☞ drunkards seems to all agree

Une goutte d'alcool, et pas plus. C'était ce que je m'étais dis en entrant dans ce bistro qui m'était bien plus que familier désormais. C'était toujours ainsi, mes promesses avaient des failles. On ne change pas un homme du jour au lendemain, et encore moins un homme qui n'en avait rien à chier du changement. Mes lacunes en améliorations n'avaient jamais été constantes, et pour sûr, je n'en voyais aucunement l'intérêt.L'evie's était devenu pour moi ce que mes pubs préférés de Galway étaient autrefois. Le lieu où tous mes tourments se volatilisaient au rythme effréné d'un rock singulier, l'alcool descendant doucement dans ma gorge, laissant alors une sensation de chaleur pas tout à fait unique, mais délicieusement mémorable. Vous l'avez compris, je suis alcoolique. Adorant être ivre mort. Ivre de ce whisky irlandais, de ces effets sur mon corps déjà terrassé par les vestiges d'un passé pas tout à fait lointain. Ce bistro était devenu mon lieu de travail, mais aussi ma seconde demeure. C'était mon jour de repos aujourd'hui. Et plutôt que d'aller sur le pont du merveilleux paquebot dans lequel je me trouvais, je décidai de me rendre ici. Un verre à la main, je souriais bêtement à mes pensées, qui sans doute auraient été bien marrantes en d'autres circonstances mais qui ne l'étaient pas du tout en ce jour fatidique. Je souriais parce que la vie n'avait fait que m'achever à chaque secondes, chaque minutes.. Et cette date, bien gravée dans ma cervelle, n'était là qu'un illustre exemple de ce que je racontais. Qu'est-ce que l'on fêtait aujourd'hui? La mort inoubliable de Barbara, plutôt joyeux non?Pas tout à fait, son prénom hante chacune de mes pensées depuis sept ans maintenant. Il n'y a pas un jour où je ne souhaite pas désespérément de la rejoindre là-haut. Après tout, que me restait-il ici ? Cette bouteille d'alcool? Ce bistro réputé? Ce paquebot ensorcelé? Il ne me restait rien, rien qui vaille le coup de rester. Mais allez savoir pourquoi, quand Jazz' est apparue tel un mirage dans ma vie, ça a sonné le glas. Comme quoi les femmes ne sont pas toujours nuisances.Ce qui m'embêtait surtout, c'est que tous mes soupirs lui rendaient hommage. La dernière fois où j'étais dans un pareil état remontait à l'époque où je " courtisais " Barbara. Pouah!

Hop, une autre gorgée. Que je recrachai tout aussitôt à la vue d'une vieille connaissance, laissant une immense mare de whisky sur mon t-shirt préféré.Mais ça, c'était le cadet de mes soucis. Je l'aurais reconnu parmi tant d'autres. Son corps tout frêle, son visage imprégné d'une si parfaite innocence... Elle avait cet " aura " symbolique, qui faisait en sorte que tout brillait quand elle était dans les parages. Je me levai aussitôt de ma chaise et dirigeai mes pas vers elle, dans un geste automate dont je ne pouvais contrôler. Althéa...Mais qu'est-ce qu'elle foutait ici? Elle était encore une môme, enfin pas à mes yeux, mais aux yeux des autorités.. Mes prunelles se figeant sur son visage angélique, j'eus un mal fou à cacher ma surprise de cette soudaine apparition. Révélant mes dents blanches parfaitement alignées, à ce qui devait être un sourire, je m'approchai un peu plus et lui fit l'accolade, je l'enlaçai si fortement qu'elle dut sans aucun doute perdre un peu de son souffle. Des retrouvailles symboliques, sous les yeux des témoins à demi engourdis par l'alcool qu'on leur servait depuis des heures... « Pu... » je me ravisai, jugeant qu'elle était beaucoup trop jeune pour entendre mes jurons de vieux grincheux. « Althéa? » Ce n'était pas une question, enfin pas formellement. C'était plutôt pour m'assurer qu'elle ne s'était pas fait cloné. Vous savez, la technologie de nos jours...