La journée avait bien commencé. Le soleil était de sorti aujourd'hui, et n'ayant pas cours, j'avais décidé de profiter pleinement de mon après-midi. Je ne savais pas dire où nous nous trouvions actuellement, si c'était plus vers l'Amérique ou plus vers l'Europe, mais en tout cas, il faisait beau et chaud. J'avais donc décidé de passer ma journée à la piscine extérieure. Je voulais me changer les idées, m'aérer l'esprit et trouver une réponse à cette étrange addiction que j'avais pour cette Nirvana.
Prenant ma serviette (j'avais déjà mon maillot de bain sur moi), je partis, les lunettes de soleil sur les yeux. Un cadeau que j'avais eu d'une de mes anciennes conquêtes. Seul je n'aurais jamais été capable de me payer des lunettes à ce prix. C'était l'avantage de sortir avec des filles de riches : elles étaient souvent bien bêtes et naïves.

Tout en marchant sur le pont du bateau, je repensais à Nirvana. Pourtant, tout était allé normalement. Je l'avais rencontré un jour alors que j'étais allé mangé une glace : elle travaillait là-bas. Nous avions sympathisé, je l'avais séduite, et finalement, nous avions passé la nuit ensemble. Au petit matin j'étais parti de sa cabine avant qu'elle se réveille et depuis nous ne nous étions plus revus, ou plutôt nous ne nous étions plus adressés la parole. Cependant, j'avais développé une dépendance à son encontre. Je ne savais pas comment qualifier ça autrement. Ca ressemblait énormément à ce que je ressentais pour la drogue : il fallait que je la vois, et j'avais besoin d'être avec elle. C'était vraiment étrange. Mais après ce que j'avais fais, il était hors de question que j'aille lui reparler. De plus, je n'étais pas ce genre de mec, celui avec qui on devient ami après avoir eu une relation amoureuse, enfin si on peut appeler ça comme ça. Je n'étais pas quelqu'un de stable et la plus longue de mes relations avait dû durer environ deux mois. En général, ça avoisinait plus les trois-quatre jours. Mais là, c'était différent. Elle me hantait, je pensais à elle tout le temps, et elle m'intriguait aussi beaucoup. Elle était différente de toute les filles appartenant à la jeunesse dorée, elle n'avait pas leur addiction pour la mode et leurs attitudes de pimbêches. Elle était complètement autre, elle semblait se ficher de tout, du monde et du regard des autres. Elle se faisait sa propre personnalité, et son propre look, ne prenant pas comme modèle les héritières qui, pour seul moyen d'attirer l'attention, ont trouvé les photos trash et les sorties de boite de nuit en tenant à peine debout. C'était ce genre de femme qu'adulait les filles de riches. Les stéréotypes quoi. Mais là, Nirvana était totalement différente. Elle était même devenue une de mes sources d'inspiration : secrètement je la prenais en photo, essayant tant bien que mal d'avoir des clichés réussis tout en restant à bonne distance.
Tout cela m'énervait vraiment, et j'essayais de passer par dessus cet étrange sentiment en continuant à agir comme un séducteur. J'étais sorti avec plusieurs jeunes femmes depuis Nirvana, mais aucune n'avait réussi à me la faire oublier.

Une fois arrivé à la piscine, je mis ma serviette sur une chaise longue et m'installait dessus. Je voulais attendre un peu pour aller me baigner. J'observais les jeunes femmes qui se trouvaient au bord de l'eau ou carrément dans l'eau. Je connaissais déjà certaine, et j'ignorais leurs regards noirs.
Soudain, je repéra quelqu'un que je connaissais, mais pas de cette façon. Elle était sur un transat en face du mien, de l'autre côté de la piscine. Elle lisait un magazine mais cela ne m'empêcha pas de la reconnaitre.
* Tiens tiens... Liberty vient prendre un bain de soleil. *
Qu'est-ce que j'aimais martyriser cette pauvre fille. Si elle avait été du groupe des Gold j'aurais certainement essayé de la séduire car c'était une jeune femme très joli. Mais elle était du même groupe que moi, et contrairement à moi, elle bataillait pour se faire une place dans le haut groupe mais elle n'y arrivait pas.[/i]

- Hei Liberty ! Comment ça va ?

Je m'étais assis sur la chaise longue à côté de la sienne. J'enlevais mes lunettes. J'avais parlé ironiquement, je me fichais complètement de savoir comment elle allait. Sa tristesse ne me peinait pas, elle me rendait joyeux plutôt. Elle était tellement pitoyable avec son petit numéro pour gagner l'estime des gens riches...

J'observais Liberty. Elle me jeta un regard noir derrière ses lunettes de soleil, avant de replonger dans la lecture de son magazine. Je devais certainement l'exaspérer et elle devait me trouver aussi pitoyable que je la trouvais, mais bon. Son avis m'importait peu, elle était jalouse. Certes, j'essayais tant bien que mal de me faire une place dans ce monde où tout tourne autour des biens matériaux. J'y arrivais, et je préférais largement le monde des enfants gâtés à celui de la pauvreté. Je n'aimais pas ma classe et je faisais tout pour m'en sortir malgré le faite que je n'ai pas d'argent. Je savais que Liberty me trouvait pitoyable à cause de ça, car je ''n'assumais'' pas ma classe. Nous nous étions dis les choses clairement il y a quelques jours, je lui avais dis qu'elle me faisait pitié et elle avait fait de même.
Mais qui aurait aimé rester dans ce monde triste, sombre, et dangereux, alors qu'on a un moyen de s'en sortir ? Après tout, si dame nature nous a doté d'un physique avantageux, autant s'en servir pour arriver à ses fins et rendre sa vie meilleure. C'est ce que je pensais, et je savais très bien que beaucoup de personnes n'étaient pas de mon avis.

Mais cette fille, elle était bizarre. Liberty... Elle était différente des autres Silver. Dans chaque groupe, les membres sont souvent un peu pareil. Gold, les enfants gâtés, qui aiment faire la fête, qui sont naïfs et qui se laissent facilement manipuler. Silver, les adolescents envieux, renfermés et travailleurs. Là, Liberty n'était ni l'un ni l'autre, elle était renfermée, certes, mais elle n'enviait pas, ou plutôt plus, les autres, enfin c'est ce qu'elle disait.. Moi je n'y croyais pas vraiment. Comment ne pas envier ce milieu luxueux où presque tout est possible ?

Je souris, un sourire ravageur dont je me servais pour séduire les jeunes femmes.

- C'est malpoli de ne pas répondre à quelqu'un qui te pose une question Liberty.

J'aimais beaucoup embêter cette fille. Mon ennemie, oui, on peut le dire. Enfin, je ne la détestait pas, non. Elle était plutôt ma source d'amusement quotidienne. Mais elle me détestait. Ca c'était certains, il n'y avait pas de doute possible là-dessus. C'était difficile d'expliquer une relation aussi tordue que la notre, en tout cas ça n'était rien de positif.

J'observais une femme me lancer des regards depuis la piscine. Je ne la connaissais pas. Elle devait avoir trente ans, et j'étais certains qu'elle appartenait aux Diamonds. Rien qu'à en juger par les lunettes de soleil Dior dont elle se servait comme un serre-tête. J'observais la chaise longue sur laquelle j'étais assis et je vis qu'il y avait une serviette dessus. J'en déduisis que j'étais assis sur la chaise de cette femme. Ba, tant pis ! Si elle voulait récupérer son transat elle n'avait qu'un sortir de l'eau, je me ferais une joie de le lui laisser. En attendant, je m'installais un peu plus confortablement sur la chaise longue, et j'ignorais les regards noirs de la femme.

J'attendais toujours la réponse de Liberty. Je savais qu'elle n'était pas très forte concernant la patience. Moi non plus d'ailleurs, mais là, je savais qu'elle allait craqué avant moi car ma présence la répugnait vraiment. C'était drôle, enfin pour moi.

- Je pourrais savoir ce que tu me veux encore, ou c'est trop demandé pour un mec de la "classe supérieure" ?

Je ris.
La capacité que Liberty avait à me détester m'amusais. De mon côté je ne la détestais pas vraiment, non, elle était plutôt un passe-temps attractif, un moyen d'égayer ma journée. Lui faire du mal ne me dérangeais pas, au contraire j'aimais ça. Je la persécutais, et en échange elle me détestait. D'un côté je lui rendais service, elle pouvait se défouler sur moi, passer sa colère sur celui qui lui faisait du mal, et sortir de sa carapace de pierre.
Mais il y avait un problème.
Une nuit, une soirée, où j'avais bien bu, je l'avais vu. Nous étions tous les deux saoul... Non non, ce n'est pas ce que vous pensez. Nous avons commencer à nous engueuler, et crier, pour finalement nous confier l'un à l'autre. Enfin, chacun a donné la raison à l'autre de son horrible caractère. Ca n'était pas voulu, c'est sur, mais pourtant... Je regrettais encore d'avoir fait ça, car je dépendais désormais d'elle, elle avait un morceau de mon passé que je ne voulais pas qu'elle dévoile, et j'avais une partie de son histoire qui devait restée inconnue. J'aurais pu, j'aurais pu être encore plus méchant, dire à tout le monde ce qu'elle avait vécu, mais je n'en avais pas envie. D'une façon, je la plaignais, je la comprenais. Cette perspective m'horrifiais, mais tout de même, je ne pouvais pas rester de marbre devant ça, je n'étais pas sans coeur. C'est donc d'un accord commun que nous avions décidé de ne rien révéler à personne, de garder ce que nous avions appris au court de cette soirée pour nous.
Mais je ne lui faisais pas vraiment confiance,
Et elle non plus j'imagine.

- Ce que je veux ? Et bien... Juste t'embêter. Je m'ennuie un peu aujourd'hui.

Un grand sourire s'afficha sur mon visage, quant à Liberty, je suis certains qu'elle voulait me mettre une claque, mais qu'elle se retenait.
A ce moment, une dame, celle qui me jetait des coups d'oeil noirs depuis la piscine arriva vers moi, et pointa du doigt le siège sur lequel j'étais assis et la serviette qui se trouvait dessus.

- Excusez-moi jeune homme mais vous êtes sur mon siège.

Je me levais, ignorant les regards insistants de la femme, fit quelques pas avant de me retourner et de dire à Liberty en souriant :

- Tu viens Liberty ? Continuons notre discussion dans la piscine.

Elle me jeta un regard noir, mais je savais qu'elle allait me suivre. La femme nous regardait à travers ses lunettes noires. Elle attendait que nous partions, nous pauvre Silver, mais elle était aussi curieuse de savoir ce qui allait se passer. Elle pensait certainement que Liberty était... ma... petite amie. Le mot eut du mal à sortir, même dans ma tête tellement cette idée était inconcevable.
J'attendais sagement la réponse de Liberty, près à faire un scandale si jamais elle refusais. Ca ne me faisait pas peur, loin de là.

J'avais beau avoir posé une question à Liberty, elle ne me répondit pas. Elle me regardait, durement et froidement, puis elle replongea dans sa lecture. Certes elle ne m'appréciait pas, ça je le savais, et d'ailleurs moi non plus, même si je prenais un grand plaisir à l'embêter, mais pourquoi ne me balançait-elle pas une de ses réponses qui aurait eu le don de me faire sourire ? Elle me faisait vraiment pitié, cette pauvre folle. Même pas capable de répondre à une question aussi simple... Je me rappelais alors de la raison en voyant le paréo avec lequel se protégeait Liberty, non pas du soleil, mais du regard des autres. Ses marques... Même si je ne l'appréciais pas, je ne pouvais pas rester insensible devant ça. Le soir où nous avions discuté, complètement soûles, elle m'avait dit que son père la battait, avant, suite à la mort de sa mère, et qu'aujourd'hui elle avait des marques de toute ces années de souffrance. Sur le coup je ne m'étais pas rappelé de ce petit mais encombrant détail. Se moquer des autres à cause de leur passé douloureux n'était pas une chose que je faisais. Je savais très bien à quel point cela pouvait faire mal, à quel point la mort d'un membre de sa famille peut détruire.

- Mais quel con ! Quel con ! Désolé Liberty.

Elle leva les yeux de sa lecture et me toisa. Je savais qu'elle se demandait pourquoi je m'excusais si soudainement, et surtout pourquoi je m'excusais, à elle en plus. M'excuser n'était pas une chose que je faisais souvent, loin de là. Voyant son air interrogatif, et en sachant qu'elle allait essayer de profiter de la situation, je la coupais :

- J'espère que t'en as bien profité car ça n'arrivera qu'une seule fois !

Quelqu'un toussa derrière moi, ce qui m'empêcha de voir la réaction de Liberty. Je me retournais et vis la même femme qu'avant, me toisant de haut en bas.

- S'il vous plait jeunes gens, allez poursuivre votre discussion plus loin, j 'aimerais beaucoup me reposer et vos bavardages incessants m'en empêche. Il y a des gens qui travaillent dur et que aimeraient profiter de leur après-midi...

Elle nous regarda, moi et Liberty, d'un regard remplit de sous-entendus. Cette pauvre femme ne savait pas ce qu'elle disait ! Comme si elle travaillait, elle. Je me retenais difficilement de ne pas lui répondre, ce genre de personnes me dégoutait.

- De plus, je ne sais pas vraiment si vous avez votre place ici tout les deux...

S'en fut trop. Je lui jetais un regard noir avant de lui répondre.

- Quand vous dites travailler, vous voulez dire que vous êtes occupée à tromper votre mari avec des puceaux pendant que lui travaille jusqu'à pas d'heure pour que madame puisse s'offrir des vêtements de luxe et venir rabaisser les petites gens comme nous avec ses lunettes Dior ? Excusez-moi, mais travailler, ça n'est pas ça. Et puis, aussi, si je veux rester là et parler avec mon amie, si j'ai envie de chanter ou même d'hurler, je ne vais pas vous demander votre avis. Contentez-vous de bronzer, je pense que c'est la seule chose que vous savez faire.

Elle me regarda, la bouche ouverte. Je savais qu'elle n'allait pas tarder à appeler la sécurité si je ne partais pas rapidement. Je jetais un coup d'oeil à Liberty, ignorant complètement les regards noirs que me lançait l'autre femme et lui demanda, ma soudaine gentillesse déjà passée :

- Tu bouges ? Nous pourrions continuer notre passionnante discussion près de la piscine, moi dans l'eau et toi à côté. De toute façon, tremper tes pattes dans l'eau ça ne te fera pas de mal. Et pas d'excuses, ton vernis est déjà moche et écaillé, le chlore le rendra pas plus laid.

Elle n'avait certainement pas envie de me suivre, et ça je le savais. Mais je comptais bien me faire entendre. Je regardais une femme et un homme, assis de l'autre côté de la chaise de Liberty, et qui nous écoutaient.

- Oui, elle est indisposée, elle ne peut pas aller se baigner.

Le femme pouffa de rire et l'homme jeta un regard interloqué à Liberty.
Je me retournais vers elle et lui sourit. Si je la poussais trop loin je risquais d'avoir le droit à une claque, mais ça en valait la chandelle.