Petite, je faisais de la danse. J'adorais ça, chaque semaine, c'était la chose que j'attendais le plus. Cette musique, ces pas, ces mots. Tout était magique. Puis, la danse classique c'était la danse des rois et des reines, non ? Alors une petite fille voulait absolument en faire. Ce fut mon cas. J'ai fais de la danse six ans. Peu vous me direz. C'est qu'après la mort de ma mère, j'ai arrêter, trop préoccupée par autre chose. J'aurais voulu en refaire après mon deuil, mais ce fut la fac et je ne pus m'inscrire. Oui j'aimais ça la danse. Alors quand j'avais appris que sur le Royal Majestic, il y avait des cours de danses, je me suis inscrite. J'avais déjà fait plusieurs cours, avec Cathlyn Middleway, une très belle femme, bonne professeur, qui était devenu mon amie. La danse était redevenu la chose que j'attendais le plus dans la semaine. J'avais repris goût à la musique classique, aux pas et aux mots. Je me voyais en robe, entrain de danser avec mon fiancé. Mes rêves de petites revenaient à chaque fois que j'entrais dans cette magnifique salle. Cathlyn m'apprenait tellement de chose. Ayant fait de la danse étant petite, je me débrouillais plutôt bien. Bien sûr, je n'avais pas encore le niveau pour monter sur des vrais pointes. Mais j'apprenais, plutôt vite et sûrement. J'étais contente de revivre ces sensations de bonheur. Lorsque nous devions essayer de toucher le plafond avec notre tête, en voulant sauter très haut en faisant des échapper. C'était un réel délice...

Ce jour là, je m'étais lever de bonne heure. Nous étions Mardi. Et le Mardi matin j'avais cours de danse, je m'étais préparée sérieusement. J'étais toujours devant la glace, en me faisant mon chignon lorsque j'entendis mon homme se lever. Je souris et planta un autre épingle à cheveux dans mon chignon avant de me lever de mon siège et embrasser mon fiancé. Puis je sortis de ma cabines, mon sac sur l'épaule. Je me dirigeais fièrement vers la salle de danse. Arrivée là, j’entrai dans les vestiaire pour enfiler mon collant et ma tunique. Après cela, je mis mes chaussons et des guêtres. Je regardai ma montre et enleva celle-ci avant d'aller m'échauffer dans la salle de danse. Puis Cathlyn fit sortir la classe de son heure d'avant pour se tourner vers nous. « On va commencer par la barre, tous en place. ». Je m’empressai d'aller à la barre. Attendant la musique. Le cours allait commencer, mes rêves allaient me revenir en têtes...

L’eau gelée coulait sur son visage. Les yeux clos, le nez froncé, elle laissa le filet revigorant lui glacer les membres. Elle sortit en frissonnant, les lèvres violacées par le contact de l’eau. Tout en s’enveloppant dans une grande serviette couleur crème elle entreprit de rassembler ses vêtements. Il était fréquent qu’elle prenne une douche froide avant d’entamer ses cours. Méthode qui s’était jusqu’à présent, toujours avérée efficace pour s’éveiller et ordonner ses pensées. Elle s’habilla rapidement puis entreprit de nouer ses cheveux encore humides en un chignon serré. Elle s’appliqua à ordonner les moindres mèches rebelles avant de quitter les vestiaires. Son premier cours débuterait bientôt. Elle avait juste le temps de s’échauffer. Elle effectua une série d’assouplissements particulièrement douloureux. Serrant les dents, elle força ses muscles à lui obéir. Elle organisa ses mouvements, respectant le rythme de sa respiration. Une nouvelle vague de douleur la força à cesser les étirements.

Elle accueillit les danseuses qui arrivaient une à une pour le cours. Tandis qu’elles se changeaient, Cathlyn donna ses instructions au pianiste. Le cours comme celui qui suivrait commencerait par une barre, pour se poursuivre par l’apprentissage et l’exécution des chorégraphies qu’elle avait prévues. Les danseuses se placèrent à la barre et le cours débuta. Le temps passa vite et la grande danseuse habituellement insatisfaite reconnue les nombreux progrès du groupe.

Déjà les premiers membres du cours suivant faisait leur apparition, se préparaient ou s’échauffaient silencieusement. Elle congédia ses danseuses à la fin de la chorégraphie avant d’aller saluer Ellyza. La nouvelle arrivante avait pris place il y a peu dans ses cours. Après le fait que l’appréciant réellement, elle lui ait fait la suggestion de s’y joindre. La jeune femme était douée et la danse lui offrait la possibilité de s’évader loin d’un quotidien parfois problématique.
Alors que les danseuses se mouvaient un rythme sous son œil critique, la belle blonde aperçu à l’entrée de la salle un jeune homme qu’elle avait rencontré à plusieurs reprises auâravant. Elle se sentait étonnamment proche de Killian sans l’avoir pour autant beaucoup fréquenté. Elle vit qu’il observait Ellyza. Sa ressemblance avec la danseuse brune ne lui échappa pas bien qu’elle ne fut pas évidente. Cathlyn avait un sens de l’observation plutôt aiguisé, forgé par ses années d’enseignement. Peu de choses lui échappaient. Elle lança aux jeunes filles de continuer sans elle tout en désignant Jules d’un coup de tête afin qu’elle mène le groupe. Elle se dirigea d’un pas décidé vers le jeune homme qui attendait dehors. Il dut être surpris de la voir ainsi se diriger vers lui. Elle se positionna à ses côtés de façon à désigner Ellyza.

« Tu ne vas quand même pas passer ton temps à la regarder sans agir. Tu meurs d’envie de lui parler… » murmura-t-elle.

Elle planta ses prunelles dans les siennes. Il paraissait perdu ne sachant pas exactement comment réagir. Cathlyn patienta. Ellyza lui avait parlé souvent de son frère. Elle ne supportait pas de voir souffrir son amie sans rien faire et était résignée à l’aider.

Levé tôt, comme d’habitude. Même quand il était en congé, Killian était incapable de somnoler dans son lit. Rester là à ne rien faire le rendrait même presque nerveux. Pourquoi ? La perspective de se dire qu’il était en train de perdre du temps dans une journée parfaite, alors qu’il était en train de voir le monde à travers une croisière, le rendait simplement complètement dingue.
Alors, s’extirpant de son lit de toutes ses forces, il fila à la salle-de-bain et passa par la douche, une douche fraîche, exactement comme il les aimait. Ça n’était pas très agréable de prime abord mais au moins, il se sentait pleinement réveillé.
Après avoir prit une douche et enfilé des vêtements, il se dirigea vers le restaurant. Il ne travaillait pas mais il voulait tout de même aller voir comment tournait sa cuisine quand il n’était pas là et surtout, il voulait manger quelque chose. Dans cet endroit, il était sûr qu’il ne croiserait pas sa jeune sœur, Ellyza.
Oui, je ne vous ai pas dit : Ellyza, la sœur de Killian, était à bord du Royal Majestic depuis quelques jours, bien décidée à parler à son frère, à l’inviter au mariage et a essayer de faire la paix avec lui, bien qu’il n’y avait jamais eu guerre au fond. Mais Killian s’était enfui de chez lui très tôt, pas longtemps après la mort de leur mère. Jamais ils n’avaient parlés ensemble depuis cette fuite et ils se contentaient d’un jeu ridicule de textos qui n’en finissait plus. Mais il semblait que la jeune femme n’en pouvait plus de leur jeu de cache-cache. Il semblait également qu’elle allait se marier, et qu’elle souhaiterait que son cher et tendre frère soit présent à la noce. Triste illusion que celle-là, car si l’envie de revoir sa sœur était au fond présente, celle de revoir les autres membres de sa famille ne l’était pas.

Heureux de pouvoir échapper ne serait-ce que pour une heure à la présence étouffante de cette sœur qui ne savait rien de lui, il s’installa à une table et commanda un repas digne d’un chef (normal, c’était sa carte !). Killian se sentait épuisé, pas parce qu’il avait mal dormi ou parce qu’il était tracassé, mais parce qu’échapper à Ellyza devenait difficile. Il était vrai que même si le Royal Majestic était long, grand et plein d’activités et de lieux insolites, au bout de quelques jours, il devenait difficile d’éviter la jeune femme.
Il prit donc son courage à deux mains et partit vers la salle de danse, où il savait qu’Ellyza s’entraînait avec Cathlyn. Il n’avait pas vraiment l’intention de parler à sa sœur mais surtout de la regarder. Il ne l’avait plus vue depuis une éternité et depuis qu’elle était là, il l’ignorait tout bonnement.
Il ne savait pas pourquoi il agissait de la sorte, mais il le faisait, c’était certain. Killian avait pris l’habitude, depuis l’âge de seize ans de vivre seul, de se débrouiller par ses propres moyens et surtout, de faire comme si il n’avait pas de famille. Aujourd’hui, il ne pouvait plus se comporter de la sorte et il avait l’impression que les dernières années de sa vie ne rimaient à rien.
Arrivé devant la salle de danse, il resta à l’extérieur : il ne fallait pas que sa sœur s’imagine en plus qu’il s’intéressait un peu à elle. Il savait au fond de lui qu’il ne se fichait pas du tout d’elle mais ça serait de la faiblesse que de lui montrer. Planqué dans un coin, il observait la grâce de sa petite sœur qui se démenait sur la piste. Elle avait hérité de la grâce de leur mère. Killian lui dansait comme… Enfin, il était à peu près aussi gracieux qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Il se surprit même à sourire en observant les gestes parfaits d’Ellyza. Dignes de ceux de leur maman. Mais alors qu’il était concentré, il n’avait pas entendu Cathlyn arriver près de lui et l’interpeller. Il sursauta et la regarda d’un œil surpris et pas très agréable, comme d’habitude quoi !

Ça te prend souvent de faire peur aux gens ainsi ?

Cathlyn essayait de réunir le frère et la sœur depuis l’arrivée de celle-ci sur le bateau. Mais pour le moment, cela se révélait mission impossible : Killian n’était pas encore prêt à faire un effort pour aller dans cette direction.

Tu te trompes. Je n’en ai pas envie… Je dois le faire, c’est différent.

Pour le moment, Killian était dans une période de deuil : le deuil de la vie qu’il s’était construite au cours des… neuf dernières années. Il était dans le déni : il essayait de se convaincre qu’il n’avait pas la moindre envie de parler à Ellyza et de lui dire ce qu’il avait sur le cœur, toutes les épreuves par lesquelles il était passé.
Un dernier regard vers sa sœur le convint de finalement entrer dans la salle de danse. Mais il ne parlerait pas. De toute façon, il ne le faisait jamais…