleins de pattes... Enfin, je crois que je m'égare là. Pour en revenir à la cause de cette situation cocasse - dramatique plutôt - je crois me souvenir que c'était il y a quelques semaines. Alors que je me baladais sur le bateau - probablement lors d'une de mes journées de profond ennui (je vous rassure elles sont rares) - j'avais vu des affiches qui parlaient justement de différentes sorties organisées par le Royal Majestic, à l'occasion de l'escale prévue en Irlande. Il y avait un peu de tout, nuit passée dans un manoir - qui sincèrement ressemblait plus à une villa de film d'horreur qu'à autre chose -, fête de la St Patrick à Dublin, visite de Belfast, et enfin, deux journées et une nuit passées dans la nature Irlandaise, avec les montagnes comme seules compagnes. L'idée avait germé dans ma tête au fil des jours, et finalement j'avais décidé de m'y inscrire, et d'inscrire Cathlyn par la même occasion. Je voulais la faire bouger, la faire sortir, car elle passait tout son temps entre les quatre murs de sa salle de danse. Elle n'avait pas eu le choix d'accepter. Je l'avais forcé à faire ses bangages - en fait à remplir son sac, pas besoin de valise ni rien - et je l'avais forcé à embarquer dans la voiture qui nous avait conduis jusque ici.

Autant dire que je m'attendais à autre chose qu'à ça. Si j'avais accepté de faire cette sortie - ou plutôt si j'avais eu envie - c'était bien parce que je pensais que ces deux jours allaient me sortir de la vie monotone que je menais sur le bateau, qu'ils allaient me rappeler des souvenirs et que j'allais passer un bon moment. Je dois avouer que je ne m'étais pas trompée sur toute la ligne, mais avoir imaginé que ce moment ne serait que pur plaisir était tout simplement dingue. La première journée était passée plutôt rapidement. Une marche dans les montagnes, seuls avant la nature et les deux guides. Petite, je partais souvent en randonner avec mes parents pendant les vacances, parfois les balades duraient toute la journée, avec une pause à midi pour pouvoir manger. Cela devait donc faire une dizaine d'années que je n'avais pas fais ça, mais disons que c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Malgré des douleurs aux pieds, j'avais fini la journée dignement, espérant pouvoir profiter de cette nuit pour me reposer et pour être en forme le jour d'après. Erreur. Après un dîner improvisé, nous nous étions tous retrouvés dans nos sacs de couchage, à la belle étoile.

Et nous voici au moment présent, moi face à la même araignée que tout à l'heure. J'avais une peur bleue des insectes en général - mis à part les papillons, les coccinelles, les fourmis et ce genre de choses - et disons que ma peur des araignées relevait plus d'une phobie que d'une simple crainte. Je refusais de bouger, espérant que quelqu'un vienne me sauver de ma crise de tétanie. Hélas, il est bien difficile de compter sur des femmes qui sont, pour la plus part, aussi peureuses que vous. Je gardais mes yeux fixer sur la petite bête noire, refusant de la perdre des yeux. Ne pas savoir où elle était serait encore pire !

La nuit risquait d'être longue...

greene peace ♣

Sur le bateau la vie est assez monotone. Aujourd'hui on est Mercredi, et vous savez quoi ? J'ai pris un week end sabbatique ! Vous avez compris je suis totalement libre. Bon je dois bien vous l'avouez j'aurais préféré avoir mes jours de congé lorsque nous étions encore en Égypte, histoire de pouvoir faire farniente au soleil, mais bon les paysages irlandais c'est pas mal non plus ? Quoi qu'il en soi, je me suis inscrite à une excursion organisée par le bateau hier et j'ai vraiment hâte quelle commence !

Mardi. Dans ma petite chambre je fouille un peu partout pour retrouver un sac de randonnée que ma mère m'a offert pour mes 18 ans. Un sac kaki, avec des sangles un peu partout ainsi que plein de petites pochettes sur les côtés. Ce sac est surement très pratique mais qu'est ce qu'il peut être moche ... Je fais abstraction de la beauté extérieur du sac et m'intéresse maintenant à ce que je pourrais bien fourrer à l'intérieur. On a besoin de quoi pour faire du camping déjà ? Oui oui pour moi le camping c'est du déjà vu, j'en ai fais pas mal avec ma mère durant de nombreux étés en France . On partait se promener pendant des jours, on escaladait les monts, courait avec les brebis dans les pâturages... Des souvenirs merveilleux. Mais aujourd'hui ce n'est pas avec ma mère que je pars, je vous avouerais que cela me fais un peu mal au cœur, mais bon ma petite maman aimerais surement que je prenne du bon temps! Alors c'est ce que je vais faire : prendre du bon temps . Assise sur le bord de mon lit je réfléchis, puis commence à fourrer un tas de truc bien utile quand on pars en escapade : une gourde, quelques petites provisions (au cas où une envie de manger me prendrais d'un coup comme ça ), une couverture très fine mais bien chaude que l'on vends chez décathlon, une minis trousse de secours, une trousse de toilette ( brosse à dent, dentifrice, lingettes, et un peu de poudre pour garder le teint frais c'est le minimum vous me direz !) sans oublier un paquet d'allumettes & mon légendaire sac de couchage vert pomme! Il ne faut jamais oublier les allumettes question d'expérience ! Sur le dessus j'enfouis un t-shirt de rechange et un pantalon long de rechange également. Deux trois paires de chaussettes et bien sur des sous vêtements. Il est minuit, mon sac me semble près ... Je peux donc allez me coucher en étant sereine.

La nuit fut très courte, j'étais debout à 8h15. Tellement excitée, cette excursion est ma première activité en extérieur depuis mon arrivée sur RM . Le groupe avait rendez vous à 10h30 sur le pont . Je ne connaissais personne, juste des têtes que j'avais déjà croisées sur le bateau, où peut-être même au bar. Ce serait certainement l'occasion de faire plus ample connaissance avec mes voisins de croisière ! Le trajet jusqu'au point d'arrêt pour la nuit avait été long. Très long ! J'avais mal aux pieds, les deux guides s'amusaient de nous ! Nous étions un groupe de filles, cinq filles rien que pour eux, il y a de quoi rire nan ? A peine étions nous arriver qu'il fallait déjà préparer le campement , autant dire qu'à ce moment là mon lit inconfortable me manquait terriblement (c'est la première et dernière fois que je dis ça). Mon sac de couchage installé, comme celui de toutes les autres demoiselles, nous nous regroupions devant le feu que venait d'allumer un de nos super guide. Le repas avait été plutôt sympa. Je restais en retrait voyant que certaines se connaissaient je préférais observer plutôt que d'essayer de m'incruster dans les conversations. Quand soudain, une des filles du groupe, une dénommée Sarah se mit à pousser un cri. Elle me pris par surprise et je ne pus retenir un petit bond de peur . Que se passait-il ? Pourquoi une telle frayeur d'un coup ? La réponse à mes interrogations vint très vite :

SARAH – Je suis certaine d'avoir vu passer un insecte là ... Att... Aaaaaaaaaaaaaaah


C'est alors que en tournant tous la tête nous avons aperçue une araignée. Petite araignée je vous l'accorde mais à mes yeux c'était Arragode dans Harry Potter. Je déteste les araignée, je peux supporter tous les insectes sauf les araignées . Je restais complètement paralysée. J'espérais au plus profond de moi que quelqu'un allait intervenir. C'est alors que je me souvins que nous n'étions que des filles dans la groupe... La panique redoublait, il fallait absolument faire quelque chose . Je sentis une main se poser sur mon épaule, c'était une main d'homme certainement celle d'un des guides, je lui chuchotais donc :

KALEIGH – par pitié faites quelque chose ...

greene peace ♣

Je parvenais difficilement à identifier la raison pour laquelle Sarah avait été subitement prise d'une envie absurde de découvrir la faune et la flore irlandaise. J'en venais à me demander comment moi-même, j'avais pu la laisser m'entraîner dans ce lieu pour le moins déroutant. Les capacités de résistance dont j'avais fait preuve avaient été bien minimes, comparées aux incroyables ressources que je possédais. Peut-être un semblant de curiosité imprévisible ? Quoi qu'il en soit, je me retrouvais dans un paysage bien méconnu. Je n'étais pas contre le fat de découvrir de nouveaux horizons, loin de là. Néanmoins, ce genre d'excursions était possible dans des conditions de confort bien supérieures... Nous étions toutes munies d'un sac à dos au point indescriptiblement lourd. Cela devait être la première fois que je campais et si la signification même du mot me paraissait étrangère, la multitude d'affaires (indispensables je tiens à le préciser) que j'avais emporté me paraissait soudain dérisoire. La journée de marche avait été relativement sympathique. Mes jambes musclées par la danse n'avaient pas souffert lors du périple et le fait de me retrouver avec Sarah le temps d'une journée en dehors du bateau s'était avéré assez reposant.

Les ennuis débutèrent le soir, lorsque seules m'entouraient les ombres inquiétantes d'une nuit à la belle étoile. L'éventualité de m'endormir au plus vite et de faire en sorte que cette soirée passe rapidement avaient disparu lorsque les premiers cris affolés de Sarah avaient retentit. Les piaillements aigus de mon amie avaient fait fondre mes bonnes résolutions, comme neige au soleil. Je me sentais bien seule malgré les silhouettes qui nous encadraient dans la pénombre. Alors que la quantité de mots incompréhensibles que Sarah déblatérait étant donnée sa peur panique de l'insecte m'enveloppait, une question fondamentale s'imposa à moi. Allions-nous vraiment dormir à même le sol au milieu de toutes sortes d'insectes et de bestioles plus ou moins sympathiques ? Je n'avais pas associé le camping en pleine nature à ce genre de choses. Je n'avais surtout pas eu le temps d'associer ou d'analyser quoi que ce soit après mon inscription forcée... Dans quoi m'étais-je réellement laissée entraîner ?

Pour en revenir au fait, il nous fallait désormais trouver un moyen de faire taire Sarah. Deux options différentes s'offraient à nous :

- La première, simple, efficace, quoi qu'un peu radicale : l'assommer d'un bon coup sur la tête. Ce qui me permettrait par la même occasion de prendre ma revanche. J'abandonnais néanmoins rapidement cette idée, sachant pertinemment qu'elle ne me le pardonnerait jamais.

- La seconde, plus raisonnable, mais également plus difficilement réalisable : parvenir à chasser l'araignée, pour que mon amie cesse enfin ses cris hystériques.

Ce cheminement de pensées, entrecoupé par les hurlements trop proches, commençait sérieusement à endommager mon système nerveux. Il fallait que je reste calme, ou je risquais d'ajouter encore du bruit au remue ménage ambiant. Sachant pertinemment qu'il fallait se saisir de l'araignée et de l'éloigner, j'eus du mal à m'y résoudre. Si je ne possédais pas le genre de peur panique de Sarah pour ce type de bestioles, il m'était tout de même difficile de m'en saisir à mains nues. Je jetais alors des regards désespérés aux jeunes filles qui nous accompagnaient.

"Quelqu'un aurait la gentillesse de nous aider ? Parce que je pense que je le regretterais un peu si je la tuais..."