J'avais passé ma matinée à ne rien faire après avoir accompagné Rose à son cours, elle voulait toujours que je l'accompagne alors qu'il n'y avait aucun danger sur le bateau. D'un côté je la comprenais à sa place aussi j'aurais aimé passé un peu plus de temps avec ma maman avant d'aller à l'école. On profitait un maximum du temps qui nous était accordé de passer ensemble et j'étais bien la mieux placée pour comprendre cela vu que j'avais perdu mes parents biologique. Bien sur j'adorais mes parents adoptifs mais mes vrais parents me manquaient encore beaucoup, après tout c'était normal non c'était eux qui m'avaient donné la vie et ils ont perdu la leur par la suite.

J'avais traîné sur le quai et fait un peu les magasins. Je n'avais plus de dissolvant en stock et j'avais un besoin urgent d'enlever le vernis qui s'en allait peu à peu sur mes ongles. Après avoir acheté ce dont j'avais besoin j'allais à notre suite pour y déposer mes affaires puis je me retrouvais aussitôt à l'extérieur pour aller au restaurant du paquebot. Alanah allait bientôt avoir sa pause de midi. Le temps était passé plus vite que je ne me l'imaginais. Une fois ma fille près de moi on commanda notre repas, enfin elle se commanda quelque chose car moi je n'avais pas vraiment faim. Je me contentais juste d'un sorbet à la fraise. Ma petite princesse me raconta sa journée puis une fois son repas finit elle retourna jouer avec ses amies me laissant là seule dans le restaurant. Je me commandais un café que je sirotais petit à petit lorsqu'une de mes amies vint s'installer à ma table. Au moins je ne serais plus seule. On sirota ensemble un café puis elle m'attira avec elle vers la piscine. Étant maître-nageur elle ne pouvait pas rester trop longtemps loin de la piscine donc elle me força presque à venir avec elle contre mon grès.

Je passais une bonne partie de l'après-midi avec puis prétexta que je devais allez chercher ma fille à sa sortie de classe. Ce qui n'était pas totalement vrai car je savais qu'Alanah irait sûrement à la salle de jeu avec ses amis une fois qu'elle aurait finit les cours. Enfin c'était quand même une bonne excuse pour m'éclipser de la piscine où tous les mecs célibataires me reluquaient et qui osaient tenter de venir me parler. Je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait dans leur tête car à plusieurs reprise je les avais jeté gentiment mais ils reviennent toujours à la charge. Comme si ils aimaient se faire jeter comme de vieille chaussette. Non pas que moi j'aimais larguer les autres non plus mais mon coeur n'était plus à prendre depuis longtemps. Après presque 7 ans je n'arrivais toujours pas à oublié Tyler, mon premier amour.

J'avais besoin de m'évader, d'échapper à la foule pendant un moment. C'est pourquoi en me dirigeant vers l'arrière du paquebot je mis mon téléphone en hors-ligne pour que personne ne puissent me contacter. J'avais découvert un petit endroit tranquille derrière les jardins d'hiver. A chaque fois que je m'y rendais c'était désert mais il y avait là quand même un petit banc et des bacs de fleurs, des roses rouges, mes fleurs favorites. C'était comme si cet endroit avait été fait spécialement pour moi. J'avais une belle vue sur l'océan et le ciel.

Une fois arrivée à mon petit paradis secret je m'asseyais sur le banc en allumant le lecteur mp3 sur mon blackberry. Mes écouteurs mis dans mes oreilles je pu m'allonger sur le banc avec mes lunettes de soleil sur le nez pour me cacher les yeux du soleil tout en regardant les nuages.

La chanson qui passait était l'une de mes préférées. Somewhere only we know de Keane. Je murmurais les paroles que je connaissais. Si j'avais eu un partenaire là maintenant je serais certainement entrain de danser un slow avec lui tellement cette chanson me donnait envie d'être dans les bras d'un homme, ma tête posée sur son torse. Lui les bras autour de moi, me murmurant doucement qu'il voudrait m'emmener dans un endroit où nous serions seul lui et moi.

Me laissant bercer par la mélodie je me retrouvais vite dans un léger sommeil. En me réveillant la première chose que j'entendis était "You" de Switchfoot.

J'avais passé la journée à appréhender cette rencontre. A l'attendre désespérément aussi. Après tout, j'étais sur ce bateau pour une unique raison à la base : les revoir. Enfin, la revoir. Et faire la connaissance d'Alana. Ma fille. Je savais pertinemment que les choses ne seraient pas aussi simples. Que je ne reviendrai pas dans leur vie comme un miraculé. En partant, j'avais fait beaucoup plus de mal que de bien, et j'en étais conscient. Même si l'on s'était séparé en "bons termes". Mais n'empêche que mes mains en étaient moites à présent, à l'idée de la revoir. Et de regagner son coeur. Parce que les quitter avait été ma plus grande erreur. Mais ça, on ne le réalise qu'une fois le mal fait.

J'avais passé donc la journée en cuisine, à préparer des plats plus extravagants les uns que les autres, tout en m'amusant. Et tout en imaginant quand, comment je finirai par les affronter. Je n'avais pas préparé de plan à cet effet-là. Tout ce que j'avais fait depuis plusieurs mois, c'était de tenter de les retrouver, de savoir où elles étaient, les ayant perdu de vue. Il m'était arrivé plusieurs fois depuis ces 6 dernières années de les observer. Je ne voulais pas être indiscret, mais il fallait que je connaisse ma fille. Même si j'avais eu peur à l'époque, il fallait que je la connaisse. Et le seul moyen que j'avais trouvé alors, c'était de l'observer de loin. La voir grandir de loin. Pourquoi ? Sûrement parce que j'étais lâche. J'en étais pas fier. Mais je ne vois pas ce que je pourrais dire d'autre, à part que j'avais une trouille bleue d'être père.

"Ty', va donc profiter de ta pause, vieux, ça doit bien faire 9 h que tu es derrière ces fourneaux. Même pour toi, c'est pas bon," rigola mon boss. C'était plutôt cool d'être "pote" avec son boss, un mec simple mais qui savait manier son équipe à la perfection. Deux jours que j'étais là et j'avais déjà gagné sa confiance et son respect. Lui rendant son sourire, j'enlevai mon tablier et sortais prendre l'air. Enfin. Peut-être que ça me ferait réfléchir sous un autre angle. A force d'appréhender et de ne pas savoir comment les choses se dérouleraient, je commencer à perdre courage de me lancer réellement.

Il faisait un temps magnifique. Je me doutais qu'Alana serait en classe. Même ici, le système scolaire comptait, ce n'était pas des "vacances". Mais je me demandai où serait Léandra en attendant. Et à peine je m'étais posé la question que je l'aperçus au loin, sur un banc. Je l'aurais reconnu entre mille. Parce que je la connaissais par cœur, même après tout ce temps séparé l'un de l'autre. Elle semblait apaisée, endormie. Belle comme au premier jour, pensais-je en secouant la tête pour me secouer à mon tour. L'idée de la réveillée, brusquement puisque me revoir ne serait pas quelque chose de merveilleux, me fit hésiter. Mais il fallait bien que je me lance. Surtout que pour le moment, elle était seule et que notre fille n'aurait pas à subir ma présence si Léandra ne le souhaitait pas.

J'avançai donc lentement. Le coeur battant et me sentant idiot de ma réaction. Quel homme aime se sentir démuni et honteux ? Aucun, croyez-moi. Encore plus difficile de l'admettre d'ailleurs. Elle avait ses écouteurs et j'entendais la mélodie. Souriant, je reconnaissais ses goûts musicaux. Je commençais à me dire que ce n'était peut-être pas le bon moment pour la déranger quand elle ouvrit les yeux. Pour la première fois depuis que je la connaissais, je ne réussis pas à lire en elle au premier coup d'oeil. Et la première chose que je fis fut de lui sourire.

"Salut, Léa'" dis-je tout naturellement. Je n'avais pas pensé que je me sentirais comme un con, sans savoir quoi dire face à elle. Habituellement, je savais toujours quoi dire. Surtout à Léandra. Elle avait été la seule personne à qui j'avais pu tout raconter de ma vie. Et là, j'attendais de voir sa réaction pour voir jusqu'où je pourrais me confier ...

J'étais perdue dans mes pensées pendant si longtemps. Bercée par la musique je m'endormis légèrement à peine le temps d'un rêve, tellement beau que je n'avais pas envie de me réveiller mais la chanson qui passait changea et me réveilla. J'ouvris lentement les yeux et je croyais être encore dans un rêve. Après tout c'était normal, j'avais Tyler en face de moi. Tyler qui me disait « Salut » comme si de rien n'était. C'était impossible je devais vraiment être entrain de rêver, Tyler avait disparu depuis presque sept ans maintenant. Non il n'avait pas disparu, je l'avais laissé partir pour notre bien à tous les deux. Pour le bien de notre enfant, pour ne pas qu'elle ait à vivre les disputes de deux parents qui se déchirent mutuellement parce qu'ils ont du tout arrêter pour s'occuper d'un bébé qui n'était pas prévu. Je ne voulais pas le forcer à rester tout comme je ne voulais pas le laisser partir mais j'avais un choix à faire et le meilleur choix était de le laisser aller pour éviter de souffrir. Cependant j'avais souffert, chaque soir je m'endormais en larmes en pensant à lui et à personne d'autre. J'avais tellement envie de partager ma vie avec lui et Alanah. J'aurais aimé qu'il connaisse Alanah et qu'il soit là pour son premier mot, ses premiers pas, son premier jour d'école mais je l'ai laissé partir et voilà qu'il était là maintenant devant moi. J'étais vraiment entrain de rêver et il fallait que je me réveille. Les larmes coulaient automatiquement sur mon visage sans que je puisse les arrêter. Bon sang que je déteste quand ça m'arrive, j'avais l'air toujours si fragile et impuissante quand j'étais comme ça. Je me levais et m'approchais de lui. Je m'arrêtais à quelques centimètres de lui et enlevait mes écouteurs.

« Dis moi que c'est un rêve. Pinces moi. » Mon coeur battait la chamade et bien que je lui demandais de me dire que ce n'était qu'un rêve au fond de moi j'avais tellement envie que ça soit réel et qu'il me prenne dans ses bras. Je voulais me serrer contre lui mais je n'osais pas le faire de peur qu'il disparaisse, qu'il s'évapore. C'était con mais je continuais de pleurer sans m'en rendre compte. Pourquoi maintenant ? Comment il pouvait être là ? Qu'est ce qu'il faisait là ? Etait il vrai ? Pourquoi je n'osais rien lui demander ? Pourquoi je n'osais rien lui dire ? Pourquoi je n'osais pas le toucher ? Toutes ses questions qui me traversaient l'esprit en un instant. J'en avais mal à la tête. J'avais mal au coeur. La douleur ne pouvait signifier qu'une chose tout cela était bien réel et j'étais là comme une gosse entrain de pleurer. Il était toujours aussi beau, encore plus beau cependant il y avait quelque chose en lui que je ne pouvais pas déceler. Il avait changé. C'est toujours l'impression qu'on a quand on revoit quelqu'un après si longtemps peut-être qu'il n'avait pas changé mais je savais qu'il avait quand même changé c'était tellement confus. Il n'était plus un adolescent voilà ce que c'était il était devenu un homme et moi une femme. On n'était plus des gamins. Mais en le regardant de plus en plus la seule question qui me trottait encore dans l'esprit était « est-ce qu'il m'aime encore ou est il passé à autre chose? » Moi je n'étais pas passé à autre chose, je n'y arrivais pas, je ne le voulais pas surtout. C'était tellement douloureux de le revoir après si longtemps que j'avais presque envie de m’effondrer à terre.