Les paysages s’habillaient peu à peu de jolies couleurs sous les premiers rayons dorés. La mer dévoilait de beaux reflets flamboyants et le voile de la nuit disparaissait peu à peu. Olivia contemplait ce paysage agréable avec stupeur. Le temps semblait comme arrêté et rien ne pourrait venir troubler ce doux moment. Appuyée sur la palissade, sur le pont du Royal Majestic, elle patientait. La jeune femme tourna légèrement la tête et fixa l’horizon qui aux côtés du soleil levant se teintait d’une belle couleur ambrée. Elle ferma quelques instants ses yeux, humant l’air chaud de l’été. La température était déjà élevée malgré le fait que la journée soit à peine commencée. Les paupières encore closes, elle écoutait le murmure paisible des clapotis sur les quais du port. Olivia esquissa un joli sourire -chose qu’elle n’avait pas fait depuis bien longtemps- et dévoila de nouveau ses prunelles, couleur noisette. Elle se pencha légèrement en avant de manière à pouvoir contempler l’eau cristalline. Elle arrivait ainsi facilement à observer les profondeurs de la mer. Elle resta donc plusieurs minutes à se perdre dans ses pensées et dans la grandeur de l’océan. Elle aurait aimé se baigner ou même quitter quelques instants le bateau pour rejoindre les paysages magnifiques mais elle n’avait plus le temps. Elle devait rejoindre son frère, Alexander et donc quitter ses doux rêves. Il l’avait supplié de venir le voir. Olivia s’était sentit contrainte d’accepter devant son visage d’ange. Elle n’aimait pas lui faire de la peine. Elle se dirigea tout d’abord au starbuck coffee afin d’acheter un thé. Elle délecta la boisson sucrée tout en avançant en direction de la suite de son frère. Elle y arriva rapidement devant et se pressa de frapper à la porte. Elle avait hâte de le voir et de savoir ce qu’il voulait tant lui dire ou montrer. Elle n’avait jamais vraiment aimé les surprises. Jusqu’à maintenant elles avaient toujours été synonyme de tristesse et de malheur. Elle but les dernières gorgées de sa boisson avant de voir la porte s’ouvrir.


Son frère vint lui ouvrir, un large sourire affiché sur le visage. Elle était prête à l’enlacer tendrement quand soudain elle remarqua la présence d’Anathéa à ses côtés. Olivia fit un mouvement de recul. Elle se figea, stupéfaite de sa présence. Elle ne s’y attendait pas, ne se doutait pas qu’elle pourrait se trouvé là. D’ailleurs que faisait-elle ici ? Comment osait-elle ne serait-ce qu’une seule seconde se trouver dans la suite de son frère ?! Et pourquoi la regardait-elle avec ce sourire qui lui semblait plus que faux ? De toute manière Olivia n’en avait rien à faire de ses raisons, elle allait vite la faire dégager, c’était le principal. Elle sentit ses joues brûlées. Anathéa lui déclara quelque chose qu’elle ne chercha même pas comprendre, elle s’en fichait royalement de ce qu’elle pouvait lui dire. Après tout, elle ne lui avait pas fait de cadeau quelques mois auparavant, elle ne voyait donc pas l’intérêt d’en faire à présent. Soudain Anathéa s’approcha d’elle, elle allait lui donner un claque quand la brunette la prit dans ses bras. Elle ne comprit la situation que lorsqu’elle sentit l’étreinte de la jeune femme, la cingler. Elle la serrait le plus fortement qu’elle le pouvait pourtant sans rien montrer à Alexander. Olivia toujours figée ne fit rien, elle croisa seulement le regard de son frère qui semblait si heureux mais qui était si naîf. Anathéa la lâcha enfin puis se tourna vers le jeune homme. Elle s’approcha de lui et l’embrassa avec fougue. Olivia n’eut tout d’abord aucune réaction jusqu’à comprendre que la scène qu’elle vivait existait réellement. Puis profondément blessée, elle détourna le regard. Son coeur se déchira et une marque d’incompréhension s’installa sur son visage qui se tordit sous l’effet de la colère. Elle était furieuse d’assister à ça, mais surtout de ressentir une grande souffrance. Elle savait parfaitement bien qu’Anathéa se vengeait. Qu’elle voulait qu’elle éprouve les même choses qu’elle. Qu’elle en ressente toute la douleur. Olivia avait l’impression qu’on l’avait jetée dans une mer sans fond où elle n’avait plus aucune prise. Elle n’avait donc plus qu’une seule solution; se laisser aller dans les ténèbres. Elle avait d’abord perdu sa mère, son père, son second père et là elle voyait son frère s’éloigner d’elle, la laisser face à son destin cruel. La laisser seule face à la vie qui l’avait déjà fait énormément souffrir. La laisser se noyer dans cette mer de désespoir, sombre. La laisser seule et la laisser perdre pied. Son existence n’avait aucun intérêt si c’était en solitaire qu’elle devait la vivre, si elle devait laisser son destin l’anéantir comme il l’avait déjà fait tant de fois. Sa famille avait laissé un énorme vide dans sa vie et elle en voyait le dernier membre partir peut-être pour toujours. . La vie ne l’avait-elle pas déjà fait assez souffrir ? Elle lui avait enlevé déjà tous ceux qu’elle aimait, elle lui avait fait vivre un véritable enfer. Elle était accablée par la souffrance de la solitude et de la tristesse dès sa naissance comme pour lui montrer que la vie ne sourit pas à tout le monde. Le destin s’était acharner sur elle et il n’avait pas l’air d’en avoir terminer.


« Oh, je... excuse-moi. Tu... veux rentrer ? »


Elle avait entendu les paroles d’Anathéa mais pourtant n’en avait pas compris le sens. Elle ne cherchait pas à en saisir les mots. C’est totalement désespérée par la scène qu’elle venait de vivre qu’elle laissa tomber son gobelet encore remplit du liquide dorée. Il lui sembla qu’une éternité s’écoula avant qu’il atteigne le sol et répande la boisson. Elle sentait qu’on l’étouffait, ses larmes montaient, son coeur était en miette, ses nerfs lâchaient, son sourire avait disparu. Les yeux sombres, ses larmes allaient commencer à s’échapper. À l'intérieur d’elle-même elle était toute recroquevillée, la tête dans les mains, avec un sentiment mêlant sanglot et fureur. Sa colère lui compressait les côtes si fortement qu’elle avait l’impression qu’à tout moment elle pouvaient se briser. Elle croisa le regard de son frère, synonyme d’incompréhension puis celui d’Anathéa. Elle portait un sourire sur ses lèvres. Elle était heureuse qu’Olivia se trouvait dans cet état. Elle venait de lui planter comme un couteaudans le ventre, l’empêchant de respirer. La souffrance était énorme, indéfinissable. Elle serrait ses dents pour essayer de l’oublier, de la sentir le moins possible, de la cacher mais cela lui était dur, même impossible. Mais le plus éprouvant était de voir encore le visage d’Anathéa. Elle la haïssait, elle la haïssait plus que tout. Elle rêvait de tordre son cou entre ses mains. Elle aurait aimé l’humiliée une seconde fois. Elle aurait été prête à tout pour la briser. Elle aurait été prête à faire tout ça mais il y a plus d’un mois. Elle ne l’aimait pas, elle la détestait mais elle n’était pas folle au point de détruire sa vie. Il y a bien des moments où elle en aurait eu très envie, mais personne n’avait le droit de vivre ce qu’elle vivait. Sa vie était une ruine, elle avait tout perdue et elle garderait jusqu’à jamais cette souffrance. Elle n’oublierait pas les images du passé, ces images qui la hantent encore au lieu qu’elle a tant grandit. Elle ne pouvaient que les cacher et quand ils sortaient ils faisaient encore plus mal qu’avant. Pourtant elle espérait qu’ils pourraient disparaître un jour. Elle était naïve de penser qu’ils finiraient gentiment par s'effacer de sa mémoire comme s’ils n’avait jamais existés. Elle avait l’impression que quelqu’un lui lançait toutes ces attaques pour voir comment elle réagissait. Que quelqu’un la détruisait pour son plaisir personnel. Mais comment pouvait-on réellement prendre plaisir du malheur des autres ? Personne ne pouvait rester sans aucune émotion face à la tristesse, la colère ou même la solitude.Alors qui lui faisait tant de mal ? Qui s’acharnait sur elle jour et nuit ? Personne ne pouvait avoir une vie pire que la sienne, c’était tout bonnement impossible ou du moins inimaginable. Et puis, pouvait-elle être pire ? Oui, elle pouvait avoir unproblème de santé qui lui promettrait la mort plus rapidement que d’ordinaire. Mais ne serait-ce pas en fin de compte, une libération ? Elle n’aurait plus à supporter toutes ces choses affreuses, à se noyer un peu plus dans cette mer sombre.


Depuis tout à l’heure, Olivia regardait le sol. Elle leva enfin son visage qui était tout humide. Les larmes avaient coulées depuis tout à l’heure sur ses joues. Son visage semblait meurtrie. Elle fixa Anathéa et sa haine repartie. Pourquoi lui faisait-elle subir ça ? Et puis, pourquoi mêlait-elle à leur rivalité son frère ? À cause d’elle, Alexander allait souffrir de cet amour qui en réalité n’existait pas. Elle savait parfaitement bien qu’Anathéa faisait seulement ça pour faire souffrir Olivia mais elle oubliait qu’en faisant ça elle allait faire du mal à son frère. La blondinette devait se venger pour elle mais surtout pour Alexender. Il ne méritait pas tout ça. Elle l’aimait plus que tout et elle ne supportait pas le fait qu’il puisse endurer tout ça. Il n’avait rien à faire avec cette histoire. Elle regarda son frère et lui souffla un: « je suis désolé... Je voulais pas te faire du mal. J’espère que tu me pardonneras !». Olivia était maintenant prête à faire payer à Anathéa ce qu’elle venait de lui faire. Elle la regarda froidement, espérant la glacer sur place. Elle brûlait sous l’effet de la haine, ne supportait plus de la voir. Comment osait-elle ? Elle saccageait sa vie et en plus celle de son frère. Elle n’avait pas le droit de le toucher, de jouer avec ses sentiments. Elle commençait à sentir le goût cuivré et amère de la vengeance. Unsentiment de haine lui pris la gorge. Elle se sentait trahi par son frère même s’il n’était au courant de rien mais il n’allait pas tarder à l’être. D’un coup elle réagit. Elle poussa Anathéa le plus fortement possible. Celle-ci tomba et elle espéra qu’elle se casserait quelque chose.


« Qu’est-ce que tu fous là, Anathéa ? Fait pas comme si tu ne me connaissais pas, espèce de pétasse. T’es la tarée qui m’as foutu des bleus. Hein, Alexander ? Comment tu oses l’inviter après qu’elle m’ait fait tant souffrir. J’avais le visage ensanglanté et après tu oses encore la laisser entrer ICI? Nan, mais t’as oublié ce que t’avais dit à papa juste avant qu’il parte ? Tu lui avais promis que tu me protègerais, que tu t’occuperais toujours de moi et que tu prendrais soin de moi. Et là c’est pas du tout ce que tu fais. »


Olivia regarda droit dans les yeux son frère, tandis que les larmes coulaient toujours sur son visage. Sa réaction, du cinéma ? Un petit peu plus que la réalité, certes, mais tout sauf un scénario préparé. Elle voulait convaincre Alexander de faire sortir Anathéa d’ici et de sa vie. Il ne devait pas la laisser le dévaster. Olivia devait faire quelque chose pour qu’elle le quitte à jamais. Elle enlaça son frère dans ses bras et lui chuchota discrètement: « Alexander, je t’en supplie ne reste pas avec elle. Je te jure qu’elle joue avec tes sentiments et ce n’est pas du tout une question de jalousie. Je veux te protéger. Elle sort seulement avec toi pour me fairedu mal, elle me l’a déjà fait comprendre plusieurs fois et je veux pas que tu sois triste. Encore si elle t’aimait vraiment je te laisserais avec elle, mais là... ce n’est pas le cas. Je sais que tu l’aimes mais... tu devrais pas rester avec elle. Je t’aime énormément frérot ! ». Elle avait dit ses mots le plus bas possible, imperceptibles aux oreilles d’Anathéa, et les avait dit avec le plus de conviction possible. Elle voulait faire comprendre à son frère qu’elle voulait avant tout son bien, qu’elle n’était pas là pour le juger. Elle voulait le protéger comme il l’avait fait tant de fois avec elle. Comment pouvait-il oublier toutes ces fois où il venait la sauver de tel ou tel problème. C’était un peu comme son super-héros sauf que lui elle pouvait être sûr qu’il existait réellement. Son étreinte était rassurant et agréable. Sa présence apaisante. Pourtant, elle le lâcha et le regarda une dernière fois dans les yeux. Elle voulait qu’il comprenne. Il n’avait plus le droit de la décevoir. Il ne devait pas. Elle l’aimait plus que tout et elle ne voulait pas le voir disparaître de sa vie à cause de cette brunette qui n’avait aucun coeur. Personne ne pouvait se dire humain, s’il ne ressentait rien en faisant tout ce mal. Pourtant elle avait l’impression de voir ça chez sa pire ennemie. Elle ne se faisait peut-être que des illusions mais elle ne voyait pas mais alors pas du tout, Anathéa touchée par cette scène. Elle devait au contraire, afficher un sourire sadique sur le visage et se félicitant sans cesse de son plan ingénieux. Comment voir des personnes en pleurs pourrait la rendre heureuse ? Elle n’en savait rien comme quoi des personnes sans coeur existait de partout dans le monde et même ici sur le RM. Son regard regarda de nouveau le sol où la flaque de thé avait pratiquement disparue. Seule une tâche sombre était restée sur le parterre.

Elle se leva puis se pressa de se rhabiller lorsqu’il lui annonça qu’une autre personne allait se joindre à eux. Il la regarda sans perdre une miette, comme elle pouvait être sexy ainsi ! A peine avait-elle terminé de se préparer qu’on frappa à la porte. Olivia ! Elle était enfin là. Il se pressa vers la porte, le sourire aux lèvres, content de revoir sa sœur tandis que Théa lui jetait un regard noir. Il trémoussait simplement à la réaction qu’allaient avoir les deux jeunes femmes en se rencontrant. Il espérait bien que tout se passerait pour le mieux, il en serait plus qu’heureux. Dieu savait que cette rencontre comptait pour lui ! Il l’accueillit dans la bonne humeur, s’apprêtant à l’étreindre comme à son habitude. Il fut cependant pris de court par Théa qui prit sa sœur dans ses bras, l’air visiblement contente de la voir. Cela le laissa un instant sceptique, il se reprit cependant rapidement, ravi qu’Anathéa soit aussi enchantée. Il avait de la chance de la connaître, encore plus de l’avoir comme petite amie. Son sourire s’élargit, satisfait que tout cela se passe mieux que ce qu’il espérait. Personne ne pu l’apercevoir cependant, Anathéa s’en était déjà emparé pour lui donner un langoureux baiser. Surpris par son geste, il ne releva néanmoins pas, toutes ses craintes sur cette rencontre s’étaient évanouies, Olivia et Théa allaient visiblement bien s’entendre, Il se passa néanmoins de tout commentaire, il restait la réaction d’Olivia. Il la connaissait bien et s’en doutait que cette petite accolade n’était pas du tout de son goût, mais elle n’allait sûrement pas s’en plaindre, ce n’était pas grand-chose !
P,uis tout ce passa très vite. Théa lui proposa d’entrer, mais elle ne bougea pas. Immobile, elle resta plantée là à les regarder l’air perdu. Le verre qu’elle tenait à la main s’était écrasé contre le sol mais il ne regarda pas sa chute, ses yeux étaient rivés sur sa sœur. De chaude larme perlaient sur son visage, tourné vers le sol. Il ne put esquisser aucun geste, trop ahuri par ce qu’il voyait. L’incompréhension totale baignait dans son esprit qui se transforma vite en surprise lorsqu’elle releva la tête. Ce n’était ni des larmes de joie, ni des larmes de tristesse. C’était bien plus que ça ecore, bien plus que de la tristesse. Les traits de son visage étaient empreints d’une expression indescriptible, une sorte de mélange entre la douleur, la colère, la peine. Qu’est-ce qu’il pouvait bien arriver à sa sœur ? Pourquoi avait-elle l’air de tant souffrir ?
Le cœur serré, l’esprit vide, aucun son ne sortait de sa bouche, aucun mot pour lui demander ce qu’elle avait. Ahuri et déconcerté devant l’image que renvoyait sa demi-sœur, il la regardait attendant douloureusement qu’elle lui donne une explication.

« Je suis désolé... Je voulais pas te faire du mal. J’espère que tu me pardonneras ! »

De quoi est-ce qu’elle parlait ? Que voulait-elle dire par là ? Alexender était plus perdu que jamais, le visage baigné de larmes de sa sœur lui arrachant le coeur. Il avait juré de faire tout son possible pour la rendre heureuse, de supprimer ce regard qu’il connaissait si bien et qu’il avait déjà trop vu du visage de sa sœur, de la protéger… Pourquoi, qu’est-ce que cette putain de chose qui la mettait dans cet état ?
Perdu dans ses pensées et dans son esprit trouble, il avait complètement oublié la présence d’Anathéa, la raison de cette rencontre surprise, tout, jusqu’à ce qu’Olivia esquissa enfin un geste qui le surpis au plus haut point. Elle se dirigea vers Théa et fonça, la poussant avec force. Il n’eut pas le temps de la retenir, ses mouvements ralentis par une seconde vague d’incompréhension, Anathéa se trouvait déjà au sol.

« Olivia !! Que…quoi… »

De simples balbutiements s’échappaient d’entre ses lèvres, littéralement choqué. Il avait l’impression qu’il s’était endormi durant plusieurs heures et qu’il avait raté tout ce qui s’était passé. Les pensées dans sa tête étaient morcelées, de simples petits bouts de phrases s’entrechoquaient à l’intérieur.

« Théa, ça va ?? Olivia qu'est-ce qui a bien pu te prendre bon sang ? »

Il décida enfin à bouger, retrouvant difficilement peu à peu l’usage de son corps. Il n’eut cependant pas le temps d’aller secourir la jeune femme, la voix de sa sœur parvenait à ses oreilles, une voix qui reflétait tout ce que son visage laissait paraître. Ses paroles le blessa, ce ne fut cependant pas ce qu’il retenu. Il l’écouta sans bouger ayant du mal à s’imaginer ce qu’elle lui disait, comment ça, qu’est-ce qu’elle lui racontait !? Il se souvenait très bien du jour où elle revint le visage couvert de coups et ensanglanté, cela l’avait beaucoup révolté. Certes, il avait promis de la protéger, de faire en sorte que plus jamais quelque chose de ce genre ne se produirait mais merde, il était où le rapport ?! Elle lui avait bien sûr parlé de cette garce qui lui avait fait ça, mais elle ne lui avait pas dit son nom. Mais c’était impossible, tout bonnement impossible ! Théa, sa Théa !? Non, impossible ! Elle s’était toujours comportée comme un ange avec lui bien qu'ils se chamaillaient de temps en temps mais elle n'aurait jamais rien fait de tel ! Jamais elle n’aurait pu faire ça, ce n’était pas son genre…

« Olivia, qu’est-ce que tu racontes, tu es sûre d’aller bien ?! Tu entends ce que tu me racontes, c'est Théa enfin… ! »

Il se tourna vers la jeune femme en question, toujours au sol. Il l’aida à se relever, l’esprit occupé par des pensées contradictoires. Anathéa, non, elle n’avait pas pu faire ça ! L’espace d’un instant, l’idée que sa sœur délirait et qu’elle était bourré, seule explication à cela lui vint à l’esprit, mais il la connaissait très bien, pour elle aussi, ce n’était pas son genre aussi matinalement de se saouler. Mais tout cela n’avait aucun sens il voulait croire le plus fort possible à ce qu’elle lui disait, mais tout ça ne tenait pas la route. Il voulait y croire, il le voulait vraiment.

« Théa, dis quelque chose ! C’est quoi cette histoire !? T’as rien fait pas vrai ? »

Il se tut ne savant pas s’il voulait vraiment entendre la répondre. Il était scindé en deux, une partie voulait croire aveuglement en chaque mot de sa sœur, après tout, il avait plus confiance en elle que quiconque. Mais une autre part de lui ne pouvait pas se convaincre que la femme qu’il aimait pouvait faire du mal à sa sœur. Il plongea son regard de celui d’Anathéa tentant de trouver une réponse à ce mal qui commençait à l’envahir. Il n’y trouva cependant rien, il lui était tout simplement impossible de réfléchir correctement. Il se tourna alors vers sa sœur, l’implorant du regard pour qu’elle lui explique tout. Il y avait une explication, c’était clair pour lui.
Il sentit alors les bras de sa sœur se refermer lentement sur lui. Elle lui chuchota des mots qui le laissèrent sans voix. Il ne voulait pas y croire, pas croire qu’Anathéa se jouait de lui depuis le début. Pas croire que ce qu’il y avait entre eux n’était que néant, il ne voulait tout simplement pas accepter ce qu’elle lui disait, si jamais tout cela était vrai… Non, cela ne pouvait pas être réel. Anathéa… elle compte énormément pour lui, peut-être pas de la même façon qu’Olivia, mais il l’aimait quand même. Elle était douce, adorable, gentille, pleine de vie, ce ne pouvait pas être cette fille méprisable qui gâchait la vie d’Olivia.

« Tu entends ce que tu me racontes ? Comment… comment tu veux me faire croire ça ? Purée c’est quoi ce bordel ? Les filles, c’est pas drôle… »

Il savait qu’il était vain de se rattacher au pauvre espoir que cela n’était qu’un coup monté, mais ce n’était pas le cas, il le savait bien. Il prit son visage dans ses mains, décomposé par le déchirement qui se produisait à l’inférieur de lui. Comment cela était-il possible ? Comment en étaient-ils arrivés là ? Le magnifique sourire de sa sœur lui manquait à cet instant, il lui manquait terriblement.

« Anathéa, dis-moi, toi, tout cela est vrai hein ? »

Olivia était toujours debout, immobile dans la pénombre. Elle fixait encore la tâche sur le sol qui lui rappelait un fait passé, une chose ancienne ou une sensation sur lequel elle n’arrivait pas à mettre un mot. Mais elle avait beau chercher, cela restait insaisissable comme s’il ne s’agissait que d’une simple invention de sa part. Elle ferma les yeux quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle n'écoutait pas réellement l'échange qui se faisait entre Anathéa et Alexander, encore trop blessée par ce qui venait de se passer. Elle savait parfaitement bien que la jeune femme s’adressait aussi à elle, mais elle n’avait pas la force de se concentrer sur ce qu’elle disait. Pourtant une phrase de sa part l'interpella. Elle semblait lui parler, Olivia en était même persuadée: « ... Parce que, tu sais mieux que moi que j'ai pas été la seule à mal me comporter. » Alors c'était de sa faute s'ils en étaient arrivés là; que son frère avait ce visage si attristé, qu'Anathéa avait fait autant de mal, qu'elle était elle-même profondément blessée. Olivia se sentit responsable de toute cette histoire et le regard furtif qui croisa celui d'Alexander n'arrangea pas les choses. Elle ressentit sa souffrance, sa colère, sa désillusion comme si c'était la sienne. Elle s'en voulait de tout ce qui venait de se passer, elle avait honte de l'avoir rendu si triste. Elle aurait aimé retourner en arrière, effacer plusieurs moments de sa vie. Quoique si elle en avait l'occasion, elle effacerait certainement tout. Elle aurait fait en sorte que ses parents soient encore vivants. Sans elle, sa mère ne serait jamais morte, son père n'aurait jamais été aussi triste de sa disparition et ils seraient toujours aussi heureux. Elle n'avait pas eu sa place dans ce monde et tout lui faisait bien comprendre. Elle avait causé tant de tristesses et de malheurs qu'elle aurait aimer se faire oublier de tous. Elle avait été coupable de tant de choses affreuses, de trop de choses affreuses. C'était elle la seule responsable de tout ça, de tout ce malheur, comme c'était de sa faute si son père et sa mère ne faisaient plus partit de son monde. Elle avait gâché la vie de nombreuses personnes et elle s'en voulait réellement. Sa vie n'aurait pas du ressembler à celle-ci. Pourquoi n'est-elle pas née sans causer la mort ? Pourquoi n'avait-t-elle jamais ressembler aux autres jeunes femmes ? Pourquoi n'avait-elle pratiquement plus de famille ? Pourquoi tout ce qu'elle avait fait dans sa vie lui avait causé des problèmes ? Soudain, dans une brusque hallucination qui enfanta cette idée fixe; elle crut voir, vit comme elle l'avait tant vu autrefois, son père la regardant, le visage marqué par la tristesse. Elle recula épouvantée. La vision avait disparu, la laissant choquée. Une sensation amère lui prit la gorge et elle sentit son cœur battre follement. Son père - après sa naissance mais surtout - après la mort de sa mère devint un homme sans cesse affligé par ce grand malheur qui aura à jamais bouleversé sa vie. La fillette était totalement masquée par la tristesse qu'avait provoquée la disparition de le jeune femme. A chaque fois qu'il l'a regardait une profonde marque barrait son front. Il voyait en elle sa femme qui avait si vite disparu et qui laissait derrière elle un grand vide dans son cœur. Il avait peu à peu complètement oublié sa fille. Olivia demeura éperdue quelques minutes puis elle reprit lentement la possession d'elle-même. Pourtant la douleur, elle, ne s'en allait pas. Elle la cinglait un peu plus à chacune de ses respirations. Pourquoi voyait-elle son père ? Pourquoi était-il mort ? Elle alla d'une pièce à l'autre, affolée, les yeux ruisselants de larmes. Elle ne comprenait pas pourquoi on s'acharnait sur elle. Elle s'enferma dans la salle de bain et dans un élan de colère elle fit tomber tous les flacons qui étaient présentés sur une étagère. Elle fit couler de l'eau et mouilla son visage comme si cela allait la sortir d'un mauvais rêve. Confusion ! Haine ! Douleur ! Tristesse ! Regret ! Volonté ! Colère ! Étaient les émotions qu'elle ressentait. Son poing se serra. Elle frappa dans un meuble. La douleur lui prit rapidement le poignet. Elle oublia ainsi pendant quelques instants ce qui venait de se passer. Elle glissa le long d'un mur et se retrouva assise sur le sol. La folie qui la hantait était telle, qu'elle s'était peu à peu muée en une personne aimée, familière qui était à à l'image de son père et qui peuplait à présent son esprit malade mais juvénile. Alors qu'elle plongeait encore un peu dans la démence pour n'être plus que sa fille et nul autre personne, il advint que son esprit à lui seul ne fut bientôt plus capable de supporter une telle aliénation. Elle se sentait comme prisonnière de ses propre délires mais peu à peu elle sentait qu’ils étaient de moins en moins fréquents et elle espérait qu'un jour ils disparaitraient et la libèreraient de toutes ses souffrances. Elle vivait depuis un certain temps au milieu d'hallucinations qui avaient peu à peu faussées son sens des réalités. Mais elle savait qu'un jour il y aurait un terme à ce mal. Ses larmes avaient cessés de couler, son visage redevint peu à peu serein. Elle savait qu'à tout moment son frère ou Anathéa pouvait rentrer. La porte n'était pas fermé à clé. Elle espérait qu'on allait venir la secourir de la mer sans fond dans lequel elle se noyait. Malgré tout ça elle était rassurée. Rassurée qu'Anathéa lui pardonne ! Rassurée que ses hallucinations étaient de moins en moins présentes ! Rassurée qu'elle pouvait et pourrait toujours compter sur son frère ! Rassurée que demain sera un autre jour !
Et enfin, rassurée que la vie lui donnait une nouvelle chance !