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Sujet: o2 ; i'm in trouble deep, i need someone to save me Ven 19 Nov - 20:12
I'm in trouble deep, I need someone to save me feat. Valesca. I'm in trouble deep, I've been losing sleep..
Nirvana n'aimait pas la routine qui s'installait, et pourtant elle suivant celle-ci avec une facilite déconcertante. Elle s'y engageait presque avec plaisir, et se surprenait à l'envisager comme un quotidien. Veiller tard, se lever tôt, vendre des glaces et des sucreries avec Valesca toute la journée, veiller tard... Étant donné qu'elle passait la quasi-totalité de son temps avec Shoogz, cela ne la gênait pas plus que cela, bien que son amitié avec la belle brune l'étonna encore. Mais aujourd'hui, elle s'était réveillée avec des envies d'évasion et de liberté qui n'étaient pas apparues depuis quelques semaines. Le ciel bleu en était peut-être la cause, mais son vieux rêve d'Alaska la reprenait avec un entrain désarmant. Elle voulait être seule à nouveau, oublier ses rencontres dans la neige immaculée de la région. A la place, on lui imposait le Mexique et une station balnéaire. Elle en aurait sauté au plafond si seulement elle n'avait pas perdu son ironie. Désormais, ses rares moments de liberté, elle les passait prostrée, butée contre ses propres choix. Elle s'était rendue au Sugar Taste à contrecoeur pour la première fois, avec l'arrière-goût amer d'une énième nuit blanche sur la langue. Elle était fatiguée, et cela se voyait à son teint blafard et ses cernes violacées qu'elle ne tentait pas de cacher. Quel intérêt avait un peu de poudre et une peau parfaite ? Nirvana préférait rester naturelle, quitte à passer pour le premier mort-vivant venu. Et plus elle serait hideuse, plus elle s'imaginait qu'Il la laisserait tranquille. Elle n'avait rien compris... Elle avait peur qu'il vienne aujourd'hui, comme tout les jours, prendre une glace au Sugar Taste. Valesca était une amie efficace, certes, mais Nevy n'aimait pas abuser. Et elle ne supportait plus cette peur qui se glissait sournoisement entre chacun de ses membres pour venir la paralyser à la simple pensée de Buck. Elle devenait lâche, elle, la forte Nevy toujours si droite et fière.
La matinée fut des plus banales, en apparence. Valesca et elle durent préparer Halloween, le Sugar Taste prévoyait une hausse importante des chiffres d'affaire pour la fête. Mais Nirvana était torturée : son regard d'ordinaire rêveur était tantôt rageur tantôt brisé. Elle n'arrivait plus à se concentrer sur rien, si ce n'est sur son visage, qui l'obsédait. Elle détestait cela, sa dépendance, comme à une drogue. Elle ne parvenait plus à l'oublier, même si elle se martelait intérieurement qu'il ne valait rien, qu'il était en ce moment même avec une autre fille. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Mais même son cœur en ignorait les raisons. Elle avait l'impression de vivre enfin, puis de mourir tout à coup, de se faner sans avoir pu en profiter. La vie était injuste, et pourtant elle avait tout. Était-elle égoïste au final ? Ne pensait-elle qu'à elle, au lieu de s'intéresser aux lumières qui avaient traversé sa vie ? En réalité, tout allait trop vite, elle était passée de marginale solitaire à cette fille entourée d'amis, tous rivalisant de gentillesse et d'amour. Elle n'avait pas demandé cela, c'était beaucoup trop. Tout ce qu'elle voulait, c'était sa liberté, et ces gens l'entravaient. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à les quitter comme prévu, elle n'imaginait plus sa vie sans Valesca. Et son tourment recommençait ainsi, plus profond qu'avant, et la laissait pantoise, atone. Elle avait du mal à se dire que la Nirvana qu'elle était, cette fille rêveuse, sans intérêt pour rien si ce n'est son désir d'évasion, avait disparu. Elle était bien là, quelque part, au fond des abysses creusées par ces semaines de réflexion perturbées. Nirvana était devenue une toute autre personne, et cela lui déplaisait. Elle ne se reconnaissait plus en ses actes et ses paroles, et ce qu'elle s'apprêtait à faire pour soulager son cœur, largement éprouvé ces dernières semaines, la renforçait dans son idée ; elle avait perdu son identité.
Après quelques heures de travail, pour une fois silencieux, une pause bien méritée s'imposait. Certes, préparer glaces et friandises n'était pas éprouvant, mais la sensation de ne rien faire fatiguait beaucoup moins. Bien que Nirvana ait en général le coeur à l'ouvrage, et semblait inépuisable, il était évident qu'aujourd'hui, elle avait rapidement besoin de souffler. Ses réflexions internes avaient créé quelques plis sur son front autrefois lisse, et elle était pâle, trop pâle pour quelqu'un qui vivait au soleil. Ses lèvres tremblantes et son regard perdu - ce qui n'était pas coutumier chez elle - confirmaient son aspect maladif. D'un regard à Valesca, elle l'enjoignit de la suivre et s'installa sur une chaise, devant la rambarde qui les séparait de l'océan. Se rapprochant de son amie, la seule à qui elle devait confier ce qui lui arrivait et pourtant la seule à qui elle ne l'avait pas fait, elle avait pris une mine grave qui ne présageait rien de bon, ses yeux verts avaient perdus toute lueur rêveuse. Après un soupir, elle commença d'une voix rendue rauque par son mutisme, par la question fatidique ; « Valesca je.... J'ai.... Tu connais Buck ? ». Elle ne pouvait que connaitre ce fanfaron assez beau pour attirer son attention, qui ne le connaissait pas après tout ? A l'évocation de son nom, ses joues rosirent malgré elle, et elle plaqua ses mains sur son visage en se sentant chauffer, cachant ses yeux et sa bouche de ses mains, comme si elle allait pleurer, et elle serait restée ainsi indéfiniment, jusqu'à sa délivrance, si la main de Valesca ne l'avait pas, comme toujours, arrêtée à temps. Elle leva les yeux vers elle, toujours aussi rouge, et lui dit d'une voix qui avait perdu toute sa belle assurance : « Promet-moi d'être honnête, de me juger même si je risque d'en souffrir. Tous sont des hypocrites, je veux savoir d'au moins une bouche, la tienne, la vérité, aussi blessante soit-elle. Je... Ma réaction peut paraitre embrouillée, exagérée mais je... C'est comme ça que je suis, là, je n'en peux plus. Tu me le jure ? »
o2 ; i'm in trouble deep, i need someone to save me
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