Guess he wants to play, wants to play, I love game, I love game. Hold me and love me, Just want touch you for a minute, Baby three seconds is in it for my heart to quit it. Let's have some fun, this beat is sick, I wanna take a ride on your disco stick. Don't think too much, just bust that thick, I wanna take a ride on your disco stick.


Alaska avait besoin d'un nouveau jeu, d'un nouveau jouet. Coincée entre Shane et Anathéa, elle avait perdu le froid et séduisant cynisme qui la caractérisait. Et elle n'avait plus aucun goût pour les activités que la nouvelle Alaska faisait. Défaire les conquêtes, voler leur honneur et leur peu de dignité. Shane avait éradiqué toute envie, tout autre désir que son corps contre le sien. Et Anathéa n'avait fait que déterrer et compresser son coeur meurtri. Bien trop pour vingt-cinq ans de vie. Trouver une distraction relevait du défi, désormais. Elle était au bord du gouffre, prête à replonger tête baissée - mais consciente, cette fois. L'odeur du whisky ne la quittait plus, douloureusement associée à Shane. Il lui arrivait d'emprunter une cigarette çà et là, et de savourer l'agréable confusion que lui apportait le tabac. Mais il n'y avait qu'un pas, un faible pas, entre la terre ferme et le trou de la drogue. Elle n'avait jamais fait preuve de beaucoup de volonté. C'est pourquoi elle courait les soirées ou les divertissements, qu'aujourd'hui elle qualifiait de puérils et stupides. Pour s'éviter de tomber à nouveau. La piscine avait trouvé grâce à ses yeux, il y avait là matière à user de son sadisme sarcastique. Et elle s'en donnait à coeur joie, bien qu'elle n'y soit pas vraiment. Noyer ses problèmes, encore et toujours, sans jamais les régler ...

Et si l'amusement était au goût du jour, elle n'en retirait aucun plaisir. Tout lui manquait, et ces amusements superficiels se tentaient de couleurs fades. Néanmoins, c'était encore le seul moyen qu'elle avait trouvé pour s'accrocher à la vie, et elle s'y tenait. Carpe diem. Profite du jour présent comme s'il était ton dernier. Elle savait qu'en appliquant cette maxime qui avait régi vingt ans de sa vie, elle risquait gros. Mais elle ne voyait pas autrement. Alors, c'est vêtue d'un short à la corde usé et d'un t-shirt comportant plus de trous que de tissus qu'elle alla jouer de ses charmes. Elle avait besoin d'un idiot, d'un profond idiot. À l'exact opposé de Shane, qui était le seul à l'avoir comprise, à apprécier ce qu'elle était réellement. Lui seul connaissait la saveur que son nom avait, les frissons que le réel contact avec sa peau nue provoquait. Or, elle avait besoin de se distraire avec un jeune paon ridicule, exhibant une beauté de surface, qui l'occuperait le temps d'une nuit. La piscine, ce poulailler empli de dindes et de coqs fiers, était parfaite. Oui, parfaite. Tout comme elle avait pris soin de l'être, soigneusement négligée, et parfumée comme elle se devait de l'être. Envoutante. Qui verrait ses cernes violacées, qui entouraient des yeux défaits et sans âme ? Elle partait à la chasse, le gibier ne lisait pas en son tueur.

Et dénicha vite une proie parfaite, délicieuse, qui parviendrait à lui occuper l'esprit - ou les sens - quelques temps. Elle n'avait pas à faire grand chose, juste s'adosser au bastingage, jeter des œillades méprisantes et secouer sa crinière. Émoustiller. Elle n'eut pas le temps de déclarer s'ennuyer. Un de ces stéréotypes, aux muscles sans cesse bandés, au sourire qui se voulait charmeur et à la chevelure blonde peroxydée, s'approcha. Mais, elle, elle était irrésistible. 

« Salut poupée, moi c'est Xander. Mais tu peux m'appeler X. C'est quoi ton ptit nom ? »

Pitoyable. Lamentable, navrant. Elle repensa à la façon dont Shane s'appropriait son prénom, lui donnant enfin les couleurs méritées et ce goût puissant. Puis se rappela qu'elle devait l'oublier pour un temps. Xander dut s'apercevoir de ce long instant de dérive, car il laissait clairement paraître qu'il se demandait si elle n'était pas demeurée. Elle lui sourit, lui donnant matière à plisser les yeux, et prit une pose mutine qu'elle n'avait plus usée depuis des mois. Avec ce regard hautain qui ne l'a quittait plus.

« Ça dépend du nombre de tes abdos. »

Riant sans réellement comprendre, il passa sa main autour de la taille d'Alaska ... En même temps qu'un second prétendant.

« Salut beau gosse, moi c'est Sofiàn. »

Xander s'éloigna, définitivement convaincu qu'elle n'était pas saine - et à juste titre. Furieuse, Alaska s'écarta vivement de Sofiàn, comme brûlée, et le fusilla du regard. L'expression prenait vie, avec ses prunelles rongées par l'anxiété et deux amours impossibles. Elle pointa un index à la cuticule rongée sur la poitrine nue du jeune insolent, qui n'avait de cesse de la harceler. Elle venait de perdre une bien belle prise, et passerait la nuit seule par sa faute - n'ayant plus le courage de jouer encore une fois cette mascarade. Sofiàn, ne lui évoquait rien d'autre qu'un jeune coq prétentieux - bien qu'appétissant. Il était grand temps de le remettre à sa place.

« Écoute-moi bien, gamin, arrête d'me suivre et retourne prendre du plaisir avec tes legos. J'ai pas besoin de ton aide. »

Elle tourna les talons, heureuse d'avoir pu déverser son fiel. Moins par la perspective de cet après-midi seule, à ressasser ses sombres pensées sur Anathéa et Shane. C'est avec un sourire qu'elle accueilli la main de Sofiàn, qui s'était refermée sur son poignet ...