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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »

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Anathéa D. Livingtson
THÉA ; you've got to see what tomorrow brings.

Anathéa D. Livingtson

✔ PRÉNOM : Silvia.
★ AVATAR : Lea Michele ♥.
© CRÉDIT : paranoid & tumblr.
✔ MISSIVES : 870
✔ ARRIVÉE : 12/03/2011
✔ BOULOT : Sur le Royal Majestic.
✔ PRINTEMPS : 25 ans.
✔ STATUT : libre comme l'air, mais douloureusement amoureuse d'Alaska.
✔ RÉPUTATION : 4
✔ JUKEBOX : rachel bilson - call me doctor.
✔ COMPTES : S. Mary-Jane Whiteley & Savannah B. Vasquez.

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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeVen 13 Mai - 17:48


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_ljvt0f9vtw...6no1_500-2a5141d


Alaska. Depuis que je l'ai revue, son visage me hante. La nuit, elle apparaît, vision d'horreur dans mes cauchemars. Faisant remonter à la surface tous les souvenirs que j'ai tenté d'enfouir pendant si longtemps : je la revois dans mes bras, inconsciente, juste après son accident ; je revois les bouteilles d'alcool qu'on cachait sous nos lits de l'internat, excitées à l'idée d'enfreindre les règles ; j'entends sa voix, sa belle voix lorsqu'elle chantait avec moi ; je revis les concerts qu'on allait voir, juste à côté des hauts-parleurs nous crachant la musique à tout volume directement dans nos oreilles. A cause de ça, je ne dors plus. Je dépéris. Je revis le coma, la léthargie qui avait suivi son départ, il y a désormais plus de cinq ans. Je suis désormais spectatrice de ma propre vie, un pâle reflet de ma petite personne... Ces dernières semaines ont été un enfer. Depuis cette stupide excursion dans ce manoir en pleine campagne irlandaise, depuis que je l'ai revue, la simple vision de son visage m'avait foutue dans une colère terrible. Toute cette rancune, cette douleur, cette haine, ces regrets que je pensais avoir éliminés étaient resurgis d'un coup. Et ils avaient, ou plutôt elle avait rouvert cette plaie que je croyais cicatrisée ; elle avait enfoncé un éclat de verre dans mon coeur, et oublié de le retirer. Et il me tuait petit à petit. Il me consumait à petit feu...

Tout est de sa faute. J'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur de la situation, de ne pas réussir à la gérer le fait de l'avoir revue, après ces longues années. Peur de devoir à nouveau tout recommencer, de refaire les mêmes erreurs, de lui faire confiance à nouveau. J'ai mis tellement de temps, d'application, de volonté, à essayer de reconstruire ma vie, et voilà que, d'un seul regard, elle réussissait à tout faire foirer. Pouf, à la poubelle ma vie. Et pourtant... Pourtant, elle me manque. Elle me manque à en crever. Moi qui pensait l'avoir oubliée... Ma soeur... Avez-vous déjà imaginé voir votre propre soeur disparaître ? Devoir la considérer comme morte pour faire votre deuil au mieux ? J'ai eu l'impression de voir un fantôme. Une pâle copie d'elle-même, une vulgaire de moi-même.

Je deviens folle. Enfermée dans ma cabine, couchée sur mon lit, j'ai envie de hurler, de tout casser. De rester sous ma couette à regarder dans le vide pendant des heures. J'ai envie de boire. Boire, me souler un bon coup, comme je le fais pratiquement un soir sur deux depuis nos "retrouvailles". Je roule jusqu'à l'autre bout du matelas, pour prendre la flasque remplie à ras bord de whisky posée sur ma table de nuit. En m'allongeant pour la prendre, j'aperçois mon reflet dans le miroir au fond de la chambre. Je ne me reconnais pas. Je m'assied sur mon lit, lasse, en me frottant les yeux comme une ivrogne. Je suis une ivrogne. Je me lève difficilement, toujours en fixant la glace les yeux mis-clos, et m'en approche. Je me brosse les cheveux, m'habille lentement, prends mon iPod et n'oublie pas mon whisky. Je bois une gorgée tout en sortant, puis une autre, et deux, et trois encore.

J'ai la tête qui tourne. Mes pas me guident, sans que je m'en rende compte, vers la parfumerie d'Alaska, pendant que je me soule, lentement mais sûrement. Mes écouteurs crient la voix de Adele et chaque parole semble prendre du sens, enfin.

« The scars of your love remind me of us... »

Les larmes sortent toutes seules. Pas par tristesse, non. Elles roulent sur mes joues pour la première fois depuis des années, ces larmes à la con. Mais simplement parce que je me sens suffoquer. Ma propre vie m'oppresse, un noeud dans la gorge m'empêche de respirer. Au fur et à mesure que les sanglots agitent silencieusement mes épaules, je sens cet étau se desserrer. Au fur et à mesure que la chanson avance, les souvenirs remontent. Je m'appuie contre le mur pour ne pas tomber. Je me laisse glisser par terre, assise, la tête sur les genoux. Je pleure à chaudes larmes, sans un bruit.

Des pas s'approchent. Puis s'arrêtent, pas très loin de moi. En levant les yeux tout doucement, j'aperçois les boucles blondes que je reconnaîtrais parmi milles autres. NON. Non, non, non, pas maintenant, pas ici... Je détourne le regard, l'ignore, repose mon visage sur mes jambes pliées. Je ferme les yeux, respire fort, j'essaye désespérément de calmer les martèlements de mon coeur qui se sont accélérés. Le temps qui s'écoule me semble infini... J'attends qu'elle me dise quelque chose, n'importe quoi. Rien que pour entendre sa voix nasillarde me briser le coeur à nouveau.


Dernière édition par Anathéa D. Livingtson le Mer 29 Juin - 15:33, édité 2 fois
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Alaska H. Young
bang bang ϟ i shoot you down

Alaska H. Young

✔ PRÉNOM : clémence
★ AVATAR : dianna agron
© CRÉDIT : riddle & tumblr
✔ MISSIVES : 2298
✔ ARRIVÉE : 14/10/2010
✔ BOULOT : dans ton coeur baby
✔ CITATION : massacrante
✔ PRINTEMPS : ving-cinq ans
✔ STATUT : passion destructrice pour Shane et Anathéa
✔ RÉPUTATION : 5
✔ JUKEBOX : attack - 30 seconds to mars
✔ COMPTES : nirvana t. prescott & pryska-liudmyla a. jablov

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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeJeu 26 Mai - 20:34

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lj8kkcVmGF1qax1qso1_500
I hate to turn up out of the blue uninvited, but I couldn’t stay away, I couldn’t fight it. I hoped you’d see my face & that you’d be reminded, that's for me, it isn’t over.


Alaska s'était attendue à des yeux cernés et vides, à l'aune de ceux qu'elle avait laissés. Au lieu de quoi Anathéa était de nouveau jeune. Elle avait une attitude solaire, à l'instar de celle qu'elle-même arborait au pensionnat. Obligeant les autres à graviter autour d'elle. Et Alaska la croyait morte, ou tout comme, droguée jusqu'à ne plus pouvoir penser. Au moment où tout s'arrangeait enfin, où elle parvenait à oublier vingt ans de sa vie, ils revenaient à elle au galop. Anathéa avait détruit en une poignée de secondes tout ce qu'elle avait mis si longtemps à reconstruire. Même Shane ne pouvait rien pour elle, elle n'était plus aussi sûre de ce qu'elle ressentait pour lui. Anathéa. Elle avait été plus qu'une sœur, un véritable cœur. C'était fusionnel, dangereux, et tellement délicieux. Elles avaient partagé bien plus que quelques année d'études et des bouteilles d'alcools. L'une était l'autre. Et, invariablement, il était dit qu'elles se retrouvent. Alaska aurait dû le savoir, depuis le temps. Mais non. Elle avait fermé les yeux, pansé sommairement les plaies béantes de son cœur et était partie. Et Anathéa était revenue. Elle avait l'air aussi surprise qu'elle de la revoir. Après tout, chacune se croyait morte. Et c'était plus simple, ainsi, de faire son deuil avec quelques regrets. Plutôt que de la revoir. 

Elle était si différente. Un pâle reflet, une copie dérisoire, bien loin de l'astre qu'elle fut. Tout comme Alaska. Pourquoi, pourquoi étaient-elles toujours à l'aune l'une de l'autre ? Pourquoi n'étaient-elles que deux poupées animées par la même force, qui les ramenait toujours, toujours, ensemble ? Qui tirait les ficelles ? Qui avait décidé qu'elles devaient souffrir à ce point de leur enfance, de leur vie, et des conséquences de choix sans bonne réponse ? Alaska retenait ses larmes. Son visage était crispé depuis ces dernières semaines, sans qu'elle ne parvienne à sourire. Ou même à vivre. Loque humaine. Lambeau de Râ, déchet. Non, elle ne pleurerait pas une amie, une ennemie. Elle ne gaspillerait pas ses larmes. Jamais elle n'avait pleuré avec elle, sauf si leurs yeux étaient trop abimés par la fumé, l'alcool ou la drogue. Et elle ne pleurerait pas. Elle n'avait qu'à considérer Anathéa morte et enterrée dans un village aux États-Unis, bien loin de l'Alabama et surtout du bateau. Voilà qui était mieux.

Même si elle essayait depuis quelques heures de reproduire sa fragrance entêtante sans même s'en rendre compte.

Il lui était impossible de se défaire d'elle. Impossible. Elle avait passé vingt longues, plus dangereuses que belles, années avec elle. Elle avait construit sa vie sur elle. Elle ne pouvait pas l'oublier, même si elle ruinait ses espoirs de futur, ses amours avec Shane. Que lui restait-il à faire ? Sauter ? Quel courage. Salvateur, néanmoins. Loque humaine.

Elle aurait pu continuer ces incessantes délibérations entre son démon et les solutions inexistantes si elle n'avait pas reconnu ses sanglots minimes. Anathéa. Il y eut un bruit sourd contre la paroi de la boutique et Alaska se crispa, raidie, les jointures blanches. Elle n'avait pas le choix. Elle devait y aller. Il s'agissait après tout de sa soeur, qui n'était sans doute pas venue s'affaisser ici par hasard. Devant chez elle. Doucement, se rattachant au comptoir puis au mur pour ne pas faiblir, elle sortit. Il ne pleuvait presque plus dehors, un miracle. Elle tourna la tête un peu trop vite, dévoilant son impatience, son angoisse. 

Elle était bien là.
Anathéa.

Adossée contre le mur, la tête sur les genoux. Secouée par des sanglots bien plus forts que les siens, incapable de retrouver sa fierté et de relever la tête. Alaska avança doucement, prenant garde à ne pas se faire entendre. Mais c'était peine perdue. Anathéa l'avait reconnue, tout comme elle quelques minutes plus tôt. La brune leva les yeux, et les ferma aussi sec. Ravala ses larmes. Alaska se mordit la lèvre inférieure à s'en faire saigner, et s'accroupit à ses côtés. Prudemment, lentement, elle releva l'une des lourdes mèches brunes d'Anathéa qui cachaient ses yeux. Elle pleurait - ou presque. Et la blonde avait de plus en plus de mal à se retenir. Doucement, sur un ton moins ironique et sec qu'elle ne l'avait espéré, elle adressa la parole à sa meilleure amie, sa pire ennemie. A qui elle n'avait osé penser depuis cinq ans.

    « Redresse-toi, on en a pour un moment je crois. Qu'est-ce que tu fous sur ce maudit rafiot ? »


Tant d'amertume, de colère contenue, d'années de pleurs, de cris et de rire. Anathéa, Alaska. Indissociables. 
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Anathéa D. Livingtson
THÉA ; you've got to see what tomorrow brings.

Anathéa D. Livingtson

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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeSam 28 Mai - 9:50


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_ll15pmtm5c...9wo1_500-28a4c14


Elle est accroupie à côté de moi, dégage les mèches qui me cachent le visage. Je me retiens de me retirer, me laisse faire, le visage encore baigné de larmes, sans bouger. Sans expression. Les yeux vides. Je suis plus au moins calme, je ne ressens rien. En tout cas, jusqu'à ce qu'elle ne parle.

    « Redresse-toi, on en a pour un moment je crois. Qu'est-ce que tu fous sur ce maudit rafiot ? »


Sa voix me fait l'effet d'un couteau dans le ventre. D'un coup de pistolet dans les tempes, d'un pieu dans le coeur. Mon visage se tord, imperceptiblement -du moins, je l'espère-, de douleur. Je suis mal. Et pourtant... Pourtant, sa si jolie voix remet enfin en place le puzzle de mes souvenirs. Je me rends enfin compte que j'avais presque oublié ce son si délicieux ; presque dangereux. Je lève à nouveau la tête vers elle. Sous son masque ironique et amer, je-m'en-foutiste et un peu hautain, j'y décèle du regret. De la tristesse, même. Ha. Cette fois, bien que les regrets et l'amertume soient toujours bien présents, la colère, la rancune et l'envie de vengeance m'envahissent. Ces sentiments que j'avais refoulés de peur qu'ils ne soient trop violents, mais qui devenaient maintenant trop difficiles à gérer. Oppressants. Je meurs d'envie de lui faire payer, de la voir souffrir comme j'ai souffert, comme je souffre encore. Mais je ne peux pas. Je n'y arriverais pas... Même si je la hais comme je n'ai jamais haï personne, elle reste ma soeur. La partie plus importante de ma vie. Toute une vie. Je ne peux pas prétendre qu'elle ait disparu de mon existence. Notre lien est indissociable, impossible à défaire, pour la vie. Nos existences sont intrinsèquement liées ; il était évident que notre destin serait de nous revoir. J'aurais dû m'y attendre. M'y préparer. Mais je n'aurais jamais, jamais, pu imaginer à quel point la douleur serait forte...

Je détourne le regard. Je plisse les yeux, fais la moue, fait grincer mes dents, le menton en avant -l'insolence incarnée. Je fais durer le temps, réfléchis aux bons mots, la fais attendre, l'agace. Enfin, je relève les yeux avec un mouvement de tête plus insolent encore, dégageant de mon visage une mèche de cheveux. Je la fais attendre, encore et encore, la rends impatiente, lui mets l'eau à la bouche. Pour au final, la décevoir avec une simple phrase. Avec un petit haussement d'épaules.

    « Je fuyais. »


Je tente de me relever. L'alcool ingéré me fait chanceler. Instinctivement, c'est son bras que je cherche. Et je m'y accroche. Puis me fige, fixant bêtement ma main, pour ensuite remonter mon regard vers son visage. Je déglutis, péniblement. Hé merde. Je relâche lentement sa manche, pinçant les lèvres, gênée et surprise par ma propre attitude, et par la pensée qui m'avait traversé l'esprit ; celle de prendre sa main. Je suis mal. J'avais imaginé ce moment pendant bien longtemps. Créant dans ma tête des scénarios de cris, pleurs, réconciliations. Et voilà que, maintenant, je me trouve en face d'elle, en face de tous les démons qui m'ont hanté pendant de si longues années. De celle qui m'avait causé plus de peine que de bonheur, plus de douleur que de joie. Qui m'avait fait plus de mal que de bien. Alors, pourquoi avais-je autant de mal à me défaire d'elle ? La réponse me vient immédiatement : elle fera toujours partie de ma vie. Elle en fera toujours partie, car j'ai construit ma vie autour d'elle. Avec elle. Et même si elle avait tout détruit, il y a cinq ans, elle est, et sera toujours, ma meilleure amie. Même si tout ce que je ressens en ce moment est confus. Flou. Embué par les larmes et l'alcool. Automatiquement, perdue dans mes pensées, les yeux dans le vague, je lui retourne sa question.

    « Et toi ? Pourquoi t'es là ? Pourquoi... »


Ma voix se brise. Je fronce les sourcils, plisse les yeux, pour empêcher les larmes de couler, à nouveau. Pour ne pas perdre le peu de dignité qu'il me restait. Pourquoi est-elle partie, lorsque j'avais le plus besoin d'elle ? Voilà la question, la seule et unique question, que j'aurais voulu lui poser. Mais je manque de courage. Elle l'a déjà piétiné, mon courage, lorsqu'elle m'a abandonnée à une vie que je n'aurais jamais pu imaginer vivre. Un enfer.

Elle me manque. Je suis juste devant elle, à retenir mes larmes, alors que tout ce que je voudrais, c'est pleurer dans ses bras. Mais elle ne mérite pas mes larmes, non. Elle ne les méritera jamais. Elle est trop loin de moi, en ce moment. Si proches, mais si loin en même temps. Deux planètes qui s'attirent, mais qui n'ont pas la force de se rapprocher. Alaska et moi. Deux astres qui ne se toucheront probablement plus jamais. Mais je ne perds pas espoir. Je ne l'ai jamais perdu.


Dernière édition par Anathéa D. Livingtson le Mer 29 Juin - 15:32, édité 1 fois
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Alaska H. Young
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Alaska H. Young

✔ PRÉNOM : clémence
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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeDim 5 Juin - 18:14

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lkbb9iANnc1qez31no1_500
If I could give you the world, On a silver platter, Would even matter, You'd still be mad at me, If I can find in all this, A dozen roses, Which I would give to you, You'd still be miserable, In reality, I'm gon be who I be, And I don't feel no faults, For all the lies that you bought, You can try as you may, break me down when I say.


La bruine s'intensifia. Alaska sentit les gouttes frapper sa peau nue. Le ciel pleurait. Anathéa pleurait. Leurs amours perdues, le ciel saignait. Et le sang tombait sur ses épaules, les alourdissait. Emmêlait ses boucles blondes, la creusant par la honte. Le ciel pleurait, saignait, avec elles. Il les trempait, les joignaient. Les passagers avaient déserté cette partie du pont, à ciel ouvert. Elles étaient tranquilles. Dieu existait, alors. Le baratin du pensionnat, répété dix-huit ans durant, n'était peut-être pas que vagues paroles en l'air. Mais alors, comment aurait-Il pu permettre un tel gâchis ? Une telle horreur. Comment la personne à qui Alaska tenait le plus, celle qu'elle redoutait de perdre, celle dont elle voulait tenir la main pour toujours, pouvait-elle être sa pire ennemie ? Non, Dieu n'existait pas. Elles étaient là, seules, et elles ne pouvaient compter sur personne pour régler cinq ans de différents. Dieu était une bien triste blague. Un bourrage de crâne pour contrôler, avoir la main mise sur l'humanité. Il n'y avait pas de destin, chaque choix avait fait ce qu'elles étaient devenues. Des loques. Non, pas de destin, personne pour jouer avec leur vie comme avec les fils d'une marionnette. Alors, comment expliquer ces retrouvailles sur un paquebot de croisière ? Leurs intérêts communs ? Au une chance. Alaska et Anathéa étaient le jour et la nuit, mais, si semblables. Deux piles au caractère bien trempé, deux mêmes envies. Destin ou non, elles n'avaient plus le choix.

Elles étaient là.

Ou du moins, Alaska était là. Anathéa restait figée à son contact, elle ne se raidit qu'à peine, les yeux dans un vide auquel elle seule avait accès. Mais elle sursauta au son béni d'une voix tant entendue, tant chérie, tant partagée. Alaska pouvait sentir son pouls s'affoler à ses tempes et ses joues s'embraser, se crisper sous la douleur purement mentale. Puis elle leva la tête, se raccrocha à son masque arrogant et sans pitié. Mais les larmes qui striaient ses joues la dénonçaient. Anathéa souffrait bien plus qu'elle. La haine déformait ses traits, elle était palpable, sous tension. Pourtant, Théa ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas qu'Alaska avait tout autant souffert, ni plus, ni moins. Toujours à l'aune de sa sœur. Elle avait souffert physiquement, psychologiquement, des dommages infligés par la mauvaise vie, la drogue et l'alcool. Elle avait souffert de sa lâcheté d'être partie, de sa vie sans sa moitié. Elle n'était pas partie pour rien. Surtout pas. Il y avait eu trop et trop. Trop de tout. Un trop plein. Puis une overdose. De drogue, de vie. Elle n'avait pas fuit pour rien. Instinct de survie. Le même instinct qui poussait Anathéa à lui résister, à résister à la force qui leur dictait de s'enlacer. De se serrer jusqu'à la mort, pour se prouver qu'elles existaient. Elle ironisait, insolente femme de vingt-cinq restée dix ans en arrière. La laissait attendre. Pour au final, ne rien dire. Du tout.

    « Je fuyais. »


Haussement d'épaules insolent, ton dégagé qui ne l'était pas. Elle aussi, fuyait. Ces cinq ans à Paris, fades, insignifiants. Ces cinq ans où elle n'avait pas été elle-même. Anathéa la tira de sa torpeur, de son manque de réaction inhabituel. Elle s'agrippe à son bras, involontairement, elle peut le sentir. Le contact lui fait l'effet d'une bombe. C'est atomique, c'est dur, brillant. Combien de fois se sont-elles touchées ? Combien de fois était-ce si insignifiant ? Alors qu'aujourd'hui, cela valait pour elles de l'or. Elle aurait tout donné pour l'enlacer sans rien ressentir d'autre que du bonheur, tout. Même Shane. Elle avait honte de se le dire, mais Anathéa était sa vie, en était les fondations. Elle comptait plus que tout. Mais, ne comptait plus rien. Elle la relâche. Et les convulsions malsaines cessent. Elle n'a plus envie d'elle. Elle se rappelle la haine, la peur. La moiteur de toutes ces horreurs vécues. Elle déglutit. Elle n'a rien vécu de plus étrange. Et pourtant. Quelle vie, dieu mais quelle vie ! D'une voix embuée par l'alcool et les larmes, Anathéa reprend.

    « Et toi ? Pourquoi t'es là ? Pourquoi... »


Vaste question. Banalités. Elle se targue. Ne pas répondre. Parce qu'elle ne sait pas. Même pas. Elle ne peut pas réfléchir, avec Anathéa à ses côtés. Son corps lui crie de l'aider, de la soutenir alors qu'elle tangue et peine à rester debout, de marbre. Alors elle essaie, tente vaguement. Sans grande conviction pour ses cinq années perdues à oublier. A enfouir sommairement, superficiellement, la douleur de vingt ans. En pure perte.

    « Ben... Pour utiliser mes putains de diplôme, j'imagine. Ouais, j'en ai eu. J'étais même une des meilleurs d'ma promo. A Paris. »


C'était vrai, horriblement vrai. Mais ça sonnait faux, terriblement faux. Elle avait besoin de lui dire. Autre chose, quelque chose de beau, de puissant, qui remuerait leurs entrailles soudées. Elle s'approcha, doucement, comme un animal conscient du danger. Comme une proie. Anathéa avait causé sa perte. Autant qu'elles pouvaient se sauver mutuellement. Elle ne réfléchit pas plus longtemps. Sans s'en rendre compte, elle fila, et l'embrassa à pleine bouche. C'était plus qu'électrique. Elle mourrait, en fusion. Elle était Anathéa, Anathéa était elle. Enfin. Elle savoura le contact, ne lâcha pas prise, passa sa langue contre ses lèvres pulpeuses et incendiaires. Puis elle recula. Satisfaite, un sourire de chat sur le visage. Enfin complète. Tremblante, le cœur battant la chamade des grandes guerres.

    « Arrêtons de faire semblant, okay ? Théa... T'as l'droit d'm'en vouloir, comme je t'en veux. Alors exprime-toi. Merde ! Plus de faux-semblants ! Ton corps est manque du mien, ton esprit aussi. Comme je le suis. Merde, putain ! »


Ça avait le mérite d'être clair.
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Anathéa D. Livingtson
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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeLun 6 Juin - 7:40


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_ll1efsyqmt...fxo1_500-2a5139a


Je vois. Je vois combien elle souffre. Autant que moi. J'ai du mal à y croire. Comment elle, qui a été aussi lâche, peut-elle prétendre souffrir autant que moi ? Insensé. Incroyable. Impossible. Et injuste. Injuste, car c'est à elle que revient la faute. Elle qui a tout gâché. Pas moi. De quel droit s'autorise-t-elle à me montrer sa souffrance ? Des mensonges. Toujours. Comment pourrait-ce en aller autrement ? Je ne sais plus quand elle ment ou quand elle ne ment pas. Elle est devenue bien plus habile qu'autrefois. Je ne la connais plus. Je ne sais plus.

    « Ben... Pour utiliser mes putains de diplôme, j'imagine. Ouais, j'en ai eu. J'étais même une des meilleurs d'ma promo. A Paris. »


Je lève un sourcil sceptique. Bien sûr, elle avait toujours été la meilleure, en matière d'odorat. Mais, à Paris ? Comment cette idée lui était-elle venue à l'esprit ? En réalité, je m'en fiche. Cette réponse est bien trop banale. Je me rends compte que je n'en ai absolument rien à faire, si elle est partie à Paris ou ailleurs. Je me fout de ces cinq ans. Ce que je veux savoir, c'est si elle a pensé à moi, pendant ces années. Si je lui ai manqué, si elle s'est imaginé ce que je pourrais être en train de faire pendant qu'elle fait ce qui lui plaît. Elle, au moins, elle en a, des diplômes. Moi, j'ai rien à quoi me rattacher ; pas de diplôme, pas de vie. Même pas le baccalauréat. Si seulement je n'avais pas fui avec elle... On n'en serait pas là. Je ne dis rien, cependant.

Mais Alaska me surprendra toujours. Rapide, furtive, elle se jette sur moi. M'embrasse, passionnément. Je ne peux plus rien faire. Je suis prise au piège, par ce baiser qui me brûle les lèvres. Qui allume un feu en moi, fait battre mon coeur à une vitesse bien trop exagérée, qui m'électrise, m'envoie une secousse d'adrénaline. Je ne peux pas m'arrêter ; je ne veux pas qu'elle s'arrête. Je ne peux plus réfléchir. Mais elle me relâche -un sourire satisfait aux lèvres.

    « Arrêtons de faire semblant, okay ? Théa... T'as l'droit d'm'en vouloir, comme je t'en veux. Alors exprime-toi. Merde ! Plus de faux-semblants ! Ton corps est manque du mien, ton esprit aussi. Comme je le suis. Merde, putain ! »


Mon cerveau encore dans les vapes, mon corps, lui, réagit à ces mots. Il cherche une voie de sortie. Prise par un instinct de survie, ma main part toute seule. Il est trop tard pour chercher à l'arrêter ; sans m'en rendre compte, je lui assène une claque magistrale. Plus forte, plus violente, de toutes celles que j'ai envoyé de toute ma vie. Alimentée par la colère, la haine, que je ressens. Je me réveille de ma torpeur, envahie par ces sentiments contradictoires à ceux que j'ai senti pendant qu'elle m'embrassait -m'embrasait.

Je n'en peux plus. J'explose. Je crie, agite mes mains au rythme de mes paroles, au rythme de ma colère, de ma frustration.

    « Tu veux que je m'exprime ? Parfait ! J'vais te dire c'que j'pense. J'pense que t'es qu'une vraie salope, ma vieille. Tu disparais pendant cinq ans, tu m'laisses tomber comme si t'en avais rien à battre de moi, et tu prétends que tu peux tout arranger avec un baiser à la con ? »


Je m'approche encore plus d'elle. Nos bouches sont plus proches que jamais. Je sais qu'il me suffirait d'allonger le cou pour l'embrasser à nouveau. J'aimerais. Mais je n'ai pas terminé. Des insultes me brûlent les lèvres ; le souvenir de son baiser aussi. Je me contente de ne lui dire qu'une simple phrase. Glaciale, tranchante, haineuse.

    « Vas te faire foutre, Alaska. »


Je m'écarte. Je bouillonne. Son corps m'appelle. Mais je refuse de lui accorder le fait que je suis, incroyablement, attirée par ma meilleure amie. Je ne veux pas qu'elle sache qu'elle a raison. Je veux qu'elle s'excuse, qu'elle admette qu'elle a eu tort. Qu'elle regrette ce qu'elle a fait, qu'elle comprenne le fait qu'elle m'a trahie. Qu'elle m'a blessée, meurtrie, que les cicatrices qu'elle a laissé ne disparaîtront pas. Que je ne lui pardonnerait pas. Elle n'a pas le droit de m'en vouloir. Elle n'a qu'à s'en vouloir à elle-même. Elle ne peut pas revenir après cinq ans, et me rabattre à la figure qu'elle me veut, me désire encore. Je n'y crois pas une seconde.

Enfin, si.

Je ne peut m'empêcher de le croire. De vouloir que ce soit vrai. Une partie de mon cerveau ne souhaite que de l'embrasser, encore et encore. De sentir encore la douceur de ses lèvres, sa langue sur les miennes. D'être à nouveau complète. Mon corps pourrait se déchirer en deux, face à la pression d'un choix qui pourrait changer ma vie -notre vie. La laisser refaire partie de mon existence ; ou la repousser de toutes mes forces, jusqu'à en mourir exténuée ? Je ne sais pas. J'hésite. Je peux lui laisser une chance, une seule... Ce laps de temps si infime semble durer des heures entières. Je décide de fuir. Je recule, lentement. Un rictus de haine profonde déforme mon visage. Du revers de ma main, j'essuie la dernière larme que je ne laisserai plus jamais couler.

    « Si tu me veux vraiment, j'veux que tu vienne me chercher. Que tu m'supplies à genoux de te pardonner. Si tu l'fais, j'oublierai que tu m'as gâché la vie, et j'te pardonnerai peut-être. Mais si tu l'fais pas, essaye pas d'me revoir. J'te l'ferai payer toute ta vie, crois moi. »


Je tourne les talons. Je retiens un soupir. Un soupir de soulagement, de désespoir ? Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai tourné le dos à celle qui aurait pu changer ma vie, à nouveau. Je ne sais pas si être affligée par l'idée, ou si me convaincre que c'est la meilleure chose à faire. Je marche, lentement.

Si elle tient à moi, elle courra vers moi, me prendra la main. M'embrassera, peut-être. Comme dans ces films romantiques qui me donnent envie de gerber ; et qui, pour la première fois de ma vie, me font rêver d'un happy end. Si elle ne vient pas me chercher, j'en mourrai. Je ne pourrai pas vivre avec autant de remord, en pensant d'avoir fait la plus grosse erreur de ma vie en lui tournant le dos. Mon futur ne tient qu'à elle. Pitié, pitié, pitié Alaska, je t'en supplie, cours et prend ma main. Prière récitée dans ma tête, répétée à chaque pas horriblement lent que je fais. Je la supplie, je supplie Dieu, de faire en sorte qu'elle me rejoigne. Qu'elle me rejoigne dans ma vie.

Pitié.


Dernière édition par Anathéa D. Livingtson le Mer 29 Juin - 15:31, édité 1 fois
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Alaska H. Young
bang bang ϟ i shoot you down

Alaska H. Young

✔ PRÉNOM : clémence
★ AVATAR : dianna agron
© CRÉDIT : riddle & tumblr
✔ MISSIVES : 2298
✔ ARRIVÉE : 14/10/2010
✔ BOULOT : dans ton coeur baby
✔ CITATION : massacrante
✔ PRINTEMPS : ving-cinq ans
✔ STATUT : passion destructrice pour Shane et Anathéa
✔ RÉPUTATION : 5
✔ JUKEBOX : attack - 30 seconds to mars
✔ COMPTES : nirvana t. prescott & pryska-liudmyla a. jablov

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lyp9d48T4s1qbjrw4o5_r2_250


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeDim 26 Juin - 21:48

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lkmvgvGC021qbaklro1_500
I've got to see you again. I could almost go there. Just to watch you be seen. I could almost go there. Just to live in a dream. But no I won't go for any of those reasons. To not touch your skin is not why I sing. I can't help myself. I've got to see you again..


Alaska s'y était attendue. C'était inévitable. Anathéa ne pouvait rester de marbre face à telle réaction. Pour la connaître bien mieux qu'elle même, Alaska savait ce qu'elle ressentait. De la haine. Bouillonnante, palpitante. Mais aussi cet immense amour destructeur et nocif pour lequel elle l'avait quitté. Elle-même ne s'en sortait pas mieux. Elles étaient liées jusqu'au bout. Plus dans le pire que le meilleur. Ensembles, elles s'étaient droguées, avaient bu, jusqu'à ne même plus se savoir vivantes. Ensembles, elles avaient mené leur enfance comme on menait la guerre. Il n'y avait eu de tensions que la jalousie qui tiraillait Anathéa. Qui les avait fait sombrer à coups d'usure. Alaska reçu la gifle comme un baiser. Il lui brûla la joue comme elle n'avait jamais brûlé. L'image de son accident s'imposa à elle. Elle pouvait revoir la carcasse en flammes et le souffle chaud qui l'avait projetée quelques mètres plus loin, que n'égalait seulement ce coup donné par son unique. Son seul amour. Elle n'arrivait plus à mettre un mot sur leur relation. Ennemies était trop faible, tout comme amies. L'amour ni la haine ne convenaient. Elle ne savait plus. Elle n'avait plus la force d'y réfléchir, la main d'Anathéa lui avait remis les idées en place. Elle regrettait son baiser, qui n'avait fait qu'empirer les choses - malgré le bonheur procuré. Et même si l'envie dévorante de s'emparer à nouveau des lèvres d'Anathéa la démangeait, un exceptionnel instant raisonnable lui clarifia l'esprit. Qu'avait-elle fait ? Ça n'était pas la première fois, et elles étaient allées beaucoup plus loin, même sous le toit de Dieu. Mais ici, cela signifiait beaucoup plus. Parce qu'il y avait Shane. Parce qu'elles avaient toutes deux irrémédiablement changé. Parce qu'elles savaient qu'elles se détruisaient, ensembles. 

Alaska posa une main sur sa joue, encore interloquée. Le contact frais de sa paume contre cette brûlure indécente la fit frémir. Bouche bée - littéralement - elle regardait Anathéa exploser comme si elle avait changé de corps. Échangé le sien abîmé pour un autre qui n'aurait aucun mal à faire cela. 

    « Tu veux que je m'exprime ? Parfait ! J'vais te dire c'que j'pense. J'pense que t'es qu'une vraie salope, ma vieille. Tu disparais pendant cinq ans, tu m'laisses tomber comme si t'en avais rien à battre de moi, et tu prétends que tu peux tout arranger avec un baiser à la con ? »


Elle s'approcha, et Alaska pressa encore sa joue, incrédule. Elle n'avait jamais été aussi impuissante, alors qu'elle pensait gagner seulement quelques secondes auparavant. Elle fut incapable de réagir, prise dans les vapes d'anciens démons infernaux. Anathéa s'approcha, encore. Elle pouvait sentir le désir perler à ses lèvres et pulser dans son cou. Mais elle ne fit rien. Elle ne pouvait rien faire. Soudainement, elle perdait le courage d'arranger tout cela - si toutefois elle y avait cru un jour. Elles étaient trop profondément engluées dans un cercle vicieux, pervers. Anathéa la frappa une seconde fois, du regard. Elle avait des yeux glacials, foncièrement mauvais, qui la fusillait. Elle s'attendait à fondre sur le moment. Jamais elle n'avait vu pareil froideur et haine, jamais. Et c'était en Anathéa qu'elle s'y attendait le moins. Elle avait été stupide de croire que leurs retrouvailles seraient passionnées, bien que difficiles. 

    « Va te faire foutre, Alaska. »


Oui, vraiment stupide. Anathéa lui cracha au visage ces cinq mots, bien plus destructeurs que tous les coups qu'elle aurait pu lui donner. Alaska sortit de sa torpeur. Non, c'en était trop. Elle avait souffert, tout autant qu'elle. Elle avait échappé à la mort, deux fois, et si elle était restée... Elle serait enterrée, à vingt ans, sans vie. Il était temps qu'Anathéa le sache. Certes, la laisser seule ainsi n'avait pas été la meilleure décision de sa vie. Pur instinct de survie malsain. Mais elle devait savoir combien elle aussi avait enduré. Le simple fait d'avoir déchiré l'autre moitié de son corps avait été l'une des pires épreuves de ces cinq ans. Il avait fallut se reconstruire, aussi. Oublier la drogue, l'alcool et le sexe. Ne pas céder. Avoir cette volonté de fer qui ne l'avait jamais caractérisée. Ç'avait été dur, mais salvateur. Anathéa ne pouvait la blâmer de vouloir vivre. Pourtant, c'est ce qu'elle faisait. Elle s'éloigna lentement et essuya sa dernière larme, marquant l'échéance tant redoutée. Alaska se raidit, féline, prête à entendre venir la fin de son monde - leur monde.

    « Si tu me veux vraiment, j'veux que tu vienne me chercher. Que tu m'supplies à genoux de te pardonner. Si tu l'fais, j'oublierai que tu m'as gâché la vie, et j'te pardonnerai peut-être. Mais si tu l'fais pas, essaye pas d'me revoir. J'te l'ferai payer toute ta vie, crois moi. »


Puis elle tourna les talons, offrit son dos à la vie. Alaska grimaça de douleur, d'indécision. C'était égoïste. Anathéa ne pouvait décemment lui demander ça. Mais si. Elle l'avait fait, et était partie avant de changer d'avis. Alaska savait que par fierté, elle ne le ferait pas. Mais il restait une question, la seule question qui, au final, importait. La rejoindrait-elle ? Elles ne pouvaient oublier, Théa mentait quelqu'en soit l'issue. Alors ? La suivrait-elle, la rattraperait-elle ? Signifiant ainsi qu'elle ne la quitterait plus, qu'elle risquerait de sombrer à nouveau. Ou tirait-elle un trait et partait-elle en sens opposé ? Elle leva les yeux vers Anathéa, qui partait. Ses boucles brunes flottaient au gré de la bruine, comme animées par la haine. Alaska commença à tendre la main, avant de se figer. Elle n'était pas sûre de pouvoir arrêter la machine une fois mise en marche. Tiendrait-elle, sobre ? Et Shane, dans tout ça ? Il y avait bien trop de questions, alors qu'elle n'avait que si peu de temps pour y répondre. Shane passait, hélas, au second plan dans une telle situation. Elle prenait juste conscience que sa vie aujourd'hui était floue - en particulier avec lui - et qu'Anathéa était sa base. Ce qu'il lui restait de son enfance écourtée. 

Elle esquissa un énième rictus et commença à courir. Ce peu de réélections avaient pris suffisamment de temps pour qu'Anathéa s'éloigne. Ses talons claquaient désagréablement contre le bois humide, ses cheveux volaient en tous sens puis revenaient se plaquer contre son visage trempé. Ridicule, tellement cliché. Mais, dans ces films, il ne s'agissait jamais de deux ex-toxicomanes intègrement liées qui mettaient en jeu leur vie. N'est-ce pas ? Ça n'était pas exactement la même ampleur. Toujours cette grimace amère au visage, mais les traits et le regard bien plus déterminés, Alaska attrapa violemment la main de Théa et la força à se tourner, si rapidement qu'elle ne compris pas immédiatement ce qu'elle venait de faire. Elle regarda ses yeux noirs comme elle ne l'avait jamais fait, elle prit le temps de tout lire. La haine et l'amour infinis qu'elles se portaient, les regrets, les espoirs. Comme toujours, elles pensaient de même. Elle agrippait son poignet, et le compressait sans s'en rendre compte, ne sachant qu'une chose ; ne lâcher sous aucun prétexte. Mais elle était encore trop loin. Doucement, ignorant la pluie qui battait son corps et son cœur qui, lui, avait déjà lâché, elle avança. Un pas, puis un autre. Leurs nez se touchaient presque, et Alaska savait qu'en inspirant, elle retrouverait la saveur de leur jeunesse fanée. Elle prit à son tour une voix glaciale, délicieux poison mortel, en compressant le poignet d'Anathéa au point d'en entendre ses os craquer.

    « Je ne te supplierai pas. Plus jamais. Mais je te veux. Quitte à gâcher nos vies. Au point où on en est... Regarde-moi ! Regarde-moi Théa ! »


Elle brusqua son bras, une fois encore. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle voulait, et encore moins ce qu'elle faisait. Mais perdre Théa à nouveau était la dernière chose dont elle avait besoin et qu'elle supporterait, en ce moment comme après. 

    « On ne peux pas vivre sans se détruire, mais on va trouver quelque chose. Regarde-moi ! »


Alaska prit le visage de Théa entre ses paumes fines, laissant enfin son poignet. Elle plongea son regard dans le sien, osant enfin l'affronter. Elle n'arrivait plus à le déchiffrer, elle ne la connaissait plus. 

    « On trouvera quelque chose, je te promets. Calme-toi. Raconte-moi ces cinq ans. Même si ça va fait mal, Théa... J'ai souffert autant que toi. Il est temps de guérir, non ? »


N'osant pas respirer, elle la lâcha. Elle était libre de partir, Alaska espérait seulement qu'elle ne le ferait pas...
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Anathéa D. Livingtson
THÉA ; you've got to see what tomorrow brings.

Anathéa D. Livingtson

✔ PRÉNOM : Silvia.
★ AVATAR : Lea Michele ♥.
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✔ ARRIVÉE : 12/03/2011
✔ BOULOT : Sur le Royal Majestic.
✔ PRINTEMPS : 25 ans.
✔ STATUT : libre comme l'air, mais douloureusement amoureuse d'Alaska.
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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lp0we59jal...1_r1_500-2b6b192


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeJeu 30 Juin - 9:54

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lkguxteb2n...1_r2_500-2a5138b


Je pars. Lentement, je marche. Lenteur calculée, pour lui laisser le temps. La même question, toujours la même, me tourne dans la tête : va-t-elle venir ? Elle ne vient pas. Mon coeur s'arrête. Je me retiens de me retourner. Il ne faut pas. Je tiens à ma fierté. Je me résigne, donc. Elle ne viendra pas. Je commence à réfléchir à comment l'éviter sur le bateau ; à comment le lui faire payer, comme je l'ai promis il y a à peine quelques minutes. Combien, de minutes ? Combien dois-je attendre, avant de partir en courant et pleurer mon amour perdu jusqu'à en avoir les joues ridées ? Le temps semble infini. Semblant tuer ce qui me reste de vie.

Et puis... Et puis, des pas. Elle accourt. Ses talons claquent contre le sol, en une mélodie qui sonne à mes oreilles comme une délivrance. Mon coeur repart. Au galop. La pluie nous avait déjà réduites misérablement. J'imagine un instant ses cheveux blonds, se collant à son visage parfait. Le temps qu'elle m'attrape au poignet, me retourne violemment vers elle. Puis nous nous regardons, vraiment, pour la première fois. Dans ses prunelles d'azur, j'y décèle le reflet de mes pensées. Haine, regrets, amour. Espoir. Elle me tiens le bras, plus fort qu'elle ne l'a jamais fait. Elle me fait mal ; mais, au point où nous en sommes, cette douleur ne compte plus. Elle n'est qu'un détail, dans le tumulte de mes sensations. Alaska s'approche. Près, trop près. Mais c'est bon, si bon. Je détourne les yeux. Je n'y arrive pas. Du même ton glacial mais plein d'émotion que le mien, elle prend la parole. Me fixant, toujours aussi intensément.

    « Je ne te supplierai pas. Plus jamais. Mais je te veux. Quitte à gâcher nos vies. Au point où on en est... Regarde-moi ! Regarde-moi Théa ! On ne peux pas vivre sans se détruire, mais on va trouver quelque chose. Regarde-moi ! »

Je ne peux pas la regarder. C'est bien trop dur, désormais. Les larmes menacent de couler. À nouveau. Et, cette fois-ci, je sais qu'elle pleurera avec moi. Mais elle n'a pas terminé. Elle lâche mon bras. Non ! Je ne veux pas qu'elle me lâche. Elle le devine. Me prend le visage entre ses deux mains. Le contact de nos peaux brûle plus que jamais. Malgré la pluie, malgré le froid ; nos coeurs fondent, se décongèlent, se rapprochent. Nous sommes sur la même longueur d'onde. Enfin. Ses paumes m'emprisonnent. Doucement. Et voilà que, à nouveau, nos yeux s'accrochent. Je lis l'incompréhension, dans son regard. Je sais qu'elle ne me reconnaît plus. Je le sens. Mais elle continue à parler, terminant son discours, dans un souffle.

    « On trouvera quelque chose, je te promets. Calme-toi. Raconte-moi ces cinq ans. Même si ça va fait mal, Théa... J'ai souffert autant que toi. Il est temps de guérir, non ? »

Et elle me lâche. Elle me donne le choix ; la même décision que je lui ai demandé de prendre. Elle me donne la liberté de fuir, une dernière fois. Et je sais que, si je ne fuis pas, elle ne me lâchera plus. Jamais. J'ai confiance. Elle a fait ce que je lui ai demandé, silencieusement, de faire. Maintenant, elle me supplie, du regard uniquement, de répondre à ses prières. De rester. Comment la trahir ? Je ne pourrais plus m'en aller, moi non plus. Je suis toute à elle, elle est toute à moi. Comme c'était écrit, depuis le début. Les larmes s'échappent. Traîtresses. Mais sans sanglots. Juste des larmes. Les dernières, je l'espère. Et voilà que, dans ces larmes, j'esquisse un petit sourire. Marquant l'importance du moment. C'est bien la première fois, depuis ces cinq ans, que je sens dans mon coeur quelque chose ressemblant à de la joie. Elle veut un avenir ; avec moi ! C'est tout ce que je demandais. Je baisse les yeux, laisse glisser le bout de mes doigts sur son bras. Et j'attrape sa main. Solennellement.

    « Alaska... Ces années, je... J'ai essayé de t'oublier, tu l'sais. J'imagine que t'as essayé aussi. Ces concerts, qu'on donnait... C'était tellement bon. À part l'alcool et tout ça, bien sûr. J'ai essayé de continuer sans toi, pendant un moment, mais c'était plus pareil. »

Évoquer ce genre de souvenirs me rend mal à l'aise. Comme s'ils faisaient partie d'une autre vie. Ce qui est le cas, bien entendu. Je les ai enfouis depuis si longtemps... qu'en parler est plus qu'étrange. Je n'aurais jamais imaginé pouvoir les raconter à qui que ce soit. Et encore moins à Alaska. Mais je me devais de continuer. Même si les prochains mots allaient la blesser. Et, en l'occurrence, allaient me blesser aussi.

    « Donc j'ai arrêté. Pendant ce temps, j'ai... rencontré quelqu'un. Un homme. Il s'appelait Liam. On... s'aimait. Mais on s'entendait pas. Et, tu sais c'que c'est, le plus drôle dans tout ça? C'est que je l'ai abandonné sans un mot. Exactement comme t'as fait avec moi. »

Un autre souvenir qui ne me plaît pas. Ce geste a été l'une des pires erreurs de ma vie. Même si j'avais mes raisons, je me sens encore coupable. Partir de cette manière avait été bien plus qu'égoïste. C'est ainsi que, en en parlant, je me rends vraiment compte de ce que ressent Alaska. Et ne pas m'en rendre compte auparavant a été encore plus égoïste. Je lève les yeux vers elle, la stupeur dans le regard. Je continue, au même rythme, sans m'arrêter.

    « Mais y a qu'une seule chose dont je suis sûre. J'ai jamais aimé personne, pas même lui, autant que je t'aime, Alaska. »

Voilà. C'est dit. Mon coeur bat bien trop vite, à mon goût. Je déglutis péniblement. Je commence à regretter ces derniers mots. Et si... Et si elle aime son Shane plus que moi ? Les rumeurs courent. Je ne suis pas dupe. Tout le monde le sait, ici, qu'ils s'aiment. Qu'est-ce que je viens faire là-dedans, moi ? Pourquoi m'y suis-je immiscée ? Je suis juste une partie du passé d'Alaska... Qu'elle n'a peut-être pas oublié, cependant. Je décide de le lui dire. Ma voix tremblant, mon coeur frémissant. De douleur, d'attente. J'essuie une larme sur ma joue du revers de ma main libre. Bien que ce geste soit totalement inutile, vu la pluie battante.

    « Si tu tiens à ton... Shane plus qu'à moi, je l'accepterai, tu sais. Je peux faire comme si je ne t'aimais pas, te laisser vivre ton amour avec lui. Je peux souffrir en silence, si tu me le demandes... »

Prononcer ces mots ; c'est encore plus dur et douloureux que ce que je m'imaginais. La situation est presque ironique. Je suis passée par la tristesse, la haine, et maintenant, les aveux. Sans oublier la claque, bien entendu. J'approche ma main, celle qui ne tient pas la sienne. La prends par le menton, doucement, et retourne son visage, de façon à voir l'état de sa joue. Qui est encore rouge. Je la lâche, la regarde dans les yeux. Et, en une phrase, je dis tout ce que je ressens. Une excuse qui ne sonne pas uniquement pour le fait de l'avoir frappée. Mais pour tout. Pour notre passé.

    « Je suis désolée. »
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Alaska H. Young
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Alaska H. Young

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05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_lyp9d48T4s1qbjrw4o5_r2_250


05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » _
MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeMar 2 Aoû - 18:03

05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Tumblr_ll1dskVEZj1qg076no1_500
J'suis jalouse, à en faire trembler les gens, à en faire trembler mes jambes. J'ai plus qu'à plonger en silence... Et ça me ronge, ça me pourrit, ça me rend dingue, ça m'fout en l'air. Quand je sais que tu t'envoies en l'air ! de l'air, de l'air, de l'air... Ah... J'suis jalouse, jalouse... Est-ce parfois des idées noires te traversent sans crier gare ? Moi j'en ai un peu tous les soirs, pourvu que le temps les écrase. Est-ce que tu penses encore à moi, comme moi je pense à toi ? Est-ce que tu souffres autant que moi ?


Alaska avait, pour la première fois en cet instant aussi unique que douloureux, une ébauche de contrôle. Cette fois-ci, elle était celle qui accrochait l'épée du choix au-dessus d'Anathéa, ayant déjà fait le plus difficile. Elle fixait, les traits tirés par la souffrance, les larmes qui coulaient librement le long de ses joues creuses et ses cils qui venaient doucement caresser sa peau brune et humide. Combien de fois avait-elle contemplé et caressé ce visage, sans prendre conscience de sa chance alors ? Visage qu'elle avait vu grandir, mûrir, puis rire avec elle. Visage qui ne s'éloigne pas, et qui, à ce même rythme, retrouve sa familiarité. Ce grand nez brusqué, ces lèvres épaisses, ces grands yeux bruns et ces boucles sombres, plaquées contre cette joue lisse. Elle se rappelle alors ô combien quinze ans avec elle furent merveilleux, et combien elle connaissait ces traits. Ils lui avaient manqués. Lentement, Anathéa laissa glisser ses doigts contre l'avant-bras frissonnant d'Alaska, dont le léger duvet se dressa, à l'affut du contact si désiré. Puis elle attrapa sa main, comme pour faire un étrange serment, un de plus qui ne sera pas respecté. Elles avait juré de rester ensemble, de détruire telle personne. Puis de ne jamais aimer plus que l'autre, et enfin de ne jamais se quitter. Jusqu'à ce que leur amitié s'effilochasse, ruinée par la drogue et la jalousie. Mais l'amour, lui, leur amour, était puissant, destructeur. Et il avait tenu bon. Il avait attendu patiemment ces retrouvailles pour se montrer, quitte à les détruire, les consumer finalement. Cinq ans de silence, cinq ans de déni. Cinq ans de souffrance. Alaska ne savait et ne préférait pas penser à ce qu'Anathéa, si solennelle alors, s'apprêtait à lui avouer. Elle se contentait du simple plaisir pourtant si rare que leurs mains jointes lui procuraient. Elle oubliait la douloureuse question. Et après ? Après cet instant où elle buvait à satiété du bonheur, que deviendraient-elle ? Deux inconnues sur un espace si restreint ? Deux ennemies, ou deux amours ? Cette question en soulevait une bien plus dure encore ; Shane. Mais il n'était pas temps de l'aborder. Savourer, simplement savourer.

    « Alaska... Ces années, je... J'ai essayé de t'oublier, tu l'sais. J'imagine que t'as essayé aussi. Ces concerts, qu'on donnait... C'était tellement bon. À part l'alcool et tout ça, bien sûr. J'ai essayé de continuer sans toi, pendant un moment, mais c'était plus pareil. »


Alaska avait vécu la même chose. Tellement moins intense, elle en retirait alors tellement moins de plaisir. C'était vide, fade. Les couleurs s'effaçaient. Pourtant, le monde l'enviait. Lui enviait sa beauté, sa voix puissante, son culot. Mais, malgré tous ses efforts, tous ses amis français factices, rien ne remplaçait Anathéa. Sa première amie, ses premières fois, son premier amour. Rien ne remplace celle qui vous a vu grandir. Rien. Et pourtant, elles avaient essayé...

    « Donc j'ai arrêté. Pendant ce temps, j'ai... Rencontré quelqu'un. Un homme. Il s'appelait Liam. On... S'aimait. Mais on s'entendait pas. Et tu sais c'que c'est, le plus drôle dans tout ça ? C'est que je l'ai abandonné sans un mot. Exactement comme t'as fait avec moi. »


Ce discours mit Alaska bien plus mal à l'aise, et elle perdit de sa belle assurance. Non que ce rappel à son acte la gêna, elle avait fait cela pour son propre salut, et même Anathéa ne pouvait lui ajouter le regret à cet instinct animal de survie. Et elle-même avait eu bon nombre de partenaires, infidèle, toujours allant chercher ailleurs. Celui qui pourrait remplacer ce vide autour d'elle, ceux ou celles qui sauraient lui faire oublier Anathéa. Et, aujourd'hui, à l'instant le plus inopportun et mal venu, elle l'avait trouvé. En l'étonnante personne d'un Australien alcoolique. Et, lui, elle ne voulait pas l'abandonner sans un mot. Elle avait appris, ne serait-ce qu'un peu, de son erreur. Elle lui parlerait. Un jour. Elle lui avouerait son présent, puisqu'il connaissait tout de son passé. Elle lui avouerait que cette nuit avait été une résurrection, un dur mais nécessaire retour aux réalités. Un jour. Mais il lui fallait déjà faire face à Anathéa. Elle n'était pas jalouse, non, de l'amour qu'elle avait pu partager. Elle connaissait désormais ce sentiment - à la différence qu'elle estimait s'entendre avec Shane, ne le voyant qu'une rare fois par mois. Elle regrettait simplement, purement égoïste, cette mésentente qui avait valu à Anathéa ce voyage, et donc ces retrouvailles. Car sans cela, elles vivraient un amour contraint, séparées par des milliers de kilomètres. Tout ce bonheur ne valait pas la souffrance qui allait en découler. Elle le savait. Et, au moment où elle se sentait enfin appartenir à une quelconque vie, elle refusait de fuir. Anathéa devrait partir, si tout recommençait. Et tout recommencerait. Elles étaient inexorablement liées par cette malédiction, âmes damnées à un éternel cycle de douleur. Néanmoins, elle n'avait pas fini le premier chapitre. Il était encore temps d'en changer la done.

    « Mais y a qu'une seule chose dont je suis sûre. Je n'ai jamais aimé personne, pas même lui, autant que je t'aime, Alaska. »


Alaska se figea, et ses belles pensées d'avenir s'évanouirent avec les bribes de contrôle qu'elle pensait encore détenir. Elle pouvait sentir le pouls d'Anathéa s'accélérer contre sa paume, qu'elle serra un peu plus fort. Elle sentait venir la douleur, préparer un sourire malveillant et reprendre sa sempiternelle routine. C'était tellement facile, avec elles.

    « Si tu tiens à ton... Shane plus qu'à moi, je l'accepterais, tu sais. Je peux faire comme si je ne t'aimais pas, te laisser vivre ton amour avec lui. Je peux souffrir en silence, si tu me le demandes... »


Elle l'avait senti venir, mais cela ne l'empêcha pas de le recevoir, ce coup, cette dague aiguisée qui plongeait dans ses côtes immobilisées et entravait tout mouvement. Toute réponse. Elle ne pouvait choisir, elle le savait. Elle restait coite, interdite, indécise. Comment Anathéa pouvait-elle lui demander de choisir, après tout ? Comment osait-elle ? C'était si simple, pour elle, d'en parler, après l'abandon de son Liam ! Shane, comme elle, est sa destruction. Elle le sait. Une énième descente aux enfers, la dernière, l'ultime. Dont elle ne reviendra pas. Mais Shane lui a procuré la vie quand elle en réclamait silencieusement, quand la dernière étincelle de son brasier menaçait de s'éteindre. Quand Anathéa n'était pas là. Il était plus sage, tellement plus aisé et moins douloureux, de choisir Shane. D'oublier et de se fondre dans le décor. Mais était-ce vraiment ce qu'elle voulait ? Pouvait-elle seulement faire un choix ? Tiraillée entre un fantôme du passé, bien trop réel, et un avenir incertain mais brillant. Qu'avait-elle fait aux dieux pour qu'elle souffre ainsi, que sa vie ne soit que série de malheurs alignés ? Fumer dans une église, blasphémer, faire honte dans leur dos aux bons cœurs des sœurs qui l'avaient élevée. Certes. Mais cela méritait-il vraiment tant de haine injustifiée ? Elle aurait tellement voulu pouvoir se jeter dans les bras réconfortants d'une mère, qui lui caresserait les cheveux et murmurerait à son oreille de douces solutions et des mots réconfortants. Elle n'avait jamais rien eu de tout cela. Bâtarde, rejetée avant même sa naissance. Elle ne souhaitait cela à personne. Une vie lambda était préférable à cette interminable suite d'erreurs douloureuses. Mais elle ne pouvait souhaiter de mère, ou la plaindre. Elle n'avait pas été désirée, jamais aimée in seul instant. Elle le savait. Ce réconfort ne valait rien. Elle devait tout ce qu'elle avait à un amour et une générosité sans bornes, une douce naïveté qui voyait le bien partout, même en son âme rongée par le Mal. Mais c'était terminé, depuis sept ans. Elle devait désormais régler, encore une fois, sa triste vie par elle-même. Alors ? Qui aimait-elle le plus ? Qui était-elle prête à faire souffrir le plus ? En était-elle digne ? Méritait-elle Shane et cet amour enfin aveugle, nu ? Tant de questions, pour une réponse. Une seule.

Anathéa.

Elle caressa doucement sa joue rougie par le coup porté quelques minutes plus tôt, tournant son visage de sa main en coupe. Un contact électrique, qui n'attendait que plus. Avec un ton profond, aux accents désespérés, elle termine. 

    « Je suis désolée. »


Alaska s'emporta alors. Elle n'en pouvait plus, de se tenir immobile et de ne pouvoir réagir. Elle bouillonnait de rage contenue, d'élan déçu. Elle ne voulait pas choisir, elle n'était pas encore prête à briser d'autres vies, quand le bonheur la prenait enfin un peu. Elle retira sa main en un grand geste exagéré, faisant valser la paume désormais vide d'Anathéa. Elle se sentait colérique, pour toutes ces raisons accumulées, sans déclenchement particulier. Flouée. Elle recula, les yeux fous, grands ouverts, noirs de peur. Elle criait, s'attirant encore une fois les regards, rendue plus effrayante encore par la pluie qui collait ses vêtements à son corps désirable. Elle criait, hurlait à la Mort.

    « Ne t'excuse pas ! OK ? Jamais ! Et arrête ! Arrête, arrête ! Arrête ! Tu ne peux pas, me demander ça. Pas ! OK ? »


Elle cessa de vociférer, à courts d'arguments inexistants à sa colère soudaine. Il n'y avait plus qu'une chose à faire. Plus s'excuser, plus d'explications. Terminer ce moment infernal, ne plus imaginer l'après. Elle se radoucit, le regard toujours aussi sombre et décidé. Sa voix tremblait encore, mais elle se voulait indiscutable. Ferme. Oh que oui, il était temps de s'y mettre. Que cela règle tout, ou empire les choses, c'était la seule chose dont elle avait besoin. Elle prit à nouveau sa main, la serra autant que possible, jusqu'à ce qu'elle ne sente plus ses jointures blanchir. Une dernière fois. Une dernière, et si appréciable fois. Comme pour s'excuser de ce saute d'humeur imprévu.

    « Je... Je suis... Il ne nous reste qu'une chose à faire, hein ? »


Doucement, elle entama cette ultime mélodie, qui semblait avoir été écrite pour elles. Sa voix incertaine, secouée de sanglots muets, monta alors en puissance, motivée par cette main dans la sienne. Qui était alors tout ce qui comptait. Elle retrouvait ces messes où elles prêchaient avec pureté la gloire de Dieu, ces concerts enfumés et bruyants, ces instants volés. Sa voix unique, douloureuse. 


    «  When will I see you again ? You left with no goodbye, not a single word was said. No final kiss to seal anything. I had no idea of the state we were in... I know I have a fickle heart and a bitterness, and a wandering eye and a heaviness in my head... »


Il ne manquait qu'Anathéa. Elle lui attrapa la main, dans la crainte de ce que leurs voix enfin réunies pourraient lui procurer. La chanson exprimait ses regrets, ses excuses pour son abandon. Pour ce flot d'insultes nullement méritées. Mais elle ne savait pas quoi faire par la suite, elle ne voulait plus y penser. Anathéa entama enfin avec elle ces paroles, qu'elle semblait visiblement connaître aussi bien qu'elle. C'était leur histoire. Sa voix, tout d'abord aussi hésitante, prit l'ampleur attendue. C'était indescriptible, unique. La pluie collait leurs vêtements et leurs cheveux, leurs mains se cherchaient. Et leurs voix, enfin réunies, atteignaient des sommets de plaisir, de bonheur insatiable, frénétique. Bien que cela ne puisse se voir, Alaska pleurait. Pour la première fois, les larme coulaient d'elles-mêmes en un flot ininterrompu et se mêlaient à la pluie. Leurs voix faiblissaient, parfois, de ces émotions contrariées enfin satisfaites. C'était un moment unique de communion parfaite, où passé, présent et avenir se mêlaient. 

    « But don't you remember ? Don't you remember ? The reason you loved me before. Baby, please remember me once more. When was the last time you thought of me ?
    Or have you completely erased me from your memory ? I often think about where I would roam. More I do, the less I know. But I know I have a fickle heart and a bitterness, and a wandering eye and a heaviness in my head... But don't you remember ? Don't you remember ? The reason you loved me before. Baby, please remember me once more... I gave you the space so you could breathe. I kept my distance so you would be free, and hope that you find the missing piece to bring you back to me... Why don't you remember ? Don't you remember ? The reason you loved me before. Baby, please remember me once more...

    When will I see you again ?
    »


Elle tint la dernière note, dans l'angoisse de terminer, de devoir penser à l'après. Puis elle s'effondra dans les bras tremblants d'Anathéa, à l'aune de son propre corps secoué de sanglots bruyants. Son timbre n'avait plus rien de cristallin ou d'enviable. D'une voix brisée par la douleur, elle murmura tout contre la peau de Théa, inspirant profondément son odeur délicieuse. De laissant bercer par cette étreinte tant attendue.

    « Je suis désolée... Tellement, tellement désolée.. »


[ je précise, contrairement à ce que tu avais pu mettre, qu'Alaska n'est pas Dianna, et n'a donc pas sa voix nasale x]. Au contraire, elle a le même type de voix que Lea. ]
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Anathéa D. Livingtson
THÉA ; you've got to see what tomorrow brings.

Anathéa D. Livingtson

✔ PRÉNOM : Silvia.
★ AVATAR : Lea Michele ♥.
© CRÉDIT : paranoid & tumblr.
✔ MISSIVES : 870
✔ ARRIVÉE : 12/03/2011
✔ BOULOT : Sur le Royal Majestic.
✔ PRINTEMPS : 25 ans.
✔ STATUT : libre comme l'air, mais douloureusement amoureuse d'Alaska.
✔ RÉPUTATION : 4
✔ JUKEBOX : rachel bilson - call me doctor.
✔ COMPTES : S. Mary-Jane Whiteley & Savannah B. Vasquez.

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MessageSujet: Re: 05 ; « I wish I could tie you up in my shoes »   05 ; « I wish I could tie you up in my shoes » Icon_minitimeLun 5 Sep - 18:27

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Choc. Indécision. Douleur. Je le vois dans son regard, qu'elle est perdue. Qu'elle a mal. Je ne suis rien qu'une égoïste, à lui demander de choisir. Car je sais quelle sera sa réponse. Elle le sait aussi. Inexorablement liées, à la vie, à la mort. C'est moi qu'elle choisira. Elle ne le dit pas, cependant. Mais je le devine.

Et puis... Elle perd le contrôle. Elle s'emporte, les yeux noirs de peur et de colère. Elle devient folle, refusant le choix qu'elle vient de faire. Envoie valser ma main, brisant notre contact brûlant. Un geste théâtral, exagéré, douloureux. Elle recule, terrorisée, folle, effrayante. Je la regarde, sans un mot. L'écoute crier, sans un geste. Je reste sur place, immobile, attendant qu'elle se calme.

    « Ne t'excuse pas ! OK ? Jamais ! Et arrête ! Arrête, arrête ! Arrête ! Tu ne peux pas, me demander ça. Pas ! OK ? »

Comme je l'ai prévu, sa folie passagère s'évapore, son beau visage s'adoucissant. Je sais qu'elle a une idée derrière la tête. Je le devine par son expression dure et sombre, par ce sourire encore inexistant qui s'apprête à éclairer son visage. Elle me prend à nouveau la main, la serrant plus fort que jamais. Comme pour s'excuser, silencieusement.

    « Je... Je suis... Il ne nous reste qu'une chose à faire, hein ? »

Oui, je le sais. Sa voix, au début tremblante, monte en puissance au fur et à mesure qu'elle entame la chanson. Cette mélodie, qui semble écrite pour notre histoire. Elle semble la connaître autant que moi ; sa voix me fait l'effet d'une bombe. Une bombe de souvenirs, de douleur, de joie. D'amour. Je ferme les yeux, emportée par ce son cristallin, envoûtant.

    « When will I see you again ? You left with no goodbye, not a single word was said. No final kiss to seal anything. I had no idea of the state we were in... I know I have a fickle heart and a bitterness, and a wandering eye and a heaviness in my head... »

C'est indescriptible. Incroyable, magique. Ce moment que nous attendons depuis si longtemps. Nos voix s'unissent, formant à nouveau, enfin, le duo magnifique que nous étions autrefois. Nos mains ne se quittent pas, les larmes coulent sur nos visages, noyées par la pluie battante. Nos voix puissantes faiblissent parfois, emportées par ces émotions si puissantes, libres. Nous chantons, ensemble. Enfin.

Nous continuons la chanson, en communion parfaite. Nous ne bougeons pas, nos mains unies, nous contentant de fixer les yeux de l'autre, sanglotant tout en gardant le rythme et les notes. Trop vite, la dernière note arrive, tenue le plus longtemps possible pour retarder l'échéance. Pour ne pas avoir à penser à ce qui arrivera plus tard. Ce n'est que lorsque l'air nous manque que nous terminons. Essoufflées, nous nous fixons un instant. Qui semble durer des heures. Puis elle s'effondre dans mes bras, laissant libre cours à ses sanglots qui s'unissent aux miens. Je la serre, savourant son odeur merveilleusement douloureuse, dans une étreinte désespérée. Je sens ses épaules s'agiter au rythme des miennes, par ces maudites larmes trop longtemps contenues. Elle murmure des excuses, pendant que je la berce, embrasse ses cheveux, chuchotant des mots rassurants que je ne pense pas. Car je sais que notre amour ne sera pas éternel. Car nous sommes destinées à nous quitter de nouveau. Je le sais, je le sens. Même si je voudrais que ce moment dure à l'infini. Mais ce n'est qu'un instant comme les autres, un sentiment de bonheur éphémère qui sera bientôt remplacé par la peine. Destinées à nous faire du mal, mutuellement.

Je ne sais combien de temps passe. Des heures pourraient très bien être passées, tout comme quelques secondes ; le temps ne compte plus. Car nous sommes à notre place. Même si cette étreinte doit finir, à un moment ou un autre. C'est moi qui la relâche. Je prends son visage dans mes mains ; observe les linéaments harmonieux de son visage, ses cheveux blonds mouillés par la pluie, ses yeux clairs, espérant garder en mémoire chaque infime détail jusqu'à la fin de ma vie. Ma vue et mes pensées embuées par les larmes, j'agis d'instinct. Doucement, j'approche dangereusement mon visage du sien, mes lèvres des siennes. M'arrêtant à moins d'un centimètre de son visage, sentant sa respiration saccadée sur mon visage. Puis, sans me presser, nos lèvres s'unissent dans un baiser. Différent que celui précédent ; moins violent, moins rapide, plus doux, plus hésitant. Mais pas moins passionné. Mes mains caressent son visage, ses cheveux, ses joues, laissant une trace incandescente sur mes doigts légers. Essuient inutilement ses larmes. Les miennes ne sont plus de délivrance, non ; elles sont, désormais, de joie.

Mais, d'un seul coup, tout s'obscurcit dans ma tête. Brusquement, je ne peux m'empêcher de sentir que ce baiser sera le dernier. Un baiser d'adieu. Peut-être serait-ce plus facile, de se quitter ainsi... L'idée s'insinue dans mon esprit, souillant ce moment de bonheur. Mais je sais que cet adieu est imminent. Nous ne sommes simplement pas faites pour rester ensemble et vivre heureuses ; car la tristesse, la haine, les regrets, ces sentiments négatifs sont toujours présents, malgré le bonheur qui tente d'y trouver sa place. Mes sanglots reprennent, de plus belle, faisant éclater ma fragile bulle de bonheur. Je m'écarte, éloigne mon visage du sien, les yeux baissés. Je secoue la tête, soudainement incapable de parler. Je ne sais pas quoi lui dire. Je n'arrive plus à l'autoriser à m'approcher. Par peur. Encore cette peur qui me bloque, celle qui m'empêche de m'abandonner. Cette peur qui me serre à la gorge. Car je suis terrorisée à l'idée qu'elle me blesse, encore une fois. Quitte à la blesser, elle, je ne peux plus la laisser s'approcher trop près. I won't let you close enough to hurt me... Je recule, contaminée par cette folie qui s'était emparée d'Alaska quelque minutes -quelques heures?- auparavant. Les larmes coulent à flots sur mes joues, une douleur presque physique me prenant à la poitrine pendant que je prononce malgré moi ces mots ; ceux que j'ai renoncé, redouté de dire jusqu'à ce moment.
    « Je... je peux pas m'empêcher d'y penser... que ça risque de finir, de nouveau. Tu sais aussi bien que moi qu'on peut pas rester ensemble sans s'faire du mal, merde ! Comment on fera, hein, à rester ensemble? Comment j'fais pour être sûre qu'on se quittera pas de nouveau? Dis-le moi, Alaska, j't'en supplie ! »

Je place mes mains devant ma bouche, ferme fort les yeux, serre les dents, retenant un sanglot plus fort que les autres. Puis, quelques instants plus tard, je me calme. Mon souffle ralentit, mes larmes se stoppent. Je respire fort. Lasse.
    « C'est trop, pour moi... Trop pour une seule fois. »

Je fixe le sol, fatiguée, abattue. Le moral à zéro, ma folie évaporée, je m'appuie contre la paroi, savoure le contact du mur froid contre ma joue bizarrement brûlante. Et j'attends. J'attends sa réponse, j'attends le silence. Brusquement, je rêve d'être seule. De dormir jusqu'à la fin de mes jours. De ne plus voir personne. Car s'attacher à quelqu'un, c'est prendre le risque de le perdre. À quoi bon souffrir, se forcer à avancer? Pour au final, se retrouver sans attaches, sans racines. À quoi bon...


[Désolée, c'est long et c'est pourri x). Et désolée pour le temps de réponse (a).]
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