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o5 ; « what am i to you, tell me darling true »

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Shane H. Leeroy

Shane H. Leeroy

✔ PRÉNOM : tabata
★ AVATAR : jared leto
© CRÉDIT : morphine
✔ MISSIVES : 439
✔ ARRIVÉE : 17/10/2010
✔ BOULOT : barman et patron du southern escape
✔ CITATION : .
✔ PRINTEMPS : 27 ans
✔ STATUT : compliqué
✔ RÉPUTATION : 0
✔ JUKEBOX : archive - again
✔ COMPTES : pas encore

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o5 ; « what am i to you, tell me darling true »  _
MessageSujet: o5 ; « what am i to you, tell me darling true »    o5 ; « what am i to you, tell me darling true »  Icon_minitimeDim 27 Mar - 20:46



« what am i to you, tell me darling true. »



État d'incompréhension totale, Shane ne savait plus où il en était, tiraillé de nouveau entre des sentiments qu'il avait refoulés au plus profond de son être. La barrière qu'il avait instauré, ce mur de glace invisible avait lentement fondu, peu à peu sans qu'il ne s'en rende compte, laissant à découvert son coeur bien trop abordable. Il s'attachait trop facilement aux gens qu'ils rencontraient. Alaska, Kellen, Buck, en étaient les exemples parfaits, spécialement la jeune parfumeuse qui ne pouvait plus le laisser de marbre à présent. Elle lui manquait, horriblement. Ses boucles dorées qui entouraient son visage charmeur, ses yeux pétillants qui le regardaient avec cet air enjôleur, sa voix envoûtante qu'il semblait pouvoir reconnaître entre milles, sa présence qu'il avait commencé à juger indispensable à ses côtés. Cette séparation si soudaine, qu'ils avaient pourtant décidé d'un commun accord, semblait complètement le désorienter, lui faire perdre pied. Il avait l'impression d'être retourné dans le passé, cette situation lui rappelant malheureusement cette fameuse nuit d'il y a cinq ans, celle où Sarah avait définitivement brisé les derniers maigres espoirs qui le tenaient en vie. Vie qui semblait sans intérêt, sans Alaska à présent. Qui l'aurait cru qu'il aurait pu autant s'attacher à quelqu'un ? Personne. On l'avait voué à errer seul jusqu'à la fin de sa triste existence, prédisant qu'il n'était plus fait pour aimer. Le Shane ravagé et secret n'existait plus vraiment, cette facette de son esprit s'étant lentement effacée, remplacée par une nouvelle qui se découvrait peu à peu au monde, grâce à Alaska. C'était la seule qui avait réussi à le refaire sourire, à le refaire rire, même s'ils étaient complètement éméchés, la plupart du temps. La seule qui semblait enfin lui redonner le goût à la vie, à cette humanité qu'il avait pensé perdre à jamais il y a quelques années de cela. Elle avait petit à petit gommé les blessures de l'Australien, ces balafres qui l'avaient marqué à vie, celles qu'il n'avait jamais pensé pouvoir effacer, soigner.
Il essaya de se remémorer les instants précieux qu'il avait passé avec elle, avide de combler ce vide que son absence provoquait, avec des souvenirs frais et ardents, mais l'état d'ébriété qui s'était emparé de lui lors de ces moments semblait les avoir abîmé. Certains passages étaient flous, des bribes de phrases murmurées au loin résonnaient dans son esprit attristé, des odeurs fanées perdaient leur force et leur attirance. Une déception amère se dessina sur son visage lorsqu'il tenta de se souvenir du parfum qu'elle portait lors de leur première rencontre. Impossible de se rappeler de la fragrance qu'elle avait dû composer avec soin et qui avait dû le charmer comme à chaque fois, il était trop ivre à ce moment-là pour pouvoir s'en rappeler chaque détail, chaque arôme qu'elle avait manipulé minutieusement.
L'alcool le faisait sombrer, lentement, sûrement. Il buvait, à chaque occasion, à chaque moment que cette souffrance, que Sarah lui avait infligée, réapparaissait à la surface. Et il ne se gênait pas pour le faire en compagnie d'Alaska, alors que sa présence ne semblait que l'aider dans sa peine. Peut-être n'était-ce pas suffisant, à moins que son alcoolisme l'avait aveuglé sur ce qu'il ressentait en compagnie de la demoiselle. Étrangement, cette réflexion lui coupa toute envie de boire pour apaiser cette seconde douleur qu'il éprouvait. Cela faisait quelques jours qu'il ne s'autorisait qu'un verre ou deux par jour, refusant de réfléchir sur sa relation avec Alaska en étant ivre. Un tel état risquait fortement d'altérer son jugement, et même s'il était difficile de résister à la tentation, il préférait nettement avoir les idées claires sur ce qu'il voulait faire, chose dont il n'avait encore aucune idée pour le moment. Il l'aimait, c'était certain, mais il ne savait pas comment définir exactement cette sensation. Est-ce que c'était toujours cette attirance qu'il avait ressenti dès la première seconde ou il l'avait vue ? Ou est-ce que l'amour avec vraiment pris place dans son cœur froid et meurtri ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, effrayé de faire encore le mauvais choix. Peur de cette relation qu'il pouvait avoir avec Alaska, peur de perdre cette nouvelle vie qu'il avait difficilement construit. Et à ses côtés, Alaska se fanait de plus en plus, perdant cet éclat qu'elle avait réussi à retrouver. Trop aveuglé par le bien et la fraîcheur qu'elle lui insufflait, Shane ne s'était pas aperçut du mal qu'il lui causait. Il la faisait replonger, inlassablement, sans s'en rendre vraiment compte, détruisant peu à peu les limites qu'elle s'était fixée, la faisant plonger dans ce cercle vicieux dont lui-même ne pouvait s'échapper. Il semblait être destiné à une existence à faire souffrir les autres, damné à l'échec et aux enfers. Maudit, perdu.


La pluie irlandaise s'était abattue tôt dans la matinée, obligeant les passagers à se réfugier à l'intérieur du bateau, faute de parapluie et de tenue adéquate pour se protéger et malgré la colère de ceux qui auraient préféré rester bronzer sous le soleil d’Égypte, Shane était ravi de la nouvelle destination que le paquebot avait prise. L'air frais et les pluies intempestives de l'Irlande avaient le don bénéfique de l'apaiser, de le calmer sur la situation difficile qu'il traversait. Pourtant, le sevrage qu'il s'était imposé n'arrangeait pas son état, affaibli et abattu, il résistait comme il pouvait à l'alcool, malgré cette envie folle de pouvoir apaiser cette nouvelle souffrance qui s'ajoutait aux autres, de pouvoir s'évader de ses douleurs quotidiennes. Malgré tout, le sommeil l'avait étrangement regagné, comme si la pression, qui l'exténuait quotidiennement, était fautive de cet épuisement si soudain. En ce jour de pluie, il avait décidé qu'il était grand temps d'en finir avec cette trêve bien trop longue, avec Alaska, de mettre enfin un terme à cette mascarade qui devait les faire souffrir tous les deux. Il sortit précipitamment de sa suite, sûr de ce qu'il allait faire, cependant moins confiant de ce qu'il allait lui dire. Certes, il voulait arranger la situation, mais il ne connaissant malheureusement pas la nature exacte de ses sentiments. Il espérait pouvoir avoir la réponse à ses questions, lorsqu'il reverrait enfin la cause de son tourment.

Shane hésita un instant, la main tremblante au-dessus de la poignée du Penhaligon's. Il avait patiemment attendu que les dernières clientes sortent de la petite boutique, patiemment pris son courage à deux mains pour s'avancer devant la porte, mais ses éternelles questions le faisaient douter, encore une fois. Il savait pertinemment qu'y entrer, changerait le cours de sa vie d'une façon ou d'une autre. Il ne connaissait pas exactement la tournure que les évènements pouvaient prendre, ainsi ce qu'Alaska avait décidé à son égard. Que faire si elle avait décidé à rompre le contact avec lui, afin de se protéger de l'influence néfaste que l'Australien répandait tout autour de lui ? Il tenta de ne pas y penser. Il entra, avec un nœud serré dans le ventre, prêt à faire demi-tour à tout moment, à la moindre occasion, la pression trop grande à ses yeux. Le carillon cristallin de l'entrée trahit son entrée voulue discrète et, découvert, il tenta de prendre faire demi-tour, décidant précipitamment qu'il n'était pas encore prêt, mais la venue de la propriétaire des lieux, le coupa dans son élan. Alaska devant lui, bouleversa tout ce qu'il avait pu s'imposer à nouveau. Non, il ne pouvait plus se résoudre à faire marche-arrière comme un lâche, à essayer de se battre contre ses émotions, alors que c'était à cet instant précis qu'elles reprenaient vie. Et l'étincelle qui s'était rallumée dans le regard de la parfumeuse quand elle l’aperçut, l'obligea à rester. Il essayait de se persuader que ses sensations brûlantes, n'étaient que de l'attirance physique, pure, simple. Comment résister à cette attraction qu'elle provoquait en permanence ? Il ne pouvait pas, simplement. Il s'approcha lentement du comptoir, gêné par la situation légèrement tendue. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils plus parlé ? Depuis bien trop longtemps, et prendre l'initiative de s'exprimer en premier, le désarçonna légèrement.

    - J'ai bien réfléchi, à nous deux... Pour moi mon choix est déjà fait. Vivre sans toi est devenu trop difficile à mes yeux. Mais tu es libre de ne plus me voir, si tu penses que je risque de te faire sombrer à nouveau.

Il parla sans vraiment réfléchir, exprimant les premières pensées qui lui venaient à l'esprit, préférant d'aller directement droit au but, que d'esquiver la conversation avec des paroles futiles et sans grande importance. Il avait besoin d'elle, et même s'il ne supporterait pas que leur relation se termine, il préférait finir seul, que de précipiter la fin d'Alaska. Il lui aurait bien raconté ces dernières semaines éprouvantes, avouer qu'il s'était calmé sur l'alcool, mais d'un naturel modeste et réservé, il s'abstint. Et ce n'était pas crucial pour lui en faire part pour le moment. Mais comment ne pas apercevoir la faiblesse dans ses mouvements, le calme et le sérieux qui s'étaient emparés de lui ? Impossible, elle allait le remarquer, d'un moment ou à un autre. Il était sobre, maître de ses envies et pensées incontrôlables. Pensées passionnées qui le faisaient lentement divaguer. Il voulait la prendre dans ses bras, lui dire à quel point elle avait pu lui manquer, cependant sa sobriété l'empêchait d'être démonstratif. En réalité, il n'osait pas. Il craignait plusieurs choses, mais celle qu'il appréhendait le plus, était qu'Alaska avait définitivement décidé de mettre un terme à tout ce qu'ils avaient vécu, afin d'éviter qu'ils sombrent tous les deux à nouveau. Peur de ne plus jamais la revoir et de ne plus l'avoir à ses côtés, il comprit à cet instant que son attirance s'était transformée en ce qu'il redoutait.

Elle était simplement devenue bien plus que cela.


[C'est super long, et bof, désolée xD] - © iwantyoutobelieve - tumblr


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Alaska H. Young
bang bang ϟ i shoot you down

Alaska H. Young

✔ PRÉNOM : clémence
★ AVATAR : dianna agron
© CRÉDIT : riddle & tumblr
✔ MISSIVES : 2298
✔ ARRIVÉE : 14/10/2010
✔ BOULOT : dans ton coeur baby
✔ CITATION : massacrante
✔ PRINTEMPS : ving-cinq ans
✔ STATUT : passion destructrice pour Shane et Anathéa
✔ RÉPUTATION : 5
✔ JUKEBOX : attack - 30 seconds to mars
✔ COMPTES : nirvana t. prescott & pryska-liudmyla a. jablov

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o5 ; « what am i to you, tell me darling true »  _
MessageSujet: Re: o5 ; « what am i to you, tell me darling true »    o5 ; « what am i to you, tell me darling true »  Icon_minitimeMar 26 Avr - 20:33

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When I look in your eyes , I can feel the butterflies , I love you when you're blue , Tell me darlin' true , What am I to you. Yeah well if my sky should fall, Would you even call, Opened up my heart , Never wanna part, I'm giving you the ball.

Shane.
Il en était devenu cause d'insomnie. Sa fragrance discrète et naturelle obsédait Alaska, qui se trouvait incapable de la reproduire.
Shane.
Le musc et l'éternelle odeur de bon whisky lui manquaient. Elle pouvait l'admettre, désormais. Oui, il lui manquait. Et si c'était d'un accord commun que la séparation avait été décidée, elle le regrettait amèrement. Le deuil était fait, le noir était passé, il était temps de vivre. Un mois, qu'elle ne l'avait pas vu, ou seulement entraperçu par quelque fenêtre faiblement éclairée du Southern Escape. Il avait l'air d'être dans le même et pitoyable état qu'elle. À sans cesse se questionner, à ouvrir des portes qu'ils avaient pourtant pris soin de refermer. Loin d'avoir retrouvé une harmonie passable, loin d'avoir oublié Anathéa, et, malgré ses efforts de moins en moins soutenus, elle sombrait.
Shane.
Il en était le principal responsable. Loin d'attiser l'ardent désir de vie qu'il avait éveillé en elle, il le laissait couler, éteignait inconsciemment les braises qui avaient retrouvé un semblant d'éclat, cette nuit embrumée. Elle avait replongé sans méfiance, buvant encore et encore et perdant le peu retrouvé. Elle connaissait l'obscurité qui enveloppait ses courbes et l'enlisait dans ces tours noires, elle l'avait déjà vécue. Elle l'accueillait comme une vieille amie, indifférente. Elle se savait incapable d'y résister. Elle avait déjà essayé. Et elle n'aimait pas l'échec. Elle acceptait simplement sa lâcheté, et se recueillait au noir.
Shane.
Par sa faute, encore, elle ne composait plus. Ses sinus, mis à mal par son absence et le vide créé par le manque de son odeur, ne sentaient plus que ce qui s'en rapprochait. L'alcool. Alors elle buvait, se délectant d'un nectar, d'une ambroisie bien au-delà de ses moyens, savourant les rondes effluves et le puissant goût du whisky devenu son quotidien. Parce qu'il lui rappelait Shane.
Elle joua avec le nom, le fit glisser sur la langue, le goûta, testa ses aspérités. L'éloigna suffisamment pour qu'il lui manque, pas assez pour qu'elle ne le perde.
Shane.
Si peu mélodieux, si dur à placer. Impur, impie. Si simple, si compliqué. Ouvert et clos à tout. Il était ces merveilles qu'elle refoulait. Il était à elle. Elle seule pouvait le savourer à ce point, en rire et en pleurer, en jouer avec tant de dextérité et de maladresse. Et Shane ? Lui aussi, était sien. Elle avait accepté avec gravité cette réponse, sans répliquer, sans sourire sarcastique. Elle le voulait, et ne pouvait l'avoir. Parce qu'il lui nuisait tout autant qu'elle lui apportait, et qu'elle ne voulait pas aimer. Jamais personne n'avait évoqué en son cœur pareil sentiment. Indescriptible. Elle ne pouvait pas se lier, au risque de perdre. Elle ne supportait pas l'échec. Shane resterait ce prénom évocateur, au sourire blessé et à l'odeur tentatrice. Qu'elle avait perdue. Incapable de la reproduire, elle se retrouvait nue, privée de ses atouts, face à une fiole mille fois salie de ses essais infructueux. Loin de l'entêtante  fragrance qu'il lui offrait, inconscient de cet inestimable cadeau, elle échouait encore et encore, et sombrait, s'enfonçait plus profondément dans son enfer sombre, coagulé,  destructeur. 

La pluie n'avait de cesse de battre les fenêtres. Depuis des semaines, depuis l'arrivée dans ce nord humide, elle frappait, insatiable, repoussant violemment les accalmies. Du fond de son alcôve, enfermée au coeur du bateau, Alaska n'en ressentait que le rythme régulier, étouffé, qui martelait son cœur, chantait avec lui, guidait ses mouvements pourtant devenus maladroits. Elle avait perdu, avec Shane, la flamme qui allumait sa passion, et lui permettait de vivre aisément, toujours le sourire au lèvres. Elle l'avait perdu, ce sourire. Sarcastique, éclatant. Elle n'était plus qu'une ombre, pas même la sienne, hantée par un fantôme, un spectre translucide et fade, bien loin de l'éclat inconscient de son véritable propriétaire. Elle n'arrivait plus à rien, ne chantonnait plus, se murait dans le silence que son cœur lui imposait. Inutile de se demander ce qu'elle ressentait pour Shane, elle le savait. Et n'avait nullement besoin de tergiverser dessus, de se poser mille questions plus tordues les unes que les autres pour un résultat identique ; oui, elle l'aimait. Elle avait seulement peur de s'engager, de perdre un semblant de liberté durement acquis, de sombrer plus encore. Elle s'était déjà brulé les ailes à son contact, inutile d'y laisser son âme.

Elle y était déjà.

Et lui, que ressentait-il pour elle ? Il était le seul qu'elle ne pouvait forcer à l'aimer, le seul sur lequel ses charmes et ses formes ondulantes seraient sincères. S'il ne l'aimait pas, tout était pour le mieux. Elle partirait, laisserait cette épreuve inutile derrière elle. Damnée à vivre seule, dans le noir. Quelque soit son choix. Il était impossible qu'il ressente autre chose que cette attirance physique, anatomique, qui les faisait tous frémir. Parce qu'elle était attachée à la mort, au noir. Parce qu'elle ne s'attachait pas. Sauf à lui.
Shane.

Ses dernières clientes étaient parties, déçues. Alaska n'était plus capable de rien. Elle manquait de tout. D'argent, désormais. De Shane. Surtout. Avant que la clochette de l'entrée ne tinte à nouveau, annonçant une nouvelle déception, elle attrapa la fiole qui ne la lâchait plus et l'ouvrit, respirant avec avidité. Non, le parfum n'avait pas changé. Un nouvel échec. Incapable de se souvenir de son odeur puissante, attractive. Incapable de la reproduire. Incapable de boire pour oublier ses frustrations, car déjà trop frustrée. Et le whisky ne lui rappelait que trop son énième insuccès. Elle leva le bras. Le briser au mur, quitter le bateau, quitter Shane, Anathéa. Les cauchemars. Reprendre une vie malsaine - avait-elle déjà vécu sainement ? Si simple. Mais le son cristallin de la porte l'empêcha d'achever son geste, et, en un souffle diabolique, noir, rangea la fiole dans une étagère. Loin des yeux, loin du cœur. 
Près des yeux, près du cœur ?
Shane.
Dans cette alcôve reculée et interdite. Il la fixa, parut reprendre contenance. Alaska n'esquissa pas un geste. Sa présence ne signifiait rien. Pas de rupture, pas de fuite. Pas d'amour. Rien. Elle se força à inspirer et à masquer l'étincelle réapparue dans ses yeux colbats devenus ternes. Elle reprit furtivement la fiole et la serra dans sa main, jusqu'à ce que ses jointures en deviennent blanches. Il s'approcha. Le sang cessa de circuler dans ses doigts. Il ouvrit la bouche. Son cœur cessa de battre.

    « J'ai bien réfléchi, à nous deux... Pour moi mon choix est déjà fait. Vivre sans toi est devenu trop difficile à mes yeux. Mais tu es libre de ne plus me voir, si tu penses que je risque de te faire sombrer à nouveau.  »


Alaska ne se souvenait plus de sa voix, ainsi libérée des effluves néfastes de l'alcool. Elle était grave, abimée par des années de mauvaise vie. Puis elle se rendit compte de ce qu'il ânonnait avec difficulté. Il l'aimait. Oui, il l'aimait, et l'avouait. Il voulait la suivre, rester avec elle, vivre leurs caprices d'hommes brisés, usés par la vie. Incapable de répondre, elle plaça son index sur les lèvres de l'Australien, avec un regard mutin et las, et ouvrit la fiole. Elle inspira profondément. Et elle revint. Son odeur de musc, de bon whisky, de sable. Indéfinissable, si agréable. Ce qu'elle essayait de reproduire en vain depuis des semaines. Rompue à l'usage de son atelier, elle attrapa quelques flacons, un alambic, et reprit son usuel rituel. L'alcool, les concentrés. Chaque fragrance retrouvait enfin sa place, son utilité. Elle en avait presque oublié Shane, se concentrait sur l'extraordinaire parfum qu'il dégageait, et exigeait le meilleur de ses capacités pour le reproduire. Elle ne saurait dire combien de temps elle fit ainsi taire le barman, le laissant désorienté, sans réponse. Quand elle eut enfin fini, elle contourna le meuble qui la séparait de lui, et ouvrit son résultat. Le résultat d'une vie. Si un échec, elle perdait présent et avenir. Si une réussite, elle gagnait le monde. Elle était sûre de son succès. Elle avait, avec un sérieux impensable, comblé les vides et retrouvé une intégralité bancale. Confiante, elle approcha délicatement la fiole près du nez aquilin de Shane, et, caressant son oreille de ses lèvres, lui dit d'une voix douce, faible, tremblante, qu'elle n'avait jamais utilisée, avouant en quelques mots sibyllins ce qu'elle ressentait.

    « Qu'est-ce qu'on va devenir Shane ? »


Tendrement, elle lui caressa la joue et cueillit ses lèvres sèches entre les siennes et recula, annonçant ainsi la couleur. Oui, elle le suivrait, malgré l'influence néfaste, malgré les histoires douloureuses, malgré tout. Un baiser furtif, doux, comme elle n'en avait jamais donné ou reçu. Un baiser électrique, qui attisait le désir, bien trop faible pour les satisfaire tous les deux. Un baiser, un véritable baiser, d'amour.

Mais c'était à lui de venir la chercher. La suite.

Avec un regard triste, elle recula et se fondit derrière son établi et les murs violets. Jamais elle n'avait été aussi sage. Où était l'Alaska qui aurait, en ce lieu-même, volé les derniers lambeaux déchiquetés de dignité de Shane ? Où était-celle qui n'aurait pas fait que l'embrasser ? 
Partie. Loin. Trop loin pour tous. Sauf pour Shane. Il était aussi loin qu'elle.
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